MONTRÉAL – Il y a un bail que Kaiden Guhle n’a pas joué.

Après l’annulation du Championnat du monde de hockey junior, la jeune pépite du Canadien a dû s’isoler par mesure préventive après avoir été en contact direct avec une personne positive à la COVID-19. Le contretemps lui a fait rater trois matchs de la Ligue junior de l’Ouest (WHL), dont un contre son ancienne équipe, les Raiders de Prince Albert, qui l’avaient échangé un mois plus tôt.

Les Oil Kings d’Edmonton, à qui il prête désormais allégeance, ont ensuite été mis à l’arrêt en raison d’une éclosion du virus dans l’entourage de l’équipe. Cette succession de mesures n’a rien fait pour accélérer l’intégration de Guhle auprès de ses nouveaux coéquipiers. Depuis qu’il a changé d’adresse au début décembre, il n’a joué que trois matchs sous ses nouvelles couleurs. Pas évident, dans ces conditions, de mettre à profit les qualités de leader qu’on lui connaît.

« C’est vrai que ça a été un peu difficile, convient le jeune homme de 19 ans en entrevue à RDS. Je connais tous les gars maintenant, mais quand on arrive dans une nouvelle équipe, il y a beaucoup de nouveaux visages et certaines personnes peuvent être plus réticentes à prendre des conseils du gars qui vient juste d’arriver. Mais tranquillement, j’ai eu le temps de faire connaissance avec tout le monde. Depuis ce temps-là, c’est un peu plus facile de se rendre utile. »

Dans l’immédiat, Guhle a les deux yeux fixés sur son match de samedi contre les Wheat Kings de Brandon. Il s’agira de la première fois qu’il chaussera les patins dans un contexte compétitif depuis la promenade dans le parc du Canada contre l’Autriche le 28 décembre et de son premier match dans la WHL depuis le 8 décembre. Dans sa voie, l’impatience est facilement perceptible.

Les dernières semaines ont été difficiles pour Guhle, mais de fantastiques opportunités pourraient se présenter à lui au cours des prochains mois.

Le rêve olympique

Guhle venait d’avoir 8 ans quand Sidney Crosby a marqué le but en or dans la finale des Jeux olympiques de Vancouver.

« J’étais dans un Earls à Grand Prairie, on était là-bas pour le match d’un de mes frères et on y était restés pour ne pas manquer la finale. Je me rappelle du but. Tout le monde est devenu fou dans le restaurant, les gens circulaient dans les rues avec des drapeaux du Canada. C’est une image qui m’a marqué. Je m’en souviens comme si c’était hier. »

Pendant qu’il était au Mondial junior, Guhle s’est fait approcher par un dirigeant de Hockey Canada qui lui a appris que son nom avait été inscrit sur la longue liste de candidats potentiels pour représenter le pays à Pékin en février. On lui a dit qu’il recevrait un appel lorsque le processus de sélection atteindrait l’étape suivante. Il n’a pas eu de nouvelles depuis et en attend avec fébrilité.

« Le simple fait d’être sur cette liste, c’est un sentiment assez incroyable et évidemment, je réaliserais un rêve en pouvant représenter mon pays dans un événement aussi gros que les Olympiques. Ouais, un rêve, ça c’est sûr ! »

Le contexte épidémiologique actuel génère son lot d’interrogations quant à la pertinence de maintenir la tenue des Jeux et aux conséquences des possibles complications qui pourraient survenir en territoire chinois. Des joueurs de la LNH avaient émis des doutes au sujet de leur participation avant que la Ligue et l’Association des joueurs ne s’entendent pour se retirer de l’événement. D’autres se sont insurgés depuis que cette décision a été rendue.

Guhle, lui, dit qu’il n’hésitera pas une seconde si on le choisit pour rejoindre la communauté des anneaux.

« Je ne sais pas combien de fois cette opportunité se représentera alors si on m’en donne la chance, je vais y aller. Je ne crois pas que je serais capable de dire non. La réponse est facile pour moi. »

L’objectif numéro un

En attendant que les Jeux deviennent pour lui autre chose qu’un point d’interrogation, Guhle avancera avec un autre grand objectif en tête : mener les Oil Kings au tournoi de la Coupe Memorial.

« En date d’aujourd’hui, c’est vraiment ma priorité numéro un, lance-t-il. Ça changera peut-être si ça se concrétise pour les Olympiques, mais pour l’instant, gagner le championnat de la WHL et la Coupe Memorial est mon but premier avec cette équipe. »

Avec la présence de Dylan Guenther, Jake Neighbours et du gardien Sebastian Cossa, les Oil Kings étaient déjà de légitimes aspirants aux grands honneurs dans l’Ouest. L’acquisition de Guhle en retour de deux joueurs et quatre choix au repêchage a été une autre preuve de leur sérieux. Au moment de la reprise des activités, ils occupaient le deuxième rang du classement de l’Association Est avec une fiche de 24-9-3.

« À chaque année, il y a quatre ou cinq équipes qui ont des bonnes chances d’aller jusqu’au bout. Notre sort est entre nos mains. On a une bonne équipe, il ne nous reste qu’à jouer à la hauteur de notre talent. »

La cerise sur le sundae

S’il se voit soulever une grosse coupe en juin à Saint John, Guhle n’a pas perdu espoir qu’on lui passe une médaille d’or au cou en juillet. Les mots du président de la Fédération internationale de hockey sur glace au moment de l’annulation du Mondial junior ont calmé sa peine et il souhaite de tout cœur que l’idée de reprendre le tournoi à l’été ne soit pas que des paroles en l’air.

« Pour les gars de mon groupe d’âge, ça serait très important. C’était notre dernière chance et on était tous démolis quand on a appris que ça se terminait comme ça. On a tous les doigts croisés pour juillet. Ça serait vraiment un scénario de rêve. »

Juste comme ça, on a suggéré à Guhle que de longues séries avec son club junior suivies d’une participation à un tournoi international aussi relevé constitueraient un horaire estival inhabituellement chargé pour un jeune qui aura ensuite beaucoup à gagner à son premier camp à titre de joueur professionnel avec le Canadien. Pourrait-il envisager de faire l’impasse sur le Mondial junior afin de favoriser une préparation plus conventionnelle pour son arrivée potentielle dans la LNH?

On dit qu’il n’y a pas de mauvaise question, mais on a rapidement eu l’impression que celle-là n’était pas notre meilleure.

« Non non, je serais là. Je ne manquerais pas cette opportunité une deuxième fois. »