NEWARK, N.J - « C’était comme si le père Noël avait oublié un cadeau sous le sapin. » Trevor Timmins est celui qui a trouvé la métaphore appropriée pour décrire la disponibilité du gardien québécois Zachary Fucale au 36e rang.

« Je suis vraiment surpris et content », a-t-il ajouté à propos de cette sélection tôt en deuxième ronde.

À partir du moment où le Canadien avait confirmé son souhait de repêcher un gardien le 30 juin, les amateurs du Tricolore rêvaient que ce désir se concrétise en la sélection de Fucale.

Le hic demeurait que les 29 autres équipes pouvaient opter pour le gardien le mieux classé de cette cuvée. Par un heureux concours de circonstances, le joueur des Mooseheads de Halifax attendait toujours dans les gradins et l’occasion était trop alléchante pour l’organisation montréalaise.

« J’étais surpris qu’il soit encore disponible. Il était dans notre mire, mais on ne pensait pas qu’on pourrait le prendre avec ce choix et on a jugé que c’était le moment de sauter sur lui », a expliqué le directeur général Marc Bergevin.

Même si l’attente a été un peu plus longue qu’anticipée, l’athlète originaire de Rosemère débordait de joie (tout comme la cinquantaine de personnes venues l'accompagner).

« Je me considère très chanceux d’avoir été choisi par le Canadien. Mais peu importe l’équipe ou le rang, c’est juste incroyable de se faire repêcher.

« Je n’étais pas vraiment nerveux ou déçu en attendant parce que je suis arrivé en me disant que je serais content peu importe ce qui allait arriver. C’est juste une journée dans mon parcours et on va la célébrer. Je participerai au camp de développement dès la semaine prochaine », a dévoilé le gardien reconnu pour ses réflexes agiles et sa technique de haut niveau.

Le tourbillon d’émotions provoqué par le repêchage est déjà difficile à absorber pour un espoir, mais la puissance de celui-ci atteint un autre niveau puisque Fucale a aussi remporté le championnat de la LHJMQ et soulevé la coupe Memorial en moins de deux mois!

Repêché par son équipe d’enfance, le cerbère de 18 ans admet d’emblée qu’il aura besoin de temps pour réaliser le tout, mais il ne peut que se réjouir.

« Ça va tellement vite, même un peu trop vite pour tout assimiler. Lundi matin, je vais me réveiller et je pourrai réaliser tout ce qui se passe », a avoué le sympathique hockeyeur.  

Dès que son nom a été prononcé par Timmins, Fucale a partagé ce moment privilégié avec sa famille et sa copine (la comédienne Frédérique Dufort de l’émission Unité 9). Rencontré quelques minutes après sa sélection, son entourage essayait aussi de réaliser ce qui venait de se produire.  

« Pour être honnête, je ne m’attendais pas au Canadien », a raconté son père Jack. « C’est une surprise et nous sommes très contents. On a grandi avec le Canadien, comment on ne pourrait pas être heureux! »

Sa famille a commencé à songer à la possibilité du Canadien lorsque la deuxième ronde a pris son envol et que le CH disposait de deux sélections rapprochées (34e et 36e).  

« Oui, ça commençait à nous traverser l’esprit. Je me disais : " Est-ce que ça se peut ou c’est impossible? " On est dépassé par les événements », a-t-il confié avec un grand sourire.

À quelques mètres du clan intime de Fucale, quelques membres des Mooseheads, dont l’entraîneur-chef Dominique Ducharme et son adjoint Steve Hartley, savouraient aussi le moment.  

« Quand nos gars sont repêchés, on partage toujours leur joie. C’est une journée unique pour eux. On avait hâte que son nom soit prononcé, mais je n’étais pas inquiet, on savait que ça s’en venait », a témoigné Ducharme.

Avant de devenir l’élu du Canadien, Fucale avait entendu une panoplie de rumeurs sur sa future destination et Calgary revenait souvent dans les discussions, mais il savait que rien n’est prévisible dans la science inexacte qu’est le repêchage.

« Tous les joueurs aimeraient avoir une boule de cristal, mais  nous n’avons aucun contrôle là-dessus même si on peut s’inventer des scénarios dans notre tête », a-t-il confirmé.

La preuve, c’est qu’il appartient maintenant au Canadien, une équipe dont il n’avait décelé rien de particulier comme intérêt.

« C’est très spécial d’appartenir au Canadien, je suis allé les voir jouer plusieurs fois quand j’étais jeune et c’est maintenant la journée que j’enfile le chandail officiellement pour la première fois. »

Prêt pour la pression et une éventuelle compétition avec Price?

Dès le premier contact, Fucale laisse percevoir une « dureté du mental » pour voler l’expression popularisée le film Les Boys. Ce trait de caractère ne pourrait être plus utile qu’à Montréal où la pression est indéniable et elle n’effraie pas le principal intéressé.

« Tous les jeunes rêvent de vivre les grandes situations sportives comme le septième match de la Coupe Stanley. On veut vivre la pression et je crois qu’on n’en manquera pas à Montréal », a-t-il admis avec un sourire en coin.

« Zach a une bonne tête sur les épaules et il est assez mature pour son âge. Je crois qu’il va bien gérer cet aspect. Il démontre une grande confiance en lui avec son caractère calme et il ne se fait pas vraiment bousculer dans sa tête », a soutenu son paternel.

Mais la pression pourrait ne pas venir uniquement des partisans et des médias. Une compétition éventuelle avec Carey Price serait une source beaucoup plus puissante.   

« Je dois commencer par me concentrer sur le camp de développement qui approche. Quand le temps viendra, on aura suffisamment le temps d’en parler. Si quelqu’un m’avait proposé un tel scénario il y a quelques années, je n’aurais jamais cru à cela, mais nous ne sommes pas rendus à cette lutte encore », a répondu Fucale en calmant le sujet comme un vétéran.

« On l’a repêché parce que nous n’avons pas vraiment de profondeur à cette position. Je pourrais même repêcher un autre gardien dans deux ou trois ans. Je trouvais que le moment était justifié pour repêcher un gardien de qualité », a argué Bergevin qui n’entrevoit pas encore cette confrontation.

Le repêchage aurait pu procurer un autre moment imprévu pour le Canadien quand Bergevin a dû retraiter à la table de son équipe avec empressement quand il discutait avec les journalistes durant la cinquième ronde. Finalement, il s’agissait d’une autre tentative qui a avorté malgré les efforts des dirigeants.