Avec les 20 buts qu’il revendique cette saison, Paul Byron représente une très belle surprise pour le Canadien de Montréal et ses partisans. C’est toutefois sans grande surprise qu’il a été élu candidat du Tricolore dans la course au trophée Bill-Masterton.

Je dis sans grande surprise, car à mes yeux, Byron n’avait pas d’opposition dans cette course visant à couronner le joueur qui fait preuve de plus de courage, de combativité, d’ardeur au travail, d’amour de son sport et d’esprit sportif. Plusieurs de mes collègues ont donné des votes au vétéran Andrei Markov qui a terminé au deuxième rang du scrutin. Sans rien enlever à Markov, à sa détermination et au fait qu’il ait renoué avec deux de ses fils en cours de saison en raison du décès de leur mère, je considère que Paul Byron et Bill Masterton vont de pair.

Je considère surtout que le parcours qu’il a suivi pour atteindre la LNH et s’y faire finalement une niche à Montréal, avec le Canadien, est le parcours parfait d’un candidat au trophée Bill-Masterton. Le parcours d’un gars qui a dû se battre tous les ans – si ce n’est pas tous les jours – pour faire mentir ses dénigreurs à défaut de les faire taire, pour renverser les préjugés défavorables à son endroit, pour démontrer que la grandeur d’un joueur de hockey ne se mesure pas en centimètres et ne se calcule pas en kilos.

« Je n’ai jamais laissé une balance me dicter ma ligne de conduite. C’est évident que j’ai toujours été négligé. En raison de mes 5 pi 6 po et 160 livres, je serai sans doute négligé de cette façon toute ma carrière. Mais dans ma tête, j’ai plus de 6 pi et je pèse plus de 200 livres. Et c’est de cette façon que je joue », a lancé Byron qui a appris sa mise en nomination après l’entraînement du Tricolore mercredi.

« C’est un grand honneur que d’obtenir cette nomination », a réagi Byron qui sera maintenant opposé aux 29 autres candidats sélectionnés par nos collègues des 29 autres villes de la LNH. Le gagnant sera couronné à Las Vegas dans le cadre de la remise des honneurs individuels à la fin du mois de juin.

En plus de représenter la surprise de l’année chez le Canadien et sans doute l’une des belles surprises de la saison autour de la LNH, Paul Byron s’illustre également à titre de belle aubaine avec le salaire d’à peine 1,17 million $ qu’il touche cette année. Une aubaine qui pourrait prendre de la valeur si l’on considère qu’il est sous contrat encore deux saisons au même montant.

Si la nomination de Byron à titre de candidat du Canadien dans la course au trophée Bill-Masterton récompense des années d’efforts déployés par le rapide patineur, le contrat de trois saisons que lui a offert Marc Bergevin a eu le même effet l’an dernier.

Car après avoir signé un contrat de trois ans à son entrée dans la LNH, Byron a dû s’astreindre à accepter des contrats annuels oscillants autour du salaire minimum quatre saisons consécutives. « C’est beaucoup de pression d’avoir à vivre dans l’incertitude d’une année à l’autre. Le fait d’avoir obtenu la sécurité d’un contrat de trois ans l’a dernier a été une grande source de satisfaction pour moi et ma famille », a convenu Byron.

Trait de caractère de Paul Byron, la sécurité associée au contrat que le Canadien lui a offert l’an dernier n’a rien changé à sa façon d’aborder le hockey. De le jouer. Acquis par le biais du ballottage après que les Flames de Calgary eurent décidé que les chances de le voir percer leur alignement étaient minces, voire nulles, Byron se donne corps et âme sur la patinoire comme s’il était menacé de retourner au ballottage à tout moment.

« Quand tu sors des rangs juniors et même quand tu évolues dans la Ligue américaine, tu es convaincu d’avoir le talent et les outils nécessaires pour évoluer dans la LNH. C’est quand tu frappes à la porte que tu te rends compte à quel point c’est difficile en raison du nombre imposant de joueurs qui sont capables de le faire. Comme je l’ai dit dimanche, j’ai déjà songé à mettre le cap sur l’Europe – Suisse – afin d’y poursuivre ma carrière dans un contexte qui aurait peut-être été plus favorable en raison de ma taille et de ma vitesse. Mais c’est dans la LNH que j’ai toujours voulu jouer et c’est dans la LNH que je tenais à jouer. Être soumis au ballottage n’est jamais facile. Ça t’oblige à retourner dans la Ligue américaine, à repartir à zéro, à te remettre en question. Mais le fait d’avoir été réclamé par le Canadien a tout changé », a expliqué Byron.

Fort de ses 20 buts qui le placent au deuxième rang des marqueurs du Canadien et des quelques autres qu’il pourrait ajouter d’ici la fin de la saison, fort de la place qu’il s’est faite dans le vestiaire du Tricolore et aussi, et surtout, fort de la détermination qu’il a toujours affichée au fil de sa carrière et qui lui vaut sa nomination à titre de candidat au trophée Bill-Masterton, Paul Byron est maintenant protégé de l’affront associé à un retour au ballottage.

Et c’est tant mieux.

Car dans une LNH où les joueurs sont devenus des entreprises à but très lucratif, il fait bon de voir un petit gars de l’ouest d’Ottawa, un petit gars qui a patiné avec sa sœur et ses copains du quartier sur la patinoire confectionnée chaque année dans la cour de la résidence familiale, un petit gars qui a connu de belles années avec les Olympiques de Gatineau dans la LHJMQ atteindre la grande ligue et prendre les mêmes moyens pour y rester.

« Le hockey c’est ma vie. Je ne sais pas ce que je pourrais faire d’autre », a candidement admis Byron.

Cet aveu pourrait être perçu négativement. Elle ne doit pas l’être. Au contraire. Elle doit être interprétée comme une profession de foi d’un homme qui ne s’est pas contenté de rêver à son avenir, mais qui l’a construit à force de travail, de courage et de détermination.