« L'ultime honneur »
Canadiens samedi, 8 nov. 2014. 21:32 jeudi, 12 déc. 2024. 06:44MONTRÉAL - De là-haut, Guy Lapointe espère que son père Gérard a tout vu de la cérémonie immortalisant l'illustre carrière qu'il a connue chez le Canadien. C'est à lui surtout qu'il a pensé en éclatant en sanglots pendant qu'on hissait la bannière à son nom dans les hauteurs du Centre Bell, samedi.
« J'aurais voulu, à ce moment précis, avoir mes parents à mes côtés, a affirmé le désormais légendaire défenseur, encore émotif quand il a rencontré les journalistes avant le match Canadien-Wild. Mon père aurait été fier de voir ça. J'espère qu'il a pu voir d'où il est. Je l'imaginais avec son large sourire me dire : "Pour une fois que tu m'as écouté" », a-t-il ajouté, en riant.
Lapointe serait passé à côté d'une glorieuse carrière dans la LNH s'il n'avait pas suivi la recommandation de son père, qui l'a incité à tenter sa chance au camp d'entraînement du Canadien vers la fin des années 1960.
« Je n'aurais jamais su ce que j'aurais manqué », a-t-il souligné.
Lapointe a dit avoir aussi eu une pensée pour tous ses anciens coéquipiers ainsi que pour celui qu'il considère comme son mentor, Claude Ruel, pour lequel « j'ai une reconnaissance éternelle ».
Lapointe, âgé de 66 ans, a qualifié « d'ultime honneur » la cérémonie de retrait de son numéro cinq, plus grandiose encore que son intronisation au Temple de la renommée en 1993.
« Je comprends maintenant ce que les anciens qui ont vu leur numéro être retiré me disaient. Wow! C'est pire qu'un septième match en séries! »
Il a relevé, avec énormément de fierté, que sa progéniture pour les générations à venir, quand elle viendra au Centre Bell plus tard, pourra dire que la bannière au nom de Lapointe est celle de leur grand-père ou de leur arrière-grand-père.
« Big Three » réuni
Il s'agit également d'un honneur qui réunit à jamais le légendaire « Big Three », ce célèbre trio de défenseurs du Canadien qui a fait la pluie et le beau temps dans les années 1970. La bannière de Lapointe s'est élevée entre celles de Serge Savard et de Larry Robinson qui sont entrés dans la légende en 2006 et en 2007, respectivement.
« C'est possiblement la dernière fois que nous nous retrouvons tous les trois ensemble sur une même patinoire, a mentionné Lapointe, heureux d'avoir les deux à ses côtés. C'est un moment mémorable. Je vais regarder la cassette souvent. »
Au cours de la cérémonie, Robinson a d'ailleurs rendu un vibrant hommage à Lapointe.
« Je veux te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi, a dit Robinson en le regardant. Tu es une des raisons pour lesquelles j'ai été honoré comme toi. »
Savard avait précédemment fait l'énumération de son impressionnante feuille de route, en soulignant qu'il était un grand joueur d'équipe et un grand leader.
Un grand tour
Lapointe a été très émotif dès qu'il a posé les pieds sur la glace. On l'a vu pousser de profonds soupirs pendant que la foule l'applaudissait à tout rompre.
« J'étais plus à l'aise en patins qu'en souliers devant vous, a-t-il lancé dans son discours. J'ai joué des centaines de tours à mes coéquipiers au cours de ma carrière. Vous me jouez un grand tour en m'honorant de la sorte.
« Je suis juste un petit gars de Montréal qui a accompli son rêve », a-t-il mentionné plus tard.
Lapointe a profité de la rencontre avec les journalistes pour passer un message aux joueurs québécois qui se font tirer l'oreille pour venir jouer chez le Canadien.
« J'ai beaucoup de difficulté avec le fait que des joueurs francophones ne saisissent pas la possibilité qu'ils ont de venir à Montréal. Ils ne savent pas ce qu'ils manquent. Si j'avais commencé ma carrière dans une autre organisation, je serais venu en courant dès que j'aurais eu la chance de venir à Montréal. »
Vainqueur de six coupes Stanley, Lapointe a disputé 777 de ses 894 matchs dans la LNH dans l'uniforme bleu-blanc-rouge, marquant 166 buts en plus d'ajouter 406 aides pour 572 points. Il a connu sa meilleure saison en 1976-1977, avec une production de 25 buts et de 51 mentions d'assistance pour 76 points.
Il a porté son total à 622 points en carrière, incluant 171 buts, après des passages chez les Blues de St Louis (1981-1983) et les Bruins de Boston (1983-1984). Il n'avait pas froid aux yeux non plus, comme en fait foi son total de 893 minutes de pénalités.
En séries, il a joué 112 matchs avec le Tricolore, obtenant 25 buts en plus d'ajouter 43 aides.
Lapointe a également pris part à la Série du Siècle de 1972, en formant un duo avec Savard qui a aidé le Canada à venir à bout de l'Union soviétique.
Ses anciens coéquipiers du Canadien ont fait un clin d'oeil à son côté cabotin après la cérémonie officielle. Réjean Houle est venu, en leurs noms, lui présenter un chandail de l'équipe sur lequel on a cousu le numéro cinq à l'envers. Lapointe l'a trouvé bien bonne.