BROSSARD – P.K. Subban n’aurait probablement pas détesté obtenir la faveur de ses coéquipiers et recevoir l’honneur de devenir le 29^e capitaine du Canadien.

Mais s’il était contrarié que Max Pacioretty hérite de cette place dans l’Histoire, le flamboyant défenseur le dissimulait plutôt bien vendredi. Quelques heures après que l’organisation ait mis fin à plus d’une année de suspense en dévoilant les résultats d’un vote mené auprès de tous les joueurs ayant terminé la saison dernière à Montréal, le numéro 76 estimait que ses pairs avaient fait « le bon choix ».

« Pourquoi je serais déçu? », a rétorqué Subban à ceux qui étaient venus le questionner sur ses états d’âme au terme de la première séance d’entraînement officielle du calendrier préparatoire.

« On savait qu’un capitaine serait nommé. Je crois qu’on avait tous l’impression que l’annonce serait faite après le camp d’entraînement, mais finalement c’est arrivé ce matin. Personnellement, je suis simplement heureux de faire partie de cette équipe. Que vous portiez une lettre ou non, c’est un privilège en soi de pouvoir enfiler ce chandail », a diplomatiquement ajouté celui qui demeurera l’un des quatre assistants de l’équipe.

Subban s’est dit conscient que son nom circulait comme l’un des candidats probables à la succession de Brian Gionta, qui n’avait pas été remplacé depuis son départ à l’été 2014, mais aussi qu’il était perceptible que Pacioretty faire figure de favori à l’intérieur du vestiaire. 

« Mon but dans la vie n’a jamais été de devenir le capitaine d’une équipe, quelle qu’elle soit. Ça aurait été bien d’être sélectionné, mais mon rêve a toujours été et demeure de gagner la coupe Stanley. Pour le reste, tant et aussi longtemps que mes coéquipiers me considèrent comme un gars qui répond présent et fait son travail sur la patinoire, je serai satisfait. »

« Je suis juste content de savoir qu’on a un leader maintenant, s’est permis d’ajouter Subban avec un sourire un peu forcé. Ça en prenait un. Je n’aurais pas voulu passer deux ans à répondre aux mêmes questions! »

Sur la place publique, la candidature de Subban avait pris du coffre au cours des derniers jours. Le plus haut salarié de l’équipe avait rallié bien des gens à sa cause en annonçant mercredi son engagement à verser la somme de 10 M$ à la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Plusieurs observateurs en ont aussitôt fait leur choix sentimental. Les plus cyniques, eux, ont laissé sous-entendre qu’un don aussi généreux don ne pouvait être qu’une stratégie pour influencer la décision des patrons.

Le principal intéressé a voulu mettre un frein à toute association inappropriée entre les deux dossiers.

« On parle ici de deux mondes complètement différents. Ce que j’ai fait va affecter positivement la vie de centaines, peut-être même de milliers de gens alors que le fait que je sois capitaine ou non ne changera rien pour personne. Je ne ferais pas de lien entre les deux. »

« On regarde tous Max »

Pacioretty et Subban ont grandi main dans la main dans la famille du Canadien. Les deux ont été repêchés en 2007. Pacioretty, un choix de première ronde, a fait son entrée chez les professionnels alors que Subban disputait une dernière saison dans les rangs juniors. Les deux se sont retrouvés simultanément dans la Ligue américaine l’année suivante et brillent à temps plein dans la Ligue nationale depuis quatre ans.

« Max est un excellent joueur pour nous depuis qu’il est dans la Ligue et il est apprécié de tout le monde au sein de l’équipe. Je sais que la direction l’a toujours supporté dans ce rôle et je suis heureux pour lui », assure Subban.

Tout en insistant sur le fait qu’il ne laisserait pas son nouveau rôle affecter sa personnalité, Pacioretty a lui-même concédé qu’il serait probablement forcé de changer son approche dans certaines situations qui nécessiteront désormais une intervention plus directe de sa part.

Subban abonde dans le même sens. Tout en insistant sur l’importance, pour chacun, de rester fidèle à son identité, il croit que des attentes supplémentaires accompagneront à l’avenir le travail de son coéquipier promu.

« Je crois qu’un capitaine est un gars qui doit savoir prendre le contrôle. Dans ma carrière au hockey mineur, j’avais passé une année dans le rôle dans capitaine et je me souviens que j’appréciais particulièrement chaque occasion de devenir celui vers qui l’attention des autres était tournée. Maintenant, on regarde tous en direction de Max pour qu’il nous montre le chemin. »

« Quand vous regardez les autres capitaines à travers la Ligue, les Crosby et les Toews… quand ça compte vraiment, leurs coéquipiers s’attendent à ce qu’ils élèvent le niveau de leur jeu et fassent la différence. Max est maintenant dans une position pour être ce genre de joueur et je crois qu’il en est capable. »