Marc Bergevin et Stéphane Waite doivent ressentir un pincement au coeur en visionnant la série finale entre les Rangers et les Kings. Le directeur général du Canadien l'a carrément admis dans son point de presse de lundi, après l'étonnante victoire aux dépens des Bruins de Boston, il croyait fermement que son équipe allait éliminer les Rangers pour offrir à Montréal une première finale de la coupe Stanley en 21 ans.

À ce moment-là, les Blackhawks de Chicago, qui étaient toujours en vie, restaient les grands favoris pour participer à cette finale et conserver la coupe Stanley. Si cet intéressant scénario avait pu se concrétiser, cela aurait permis à Bergevin d'effectuer un retour par la grande porte dans le United Center où il a appris les rudiments du métier qui lui permettent aujourd'hui de se bâtir une solide crédibilité comme directeur général.

Bergevin aurait donc pu se présenter en finale deux ans seulement après avoir quitté Chicago. Il n'est pas du genre à se péter les bretelles quand les choses vont bien, mais il aurait sûrement ressenti beaucoup de fierté à l'idée de pouvoir se mesurer à son homologue et ex-patron Stan Bowman, sous le regard attentif de son père Scotty, conseiller senior aux opérations de hockey. Malheureusement pour lui, les Hawks ont été écartés des séries à leur tour.

Que de chemin parcouru par Bergevin depuis que les Blackhawks l'ont laissé partir à regret. On le disait promis à un bel avenir comme homme de hockey pendant qu'il se faisait la main avec eux. Il est en train de faire la preuve que cette prévision était juste.

Le Canadien, exclu des séries éliminatoires, croupissait au 15e rang dans l'Est quand Geoff Molson, conseillé par Serge Savard, l'a choisi pour succéder à Pierre Gauthier. Durant une saison écourtée par un autre conflit dans la Ligue nationale, le Canadien s'est hissé rapidement au second rang avant d'être éliminé en première ronde par Ottawa. L'amélioration progressive de l'équipe s'est poursuivie cette saison avec l'étonnant résultat que l'on sait.

Si le Canadien et les Blackhawks étaient restés en vie, pour le plus grand plaisir des Québécois qui rêvaient de voir leur équipe se mesurer aux champions en titre de la coupe Stanley, Bergevin n'aurait pas été le seul à pouvoir se présenter à Chicago auréolé de succès. Stéphane Waite, qui s'était bâti toute une réputation à Chicago, a connu des résultats instantanés avec Carey Price. Après avoir guidé des gardiens comme Antti Niemi et Corey Crawford vers deux conquêtes de la coupe Stanley en quatre ans, il a aidé Price à reprendre confiance en ses moyens tout en corrigeant certains aspects techniques de son jeu. Price s'est replacé si rapidement qu'il est devenu l'homme de confiance du Canada aux derniers Jeux olympiques.

Waite aurait pu constituer une précieuse mine d'informations pour le Canadien si ces deux organisations avaient pu s'affronter en finale. Waite connaît mieux que personne les forces et les faiblesses de Crawford, son ancien élève, ce qui aurait favorisé le travail des attaquants du Canadien. Tout comme Bergevin, il connaît aussi les tendances des meilleurs marqueurs de son ancienne équipe, ce qui aurait sûrement aidé Price.

Disons qu'on est tous passés à côté d'un spectacle dont on se serait souvenu pendant longtemps. Ce sera pour une autre année, on l'espère.

Bergevin déjà au travail

À défaut de pouvoir mesurer en finale tout le progrès réalisé par son équipe cette saison, le patron du Canadien aura plus de temps devant lui pour commencer à planifier les changements qu'il a en tête et qui pourraient faire de son équipe des aspirants toujours aussi sérieux l'an prochain.

La pression se fera toutefois très lourde sur ses épaules. À son arrivée à Montréal, c'était plus facile de prendre des décisions capables de relancer une formation de 15e place. Après tout, sa troupe ne pouvait qu'aller de l'avant. C'est fort différent cette fois. Le Canadien étant passé à deux victoires d'une participation à la finale, les prochains gestes seront plus lourds de conséquences. Quand on est si près de l'objectif, une décision majeure erronée pourrait faire faire un pas en arrière à l'organisation.

Le point de presse de Bergevin

Il y a des évidences. On s'attend à ce que Subban devienne l'athlète le mieux rémunéré dans l'histoire du Canadien, à ce que Andreï Markov soit de retour, à ce que Brian Gionta accepte une réduction salariale pour rester à Montréal et à ce qu'on retienne les services de deux plombiers constituant de belles acquisitions tardives, Dale Weise et Mike Weaver.

RDS a appris que le Canadien a offert un contrat d'un an seulement à Markov. Cela peut paraître insultant à première vue, mais si l'agent de Markov connaît pleinement le jeu de la négociation, il recommandera à son client de ne pas s'énerver inutilement. Il s'agit probablement d'une mesure visant à faire accepter au vétéran défenseur une entente d'une durée moins longue que le contrat de quatre ans qu'il vise.

Bye bye Vanek

C'est l'avenir de Thomas Vanek avec le Canadien qui va captiver l'intérêt des partisans de l'équipe au cours des 25 prochains jours. Le premier juillet, Vanek connaîtra sa prochaine destination qui sera sa quatrième ville cette saison après Buffalo, Long Island et Montréal.

Bergevin a protégé la susceptibilité de son controversé ailier droit en se disant satisfait qu'il ait aidé le Canadien à mieux se positionner en vue des séries, tout en reconnaissant qu'il a connu des ennuis en séries. Néanmoins, il ne faut pas s'attendre à le revoir à Montréal. Même s'il est un marqueur dangereux et un habile fabricant de jeux, Vanek traîne la réputation d'un joueur qui produit au rythme de ses humeurs. À sept millions de dollars par saison pour une entente de six ou sept ans, il représente un risque financier que le Canadien n'osera pas courir.

Lui accorder ce qu'il désire risquerait également de créer des conflits à l'intérieur de l'équipe. Comment le Vanek irrégulier des dernières séries pourrait-il toucher plus d'argent que Carey Price (6.7 millions)? Comment pourrait-on lui accorder près du double du salaire de Pacioretty (4 millions)?

J'ai connu deux directeurs généraux, Sam Pollock et Serge Savard, qui ont toujours vu à ne pas accorder des contrats démesurés qui risquaient de bousiller la structure salariale de l'organisation et ainsi semer la zizanie dans le vestiaire. Il serait étonnant que Bergevin, qui est servi par un bon jugement, commette cette erreur.