Après une saison en dents de scie qui s’est conclue en beauté, Claude Julien menant son équipe à une fiche de 16-7-1 après la semaine de repos, le Canadien de Montréal s’est assuré de l’avantage de la patinoire jusqu’à la finale d'Association, en remportant le titre de la division Atlantique.

À la suite de tous ses efforts déployés, il affrontera les Rangers de New York, ceux-ci affichant un différentiel de buts de plus-36, ce qui est supérieur au différentiel de plus-25 de Montréal. Pour la plus grande partie de la saison, les Rangers ont devancé le Canadien au classement général.

Bien qu’il y ait des critiques à l’égard de cette situation attribuable au format des séries éliminatoires de la LNH, je ne crois pas que le Canadien se plaindra de la tournure des événements.

Pour commencer, le Canadien a remporté ses trois parties contre les Rangers cette saison (5 à 4 le 14 janvier, 3 à 2 en tirs de fusillade le 21 février et 4 à 1 le 4 mars). Deux de ces rencontres ont été chaudement disputées, mais les Rangers ont inscrit quelques buts douteux, ce qui inclut sans doute le but le moins légal marqué dans la LNH cette saison.

Ajoutez à cela le fait que les Rangers ont généralement tendance à s’effondrer en fin de parcours et le Tricolore se sent probablement très confiant à l’aube de cette confrontation. Au-delà des appréhensions et des victoires passées, comment ces deux équipes se comparent-elles sur la glace?

Tableau Canadien-RangersEn long et en large, pour chaque donnée régulièrement utilisée afin d’évaluer les performances, le Canadien est une meilleure formation à égalité numérique. Se fier à la compilation des données pendant toute la saison se révèle être un exercice à l’avantage des Rangers, considérant que le Canadien a beaucoup mieux fait sous les ordres de Claude Julien, générant plus de 55 % des chances à marquer à haut risque depuis qu’il a pris la barre de l’équipe.

Cet été, les Rangers ont opté pour une approche très différente au moment de construire leur équipe que celle employée aujourd’hui par la plupart des clubs, favorisant la présence de francs-tireurs avant tout. Cela fait en sorte qu’ils ont quatre trios capables de marquer, sans réellement avoir d'unité à responsabilités défensives. Cette recette leur a permis d’atteindre les séries éliminatoires, améliorant grandement leur touche offensive, mais leur jeu défensif a continué de se détériorer. Tellement qu’Henrik Lundqvist a connu sa pire saison en carrière.

Ce pari a assez bien fonctionné en saison régulière, mais les choses se corseront en séries, surtout que Carey Price affiche un pourcentage d’arrêts supérieur à ,960 face aux Rangers lors de ces dernières années, mais la série pourrait toutefois se jouer ailleurs.

Le Canadien est meilleur avec la possession du disque que les Rangers, générant plus de chances de marquer, peu importe leur qualité. Le résultat est que le CH présente un meilleur différentiel de buts à forces égales. Plus cette série se disputera à égalité numérique, meilleures seront les chances de victoire de Montréal, chose qu’on ne pouvait pas affirmer il n'y a pas très longtemps.

Si les Rangers ne peuvent pas remporter ce duel à cinq contre cinq, est-ce que les unités spéciales pourraient jouer un mauvais tour à Montréal?

Tableau Canadien-RangersPour la majorité de la saison, le Canadien a été la pire équipe de la LNH sur les unités spéciales quant aux chances de marquer, mais les modifications apportées par Claude Julien au désavantage numérique ont permis au Canadien de se classer en milieu de peloton à la fin du calendrier. Depuis son arrivée, le Tricolore présente le meilleur désavantage numérique de la LNH avec un taux de succès de 88,9 %.

Malheureusement, la touche magique de Julien ne s’est pas encore fait sentir sur l’avantage numérique, celui-ci était légèrement meilleur, mais a peiné au moment de générer des chances de marquer. J’ai mentionné à quelques occasions au cours de la saison que le tir incroyable de Shea Weber compense quelque peu le manque de chances de marquer générées par le Canadien sur l’attaque à cinq, mais que ce n’est tout simplement pas suffisant pour que l’on puisse le qualifier de « bon » avantage numérique.

Pour leur part, les Rangers comptent sur un avantage numérique menaçant, même si sur la totalité de la saison régulière, ils n’ont converti que 19,8 % de leurs occasions, soit un taux assez similaire à celui de 19,6 % de Montréal.

J’ai également une petite hypothèse sur le hockey des séries. Il est plus important d’avoir un bon désavantage numérique qu’un bon avantage numérique. Si vous pouvez jouer à égalité numérique de manière à ne pas avoir peur d’être puni, vous obtiendrez de meilleurs résultats.

Il est bien d’avoir un avantage numérique meurtrier, cela peut inspirer de la crainte chez vos adversaires. Cependant, comme nous avons été à même de le constater avec le Canadien ces dernières années, rien ne sape plus d’énergie qu’une équipe connaissant des ennuis à forces égales et gaspillant les avantages numériques qu’elle parvient à obtenir. Le Canadien est maintenant une équipe capable de réserver ce sort à ses adversaires.

Ces deux équipes sont peut-être proches au classement, mais les chiffres ci-haut dépeignent une histoire très différente. Je crois que le Tricolore est extrêmement avantagé dans cette série, si ce n’est pas fini après la sixième partie, je serai grandement surpris.