Impossible de corriger le passé
Repêchage 2013 dimanche, 30 juin 2013. 23:01 dimanche, 15 déc. 2024. 12:16NEWARK, N.J - Dimanche, le Canadien a jeté son dévolu sur huit espoirs sous les recommandations de Trevor Timmins et ses choix seront reconnus comme des réussites ou des échecs dans quelques années. Comme la majorité des êtres humains, le directeur du recrutement amateur aimerait parfois revenir dans le passé si c’était possible.
Depuis son arrivée en 2003, Timmins a vu ses devoirs être récompensés plusieurs fois, mais il souhaiterait tout de même recommencer quelques sélections à la lumière du développement des joueurs.
« Le plus important, c’est d’apprendre de nos erreurs pour nous améliorer. La plus grande chose que j’ai apprise, c’est de se fier à son instinct dans un moment de doute. Les gens feraient tous des choses différentes si on pouvait revenir dans le temps, peu importe que ce soit au travail ou dans la vie personnelle », a avoué Timmins, qui œuvre dans un domaine où la perfection n’existe point.
À sa première tentative comme chef d’orchestre du repêchage, Timmins a osé un choix un peu trop audacieux en Andrei Kostitsyn (10e rang) au lieu de Jeff Carter, Zach Parise, Ryan Getzlaf ou Corey Perry, qui ont fait le bonheur de rivaux en première ronde.
« Si les amateurs pouvaient voir notre liste de l’époque, on avait identifié plusieurs joueurs qui ont été choisis près de lui. Aujourd’hui, c’est facile de revenir sur ce choix, mais à l’époque on recherchait le joueur le plus talentueux et il l’était à l’époque », a raconté Timmins en admettant que Kostitsyn aurait pu être meilleur en raison de plusieurs facteurs.
Parmi les autres erreurs de parcours inévitables, celle de David Fischer refait souvent surface. Le premier choix du Canadien en 2006 (20e au total) n’a jamais foulé une patinoire de la LNH alors que Claude Giroux a été sélectionné deux petits rangs plus tard.
« Des facteurs externes ont ralenti son développement, qui n’a jamais atteint ce que nous avions projeté », a commenté Timmins avec un regret perceptible dans sa voix pour le défenseur américain.
Même s’il refuse d’aborder ce sujet en détail, Timmins convient qu’il aurait opté pour d’autres joueurs à certaines occasions si les équipes précédentes ne lui avaient pas raflé le choix qu’il s’apprêtait à sélectionner.
« C’est arrivé quelques fois qu’on se fasse ravir un joueur juste avant notre tour. Je me souviens notamment d’une équipe qui avait procédé à une autre transaction pour mettre la main sur le joueur que nous avions déjà inscrit dans l’ordinateur de la LNH pour confirmer notre sélection... », s’est rappelé le recruteur.
« Sans cette transaction, nous aurions eu ce joueur. C’est frustrant, mais on est en compétition avec 29 équipes. »
Un rôle plus important pour Timmins?
En 10 repêchages, Timmins a permis à 74 joueurs de joindre l’organisation du Canadien. À travers tous ces moments, le fin détecteur de talent n’hésite pas longtemps quand on lui demande un souvenir mémorable.
« Le repêchage au Centre Bell a sans doute été le plus particulier. C’était très spécial de repêcher dans notre ville devant nos partisans qui réclamaient Louis Leblanc », a exprimé Timmins avec un sourire dans la voix.
Ceci dit, la courbe de progression de Leblanc a considérablement ralenti depuis un an. Malgré cet obstacle, Timmins garde confiance en sa sélection québécoise de première ronde (18eau total).
« Nous étions contents de le prendre et nous croyons encore en lui, il a une grande passion sur la glace », a argué Timmins, qui prétend ne pas avoir été influencé par les cris nourris de la foule.
Au lendemain de son 11e repêchage avec le Canadien, Timmins n’a aucune difficulté à admettre que la pression montréalaise ne se compare point à celle de plusieurs villes de la LNH.
Visage reconnu des amateurs du Tricolore, Timmins passerait complètement inaperçu dans la majorité des autres organisations en tant que directeur du recrutement où il pourrait sans doute se la couler plus douce.
« À Montréal, il y a plus de pression sur nos entraîneurs et nos dépisteurs; c’est excitant d’appartenir au Canadien. J’ai quitté les Sénateurs pour venir avec le Canadien parce que je voulais gagner une coupe et Montréal était l’endroit où je pouvais le faire et où je voulais le faire. On s’approche de ce but », a-t-il insisté.
Afin de faciliter son boulot exigeant, le directeur général Marc Bergevin s’est assuré d’améliorer la structure de l’organisation depuis son entrée en poste. Timmins ne se plaint pas de cette intervention.
« J’ai plus d’aide autour de moi. C’est aussi rafraîchissant parce que Marc a insisté dès le départ qu’on doit vraiment bâtir notre équipe grâce au repêchage. Il a ajouté des dépisteurs pour y arriver et c’était nécessaire. »
Reconnu par ses pairs, le diplômé en éducation physique et en administration des affaires et du sport pourrait à son tour être repêché par une organisation de la LNH.
Avec un bilan comme le sien, il risque un jour d’intéresser une équipe à la recherche d’un stratège capable d'occuper un poste de directeur général. Compétitif dans l’âme, Timmins ne nie pas ses ambitions, mais son attachement au Canadien demeure puissant.
« Tout le monde a des ambitions. Je veux être le meilleur dans mon travail et mon but demeure de gagner la coupe. Le Canadien est mon équipe depuis ma naissance, je veux ramener la coupe ici », a conclu Timmins avec doigté.
*** Avec la collaboration de Stéphane Leroux.