La paire Beaulieu-Weber, un problème à égalité numérique?
Canadiens samedi, 22 oct. 2016. 15:57 mercredi, 11 déc. 2024. 20:41Après quatre parties, le Canadien est invaincu en temps réglementaire avec une fiche de 3-0-1, un fait d’armes impressionnant avec l’absence de Carey Price lors des trois premières rencontres. Le nouveau défenseur numéro un du CH, Shea Weber, a récolté quatre points en quatre matches, alors que le Tricolore présente le meilleur différentiel de buts au sein de la LNH à +9.
Tout est rose au premier coup d’œil, mais la manière dont le Canadien a performé soulève quelques points d’interrogation. D’abord, le Canadien a été dominé 101 à 83 au chapitre des chances de marquer lors de ces quatre parties et son Corsi est de seulement 48,7% à égalité numérique. Cela suggère que le CH a perdu haut la main la bataille pour la possession du disque, malgré le fait qu’il ait affronté trois équipes qui ne devraient pas participer aux séries éliminatoires, et même si les Penguins sont les champions en titre de la coupe Stanley, il s’agissait de leur deuxième match en deux soirs, et ce sur la route.
Ceci ne résume pas tout évidemment. Après tout, le Canadien est invaincu, mais où connait-il des ennuis plus précisément?
L’une des principales sources de problèmes chez le CH jusqu’à maintenant fut la paire composée de Nathan Beaulieu et de Shea Weber qui, malgré une excellente contribution offensive et un bon différentiel au niveau des buts, a été écrasée par l’adversaire en termes de possession. Considérant que la majorité des gens ayant regardé les matches ont observé que ces deux joueurs jouaient bien, où se trouvent ces faiblesses? Décortiquons quelque peu les choses pour le découvrir.
Au moment d’effectuer des jeux en possession du disque, il est évident que Beaulieu est le joueur sur lequel le Canadien se fie présentement, alors que Weber assume un rôle plus passif axé sur un excellent positionnement afin de contrer les entrées de zone adverses et d’empêcher les attaquants de pénétrer dans le bas de l’enclave. Beaulieu est par conséquent le défenseur sur cette paire dont on s’attend à ce qu’il soutire le disque à l’adversaire, récupère les rondelles libres et organise les sorties de territoire.
Il est intéressant que Weber ne joue pas un grand rôle lors des sorties de zone, mais lorsqu’il le fait, il prend de très bonnes décisions. Transporter la rondelle n’est pas sa force, mais cela ne fait pas en sorte qu’il dégage fréquemment son territoire. À la place, il choisit de faire de solides passes en sortie de zone, ce qui pourrait être un indice comme quoi il devrait peut-être avoir un peu plus souvent possession du disque.
Pour l’instant, aucun de ces deux joueurs ne s’est particulièrement impliqué au moment de créer de l’offensive, mais cela pourrait bien changer alors qu’ils vont apprendre à se connaître et se faire mutuellement de plus en plus confiance. Laissons de côté ces totaux bruts et observons leurs taux de succès pour voir s’il n’y a pas un aspect qui pose problème.
Cette analyse est un peu moins flatteuse à l’égard de Beaulieu, qui a clairement de la difficulté alors qu’il doit non seulement affronter les meilleurs éléments des équipes adverses, mais qu’il est également plus souvent en possession de la rondelle qu’à son habitude.
Le taux de passes tentées depuis sa zone défensive et complétées par Weber est excellent, alors que Beaulieu a de la difficulté à ce chapitre. Comme Beaulieu tente plus fréquemment de telles passes que Weber, dans l’état actuel des choses, cette stratégie n’est pas très efficace. Le taux global de passes complétées par Weber est légèrement sous la moyenne de l’équipe, mais ce qui importe le plus dans son jeu, ce sont les passes qu’il tente depuis son territoire défensif.
En termes de revirements commis, c’est la même histoire. Weber commet beaucoup moins de revirements en zone défensive pour chaque jeu tenté en possession du disque que Beaulieu, mais Beaulieu est celui qui effectue la majorité des jeux. En passant, si je peux me le permettre, le fait que Weber et Beaulieu affichent un taux similaire de revirements commis est un bon exemple justifiant que les statistiques de NHL.com au chapitre des revirements devraient être ignorées. Weber y est présentement répertorié comme le meneur chez le Canadien au chapitre des revirements commis, même si Beaulieu effectue plus de jeux en possession de la rondelle que Weber. Il est impossible qu’ils perdent la rondelle presqu’aussi souvent l’un que l’autre. Peu importe...
Si Beaulieu est celui de ces deux joueurs connaissant le plus de difficultés, la question est à savoir si cette paire de défenseurs a fait des ajustements. Nous pouvons observer leurs jeux en possession de la rondelle pour chaque partie afin de le savoir.
Dès le départ, nous pouvons observer une tendance indéniable. Weber a commencé la saison plus timidement et il s’est impliqué de plus en plus à chaque rencontre comparativement à la moyenne de l’équipe, à tel point qu’il a effectué plus de jeux que cette même moyenne contre l’Arizona. En ce qui le concerne, c’est un changement important en raison de son style de jeu.
Il est important de noter ici qu’il est normal que ces deux joueurs aient de la difficulté à s’adapter l’un à l’autre en ce début de saison, il fallait s’y attendre. En prenant en compte la présaison, ils ont joué cinq parties ensemble. De plus, Beaulieu était auparavant un défenseur évoluant sur une troisième paire, rôle qu’il avait principalement assumé depuis le début de sa carrière, et il joue désormais plus de minutes seulement à égalité numérique que son temps de jeu moyen depuis qu’il est dans la LNH. Finalement, Weber doit s’ajuster à un système de jeux qui est complètement différent à Montréal de ce à quoi il est habitué.
Bien qu’il soit improbable que Weber continue d’amasser un point par rencontre et qu’un de ces deux joueurs termine la saison avec un différentiel de +123, ces deux joueurs feront encore mieux dans les prochains mois, surtout s’ils continuent d’évoluer sur la même paire et d’améliorer leur complémentarité.