BROSSARD – Le caractère extrêmement positif de Brendan Gallagher en a pris un coup depuis qu’il a subi cette terrible blessure, le 22 novembre, et le fougueux attaquant trépigne d’impatience de pouvoir retourner sur la patinoire.

Gallagher, une force de la nature qui n’avait pas raté un seul match depuis novembre 2013 (séquence de 166 parties), n’y pouvait rien lorsque le puissant lancer de Johnny Boychuk est venu démantibuler deux de ses doigts de la main gauche.

Deux semaines plus tard, le numéro 11 n’a pas encore obtenu l’autorisation de remettre ses patins et il doit se contenter de procéder aux exercices élaborés par l’équipe médicale du Canadien.

Durant l’opération qui s’est avérée nécessaire, Gallagher a vu sa main gauche être replacée dans sa forme normale à l’aide de quelques vis et plaques. Il a été contraint de porter un plâtre pendant une dizaine de jours, mais il a encore énormément de chemin à parcourir même si celui-ci a été retiré et remplacé par une orthèse.

Gallagher ne s’en cache pas, la partie la plus éprouvante à gérer de cette mésaventure demeure que personne ne peut prévoir avec précision la date de son retour à l’action. En effet, tout dépendra de la progression de l'état de ses deux doigts.

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« C’est frustrant de venir à l’aréna tous les jours, mais de se limiter à se coucher sur une table pour subir des traitements », a-t-il confié dans le vestiaire du CH.

« (L’estimation d’un minimum de six semaines) C’est seulement basé sur la réponse de mes doigts et je veux revenir le plus rapidement possible. Jusqu’à présent, ça va bien et je suis content de la progression. Par contre, je ne veux pas me fixer une date en tête pour ne pas être déçu », a ajouté l’auteur de 19 points en 22 rencontres.

Pour un athlète aussi résistant que lui, le diagnostic des médecins ne pouvait qu’être un choc.

« C’était décevant, je n’ai jamais rien vécu de tel. Pour être honnête, c’était aussi un peu épeurant parce que tu ne sais pas comment ton corps va réagir », a-t-il admis.  

Depuis son arrivée dans la LNH, tous les scénarios – ou presque – avaient été envisagés par les amateurs qui craignaient de le perdre en raison de sa manière périlleuse de jouer. Ça devenait donc ironique de le voir se blesser en bloquant un tir et non en encaissant un coup d’un opposant.

Selon les premières prévisions, la petite peste devrait se tenir loin des équipes adverses minimalement jusqu’au début janvier. Tout porte donc à croire qu’il ratera le rendez-vous de la Classique hivernale au domicile des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Conscient de la gravité de sa blessure, il a avalé de travers ce scénario. Mais, étant combatif de nature, Gallagher a refusé d’écarter la possibilité de devancer les estimations médicales pour participer à cette rencontre spéciale à ses yeux.

« Quand on se rendait à l’hôpital, c’est l’une des premières choses qui est passée par ma tête. J’ai dit à ma mère qu’elle devrait regarder pour annuler ses billets d’avion, mais je n’ai pas encore dit mon dernier mot. Il y a encore une mince chance que je puisse revenir à temps », a-t-il exposé.

« Je crois que je pourrai bientôt retourner en gymnase et sauter sur la patinoire pour faire quelques entraînements », a laissé savoir l’ailier.

Parlant de ses parents, Gallagher se retrouve en quelque sorte dans une situation  idéale pour réaliser sa mission. C’est le cas puisque sa mère œuvre comme physiothérapeute dans un hôpital de la région de Vancouver alors que son paternel est un entraîneur physique réputé. Ainsi, il peut profiter des conseils de ses parents en plus d’être suivi de près par les physiothérapeutes du Tricolore.  

À ce propos, sa mère est demeurée quelques jours à ses côtés pour lui faciliter la vie à la suite de l’opération méticuleuse.

Gallagher ne reculera devant aucun tir

Au final, Gallagher ne croit pas qu’il perdra de la force dans sa main gauche, mais il ignore si sa mobilité reviendra à sa situation optimale.

« La chose la plus importante à retrouver, c’est la mobilité. Ça va certainement prendre du temps et je devrai continuer de travailler là-dessus même après mon retour. Les doigts (l’auriculaire et l’annulaire) ne vont pas se replacer à 100 %, mais je vais m’y faire, c’est correct », a noté Gallagher.  

Ceci dit, vous pouvez vous fier sur ses paroles, il n’a aucunement l’intention de modifier son style aux inspirations « kamikaze » lorsqu’il reprendra le collier avec le CH.

« Je ne vais rien changer à mon retour. C’est un accident et c’est vraiment poche, mais je vais continuer de jouer de cette manière », a-t-il insisté.

Gallagher a bloqué tellement de tirs dans sa carrière de hockeyeur qu’il a eu besoin que Tomas Plekanec lui crie de retourner au banc avant de le faire.

« Normalement, c’est douloureux, sauf que ça finit par passer. Pas cette fois! Je savais que quelque chose clochait », a raconté Gallagher qui avait rapidement jeté son bâton sur la glace et enlevé son gant pour observer la « scène d’horreur ».

« C’était plutôt dégueulasse, mes doigts pointaient vers le haut en ma direction. J’ai compris que ce n’était pas normal », a-t-il décrit.

Depuis que ce lancer l’a poussé à l’écart du jeu, Gallagher vit une petite torture en regardant ses coéquipiers se démener pour ajouter des points au classement.

« Au moins, l’équipe continue de bien se débrouiller (fiche de 3-2-1). Aussi difficile que ça puisse être de se retrouver à l’écart et de regarder les matchs, ça permet de réaliser à quel point nous avons une bonne équipe », a relevé celui qui espère reprendre là où il a laissé dans quelques semaines.

Sa fougue se transporte sur Twitter 

La déception habite peut-être toutes les parties de son corps alors qu’il doit se contenter d’un rôle de spectateur, mais Gallagher a trouvé le moyen de lancer quelques blagues. De son propre aveu, il jouit de beaucoup trop de temps libres actuellement.

La bonne nouvelle dans cette histoire, c’est que son « pool Fantasy » de la NFL se porte mieux que jamais. Gallagher aurait adoré profiter des jeux vidéo pour se délier les doigts, mais il en est incapable pour l’instant.

Outre ce loisir, Gallagher a été impliqué dans une conversation musclée sur Twitter qui a retenu l’attention avec l’ancien joueur Jim Kyte. L’attaquant du Canadien n’a pas hésité à répliquer à Kyte qui a critiqué les joueurs de la trempe de Gallagher et Brad Marchand.

« Peut-être que je n’aurais pas dû répondre et lui donner cette visibilité. Mais j’étais assis à la maison, frustré d’être blessé et je l’ai vu questionner mon intégrité et ma durabilité. J’ai voulu faire valoir mon point et c’est tout », a expliqué Gallagher.

« Je peux être un peu plus intelligent pour déterminer quand je dois répondre ou non. Mais c’est une période frustrante et j’ai répondu », a-t-il enchaîné, admettant sa déception que ce commentaire provienne d’un ancien joueur.

Bizarrement, Gallagher s’est retrouvé en accord avec Brad Marchand pour la première fois – et probablement la dernière – de sa carrière.

Gallagher s’est donc un peu détaché des réseaux sociaux et le sympathique patineur de 23 ans trouve le temps un peu moins long étant donné que Carey Price traverse un processus similaire au sien.

Comme il le dit lui-même avec le sourire, le fait de partager cette période difficile à deux permet à chacun de demeurer plus « sain » mentalement.