Carey Price : la logique est respectée
Canadiens dimanche, 26 avr. 2015. 22:36 jeudi, 12 déc. 2024. 07:52Il a fallu attendre le sixième match, mais le Canadien a finalement remporté une victoire à l’image de la très grande majorité des 50 qu’il a célébrée en saison régulière. Une victoire signée Carey Price. Une victoire volée par le meilleur gardien de la LNH.
Très ordinaire dans la défaite de 5-1 encaissée vendredi au Centre Bell où il a accordé cinq buts sur les 25 tirs dirigés sur sa cage, il était certain que Price se reprendrait.
À lire également
Et il s’est repris. Il s’est repris de brillante façon, effectuant 43 arrêts qui lui ont permis de réaliser ce qu’aucun autre gardien n’avait réussi depuis le début de la saison : blanchir les Sénateurs d’Ottawa que le Tricolore a finalement éliminés en six matchs avec ce gain de 2-0.
Price a semblé chancelant sur ses deux premiers arrêts du match. Il a même tourné la tête vers l’arrière afin de voir si la rondelle ne l’avait pas percé sur les tirs décochés coup sur coup par Milan Michalek et le Québécois Alex Chiasson.
Après ces deux arrêts qui ont suscité un brin ou deux d’inquiétude chez les fans du Canadien, Price est redevenu lui-même. Il a repris le plein contrôle de ses moyens. Le plein contrôle du match. Et il était clair qu’il ne l’échapperait pas.
Il a volé un but à Kyle Turris avec un déplacement aussi rapide qu’agile sur sa droite au terme d’une poussée à deux contre un des Sénateurs. Une poussée offerte par Andrei Markov qui a connu un match difficile hier soir.
Price a aussi été brillant à quelques reprises sur des tirs pas commodes que les Sénateurs se sont mis à multiplier au cours de la période médiane. Période au cours de laquelle ils ont dominé le Canadien 15-3 au chapitre des tirs au but
Et que dire que sa performance en fin de rencontre? Avec Jacob De La Rose au banc des pénalités d’abord, avec Craig Anderson au banc des joueurs à la faveur d’un sixième attaquant ensuite, Price a réalisé un, deux, trois, quatre arrêts cruciaux pour garder intacte la mince avance d’un but que son équipe lui avait offerte.
Un monstre d’intimidation
Mika Zibanejad repensera 10, 50, 100 fois à cette occasion ratée alors que Price, étendu sur son côté gauche, a pu réaliser l’arrêt à ses dépens malgré le fait que le haut du filet était complètement ouvert.
Clarke MacArthur a jonglé avec la rondelle quand il a vu que Carey Price se dressait devant lui. Erik Karlsson et Mike Hoffman ont levé les yeux au ciel lorsque le gardien du Canadien s’est dressé devant leurs 5e et 6e tirs de la rencontre.
Est-ce qu’on doit parler de miracles signés par Carey Price? Ou plutôt d’erreurs de Zibanejad et MacArthur qui semblaient pourtant l’avoir à leur merci à l’embouchure du filet?
Je vous suggère un heureux mélange de tout ça.
Car comme nous l’a prouvé Carey Price tellement souvent cette année, quand il entre dans cette zone qui le place tout en haut de la pyramide des meilleurs gardiens de la LNH, la rondelle le frappe au lieu de le déjouer.
C’est comme ça.
Price met ses adversaires tellement sur les talons que leur niveau de confiance, ou de non-confiance puisque c’est de cela dont il est question ici, les pousse à l’erreur.
Malgré son masque qui cache son regard, malgré ses grosses mitaines qu’il ne laissera jamais tomber, Carey Price est un monstre d’intimidation. Ses adversaires gèlent devant lui lorsqu’ils réalisent qu’il est dans sa zone. Dans sa bulle. Dans cet état de grâce qui lui a permis de dominer toutes les statistiques associées au travail des gardiens cette année dans la LNH.
Et dire que certains doutent encore. Que certains attendent des performances comme celle de vendredi pour le chasser du trône qu’il défend pourtant si souvent avec brio. Comme il l’a fait encore dimanche pour éliminer les Sénateurs.
Après les trois premiers gains du Tricolore dans cette série, Price avait joué un rôle de soutien. Il était même resté dans l’ombre de ses coéquipiers évoluant au sein des troisième et quatrième trios. Carey avait été bon. Bien meilleur qu’Andrew Hammond qui a fait de trop nombreux cadeaux au Canadien pour espérer des victoires des Sénateurs lors des deux premiers matchs.
Une fois en avant 3-0, les chances de remontée victorieuse des Sénateurs dans cette série étaient minces, presque nulles, alors qu’on arrivait difficilement à croire que Price subirait quatre revers de suite contre ses adversaires d’Ottawa. Remarquez que les chances de n’importe quel club de la LNH de battre Carey Price quatre matchs de suite seraient à peu près nulles…
Les Sénateurs pourront se réjouir à l’idée qu’ils l’ont battu deux fois. Mais avant de se rendre à quatre, il fallait d’abord en gagner une troisième. Et Price a simplement dit non.
Où était l’attaque?
Parce que Carey Price s’est dressé comme il l’a fait devant son filet, le Canadien est maintenant qualifié pour la deuxième ronde.
Parce que Carey Price s’est dressé comme il l’a fait pour éliminer les Sénateurs, ses coéquipiers peuvent célébrer de plein droit. Leurs partisans aussi.
À n’en pas douter, Michel Therrien, qui a eu la main heureuse en remaniant ses trios, et son groupe d’entraîneurs pourront également sourire et respirer un peu après avoir senti la pression monter d’un cran après les deux revers aux mains des Sénateurs.
Contrairement à leurs joueurs et à leurs partisans, Michel Therrien et ses adjoints n’auront pas un mal de tête lundi matin en raison des célébrations trop arrosées à la suite de la victoire de leur équipe.
Du moins j’en doute fort.
Mais Michel Therrien et ses adjoints auront mal à la tête aujourd’hui et pour quelques jours encore, car ils devront se creuser la tête pour trouver une façon de relancer l’attaque de leur club.
Si le Canadien a évité un match suicide mardi soir au Centre Bell, c’est à cause de Carey Price. Et seulement à cause de Carey Price.
Oui Brendan Gallagher a marqué. Mais il a marqué un but chanceux alors qu’il a d’abord été atteint au dos par une rondelle tirée de la pointe par Greg Pateryn. Une rondelle que Gallagher a ensuite frappée au vol comme on frappe un moustique qui vient de nous piquer sournoisement dans le dos.
Pas question de minimiser le talent de Gallagher. Que non! Véritable guerrier dans cette série, Gallagher a finalement été récompensé pour tous les efforts qu’il a déployés lors des six matchs qui l’ont opposé au gros défenseur Marc Méthot et aux autres Sénateurs. Gallagher a frappé. Gallagher s’est fait frapper. Et comme il me le disait dimanche matin après l’entraînement du Canadien « quand tu fais de bonnes choses et que tu n’es pas récompensé, tu continues à les faire, car la chance tournera en ta faveur un moment donné ».
C’est exactement ce qui est arrivé. Et je suis très heureux pour le petit gars.
Mais pour le reste, où donc était l’attaque du Tricolore?
Avec Tomas Plekanec plutôt que David Desharnais comme centre, Max Pacioretty n’a rien cassé hier. Oui, il a marqué le but d’assurance avec un long dégagement dans un filet désert avec 0,3 seconde à faire au match.
Puis après! C’est pendant les 59 autres minutes qu’on aurait dû le voir.
David Desharnais a passé le match dans l’ombre. Tout comme Alex Galchenyuk qui semble incapable de comprendre que des fois il vaut mieux se servir des défenseurs adverses comme écran au lieu de danser autour d’eux et de finalement perdre la rondelle.
Le Canadien a tiré 44 fois en direction du filet des Sénateurs. Vingt rondelles seulement ont atteint la cible. De fait, quelques-unes des meilleures occasions de marquer du Canadien n’ont pas même généré de tir au but.
Il faut le faire.
Le plus bel exemple a été le jeu raté de Torrey Mitchell et Pierre-Alexandre Parenteau qui ont fait chou blanc en fin de match alors que Craig Anderson était pourtant battu. Ajoutez à ça les trois tirs qui ont raté la cible de Galchenyuk – sur ses trois tirs tentés en passant – et vous avez une longue liste de choses à corriger si le Canadien tient à prolonger ses séries et à passer la prochaine ronde. Peu importe que ce soit contre les Red Wings de Detroit ou le Lightning de Tampa Bay.
À moins que Carey Price soit en état de grâce comme il l’était hier pour le reste des séries. Ce qui est possible. Mais même en état de grâce, Carey Price ne peut marquer. Et ça prendra plus de buts en deuxième ronde, comme le démontre le fait que le Canadien a remporté ses quatre matchs aux dépens des Sénateurs par un tout petit but.
Bon ! Certains diront qu’un but de plus que l’adversaire c’est tout ce que ça prend pour gagner. Ce qui est exact. Mais même pour un gardien aussi dominant que Carey Price, il serait fortement recommandé d’éviter de se contenter trop souvent d’un seul but.
Il faudra s’en souvenir une fois les célébrations terminées.
Mais pour le moment, c’est le temps de fêter!