Le Canadien de Montréal vient de terminer un segment dans ce que je crois être la portion la plus difficile de son calendrier 2014-2015. Avant même le début de la saison, on pouvait isoler cette tranche de 16 matchs s’amorçant le 16 février à Détroit et se terminant le 17 mars en Floride dans laquelle il y avait 11 matchs à l’étranger, l’impitoyable voyage dans l’Ouest américain, cinq séquences de trois matchs en quatre soirs et pas moins d’une dizaine de rencontres contre des équipes déjà en séries ou luttant pour y entrer. C’est sans compter les envolées interminables, le décalage horaire de trois heures et quantité d’arrivées à l’hôtel aux petites heures du matin. On peut même ajouter à cette liste la journée limite des transactions qui a occupé toute l’attention de l’équipe à partir de 3 heures du matin à San José. Ouf!

Or, après 11 matchs sur les 16, la fiche du Tricolore est de 6-3-2, ce qui représente une récolte de 63% des points disponibles. Ce n’est quand même pas si mal, mes amis, surtout quand on considère que l’équipe aurait pu amasser un ou deux points de plus à Anaheim et Los Angeles. J’accepte le fait que toutes ces rencontres ne furent pas nécessairement de grands classiques, qu’il y eut des moments difficiles à l’occasion, mais les points amassés le furent de façon légitime et en date du dimanche 8 mars, le Canadien de Montréal trône toujours au premier rang de sa section et de son association. Et ne concède qu’un point aux Ducks au classement général de la ligue!

Il reste donc une dizaine de jours avant de conclure cet épisode éreintant. Il y aura deux matchs au Centre Bell et aussitôt ce sera à nouveau le retour dans les valises pour trois autres matchs en l’espace de quatre soirs. On verra deux fois le Lightning, qui pourchasse toujours le Canadien et qui présente la meilleure attaque de la LNH, une fois les Sénateurs et une fois les Panthers, qui s’accrochent tous les deux à l’espoir de participer aux séries et qui font suer à grosses gouttes tous leurs adversaires et bien sûr, les surprenants Islanders de New York, qui ne décrochent toujours pas de leur première position dans la section Métropolitaine et qui marquent eux aussi des buts à la tonne!

La commande sera donc très lourde. Si les hommes de Michel Therrien conservent leur position au classement d’ici le 17 mars, on pourra dire « mission accomplie ». Et ce, peu importe le résultat des matchs!

Gérer fatigue, « momentum » et expérimentation

Lors de son passage à l’Antichambre, le 28 février dernier, Carey Price a bien résumé à sa façon le genre de défi qui attend l’entraîneur Michel Therrien d’ici la fin de la saison régulière, quant à l’utilisation de son personnel. « J’y vais un match à la fois, dans ma tête », nous disait-il. « Tu veux entrer en séries reposé et en santé, mais en même temps, tu veux y entrer avec le ‘momentum’. Je fais confiance aux entraîneurs pour que nous prenions ensemble les bonnes décisions ».

Dans le cas de Price, le portrait semble assez clair. Lui qui est à la portée du record de 42 victoires en une saison pour un gardien du Canadien (partagé par Jacques Plante et Ken Dryden), on devrait logiquement lui confier le filet à au moins une douzaine de reprises, ce qui lui donnerait un total de 65 présences, exactement l’objectif de la direction pour lui. Il n’y aura que deux occasions où l’équipe disputera deux matchs en deux soirs, ce qui devrait signifier la présence de Dustin Tokarski en Floride le 17 mars et à New Jersey le 3 avril. Où pourrait-on voir le gardien auxiliaire aussi? Peut-être lors du dernier match de la saison contre Toronto, si tout est scellé, dont le record de victoires pour Price. Et un autre match au passage, possiblement à Winnipeg, le 26 mars prochain, lui qui est natif des Prairies.

À la ligne bleue, la situation est plutôt intéressante. Le retour éventuel en santé d’Alexeï Emelin donnera à l’équipe la possibilité de compter sur un groupe de huit défenseurs. En tenant pour acquis que le duo Markov-Subban est intouchable et que Jeff Petry et Tom Gilbert ne peuvent être séparés pour l’instant (ils ont joué autour de 24 minutes en Arizona), il y aura donc une chaude lutte pour les postes disponibles, mais aussi des options pour les décideurs. On pourra par exemple reposer Sergeï Gonchar à l’occasion et peut-être passer un petit message à Nathan Beaulieu si nécessaire, lui qui n’a même pas joué 11 minutes hier. On pourra du même coup réintégrer Emelin de façon bien dosée.

En attaque, malgré un surplus de deux joueurs, on peut croire que Michel Therrien a déjà sa bonne idée sur l’identité des douze hommes sur lesquels il veut se rabattre ainsi que sur la composition de ses trios. En Arizona, on a vu une très belle chimie s’installer entre Lars Eller, Jacob De La Rose et Devante Smith-Pelley, qui a connu un deuxième bon match de suite. Et son quatrième trio lui a donné exactement ce qu’il souhaite : Brandon Prust a frappé l’adversaire, Torry Mitchell a remporté 11 de ses 16 mises en jeu et Bryan Flynn lui a donné 10 bonnes minutes de jeu en plus de décocher 5 tirs au but.

Voilà qui augure mal pour Manny Malhotra et surtout pour Pierre-Alexandre Parenteau, qui n’a été utilisé qu’une fois depuis qu’il est apte à revenir au jeu. Cela dit, leur présence dans l’alignement offre là aussi à l’entraîneur une occasion de gérer adéquatement les responsabilités d’ici le 11 avril.