Si vous vous fiez à la machine à rumeurs de la LNH, le Canadien de Montréal est un candidat sous-estimé à l’égard du joueur autonome sans compensation Jack Johnson et pourrait bien lui faire parapher un contrat. Johnson est un défenseur gaucher de 31 ans qui a été sélectionné au troisième rang de son année de repêchage en 2005, soit deux rangs avant Carey Price. Johnson n’a jamais joué à la hauteur des attentes qui étaient placées à son endroit lorsqu’il n’était encore qu’un espoir.

Au cours de ses 12 saisons disputées avec les Kings de Los Angeles et les Blue Jackets de Columbus, Johnson a connu quelques bonnes campagnes pour ce qui est de sa production offensive. Il a également été très utilisé par moments. Il vient toutefois de connaître une saison difficile, amassant seulement trois buts (la pire saison de sa carrière à ce chapitre) et 11 points en 77 parties. Au cours des trois dernières saisons, il a récolté en moyenne 18 points pour 82 parties jouées.

Vous vous demandez peut-être pourquoi je me concentre sur la production offensive d’un défenseur, ce qui est une bonne question. Pour bien évaluer l’impact qu’aurait Johnson chez le Canadien, il faut identifier ce qui manquait à la brigade défensive du Canadien la saison dernière. Sans équivoque, c’était son habileté à générer de l’attaque, surtout à forces égales.

Le retour de Shea Weber fera une grande différence, surtout qu’il ne sera pas ralenti par une blessure à un pied qui a mis un terme à ce qui semblait être une saison prometteuse sur le plan individuel. Même si Weber revient au sommet de son art, même si Jeff Petry amasse la même production offensive que l’année dernière et même si Victor Mete continue de s’améliorer, la brigade défensive n’est pas assez bonne au moment de faire circuler la rondelle.

En janvier, j’ai analysé les facettes du jeu où le Canadien connaissait des ennuis comparativement au reste de la ligue. Essentiellement, la défense connaissait davantage de problèmes pour ce qui est de la fréquence des jeux réalisés. Les défenseurs avaient des soucis pour récupérer les dégagements dans leur territoire, récupérer les retours de lancers accordés par leurs gardiens, quitter le territoire avec le contrôle de la rondelle, compléter des passes en zone offensive, surtout les passes transversales, et à se joindre à l’attaque pour tirer depuis l’enclave.

Expliqué en des termes plus simples, les défenseurs du Canadien avaient de la difficulté à récupérer les rondelles libres dans leur territoire, à organiser le jeu de transition une fois qu’ils avaient récupéré ces rondelles et ne mettent pas l’épaule à la roue en zone offensive, soit par vigilance extrême ou par manque de talent.

La question est à savoir si un joueur qui demandera un salaire comme celui auquel peut prétendre Jack Johnson, soit approximativement 6 millions par année, améliorera significativement le club dans ces facettes. En se basant sur sa production offensive, la réponse est probablement non dans le cas de Johnson. Tout de même, pourquoi ne pas le comparer aux autres défenseurs du Tricolore pour en être certain?

Les performances de Jack Johnson comparativement à la moyenne du Canadien à cinq contre cinq

Malheureusement, je ne peux pas faire cette comparaison à l’égard de toutes les données mentionnées préalablement. Les dégagements non-récupérés en zone défensive sont seulement comptabilisés lorsqu’un joueur est sur la glace. Ce ne sont pas des actions individuelles. Je crois qu’il serait injuste de comparer Johnson à une autre équipe pour ce qui est d’une statistique à l’égard de laquelle nous ne pouvons pas connaître avec certitude son impact sur celle-ci. Son partenaire défensif peut influencer positivement ou négativement cette donnée. Bref, je ne l’aborderai pas.

Pour ce qui est des autres statistiques pour lesquelles la défense du Canadien a désespérément besoin de s’améliorer, se classant parmi les cinq pires équipes de la LNH, Johnson aiderait le club pour ce qui est des passes transversales en zone offensive. Cela signifie qu’il est probablement plus créatif et impliqué en attaque que le défenseur moyen du Canadien la saison dernière. Cependant, cette amélioration n’est pas significative, même si le Tricolore s’est classé parmi les pires clubs de la LNH à ce chapitre.

En effet, en comptabilisant seulement les défenseurs qui ont joué 800 minutes ou plus dans la LNH la saison dernière, ce qui nous donne 165 arrières, Johnson vient au 78e rang pour les passes transversales. Bref, il est dans la moyenne.

Ajoutez à cela qu’il n’améliorerait pas grandement les autres facettes du jeu, il devient alors difficile de justifier que l’équipe puisse dépenser beaucoup d’argent sur un joueur de 31 ans qui ne s’améliorera pas avec le temps, alors que ses meilleures années sont déjà derrière lui.

Puis, il faut évidemment décortiquer son influence sur le jeu lorsqu’il est sur la patinoire.

Les performances de Jack Johnson comparativement aux faiblesses du Canadien à cinq contre cinq.

Depuis le début de sa carrière, Johnson est connu pour être un joueur affichant de mauvais différentiels. Cela signifie que son équipe est souvent dominée au chapitre des lancers lorsqu’il est sur la glace. Décortiquons cependant davantage les choses et ne nous laissons pas inquiéter par un mauvais Corsi.

Deux choses sautent aux yeux. D’abord, les Blue Jackets génèrent plus de chances de marquer à haut risque lorsqu’il est sur la glace que la moyenne du Canadien à cet égard. Cependant, Columbus a aussi généré moins de chances de qualité lorsque Johnson était sur la glace et non sur le banc. Deuxièmement, les adversaires des Blue Jackets ont complété moins de passes dans l’enclave lorsque Johnson était sur la glace que lorsqu’ils faisaient face à la défense du Canadien. Sauf que le rendement de Johnson se collait à la moyenne de Columbus. Cela me laisse croire que c’est plutôt la différence de structure entre les deux équipes que le jeu de Johnson qui laisse croire qu’il pourrait améliorer le Canadien.

Pour le reste, Johnson semble être un choix périlleux. Il a de gros ennuis au moment de prévenir les chances de marquer à haut risque et il présente de nombreux différentiels négatifs. Ceci étant dit, avoir un joueur tel que Johnson évoluant sur une troisième paire avec un contrat raisonnable, cette situation n’aurait rien d’alarmant. Sur une deuxième paire avec un contrat lucratif en poche? C’est une erreur que le Canadien a déjà faite l’été dernier avec Karl Alzner. Le Tricolore ne peut pas se permettre de répéter cette erreur.