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Stratégiquement campé au carrefour des sentiers où s’entrecroisaient les golfeurs sillonnant les allées des deux parcours du Club Laval-sur-le-Lac lundi, Geoff Molson saluait un à un les golfeurs et golfeuses qui prenaient part au tournoi sonnant la rentrée des joueurs de son équipe.

Le propriétaire serrait des mains ici. Il multipliait les prises de photos officielles là. Tout ça avec un sourire franc, une belle humeur et une confiance évidente à l’aube de la saison qui s’annonce.

Une heure ou deux plus tôt, il s’était dressé devant les journalistes pour répondre aux questions en rafales que les collègues lui réservaient. Parce que son équipe n’a pas gagné la coupe Stanley depuis 1993, parce qu’elle est menacée d’une exclusion des séries pour une troisième saison de suite et d’une quatrième fin de saison en queue de poisson en cinq ans, Molson a essuyé une question qu’il n’attendait pas. Une question que le proprio n’a pas vraiment comprise et à laquelle il n’a pas répondu.

Une question reliée au statut de son directeur général. Au niveau de confiance qu’il affiche à son endroit et surtout son niveau de patience, ou d’impatience, à l’égard de son directeur général.

Bon! Quatre jours avant les premiers élans officiels de Max Domi, Jonathan Drouin et Brendan Gallagher, les premiers tirs frappés de Shea Weber, les premières vrilles de Jesperi Kotkaniemi, les premiers coups d’éclat des jeunes qui frappent à la porte du vestiaire et des premiers arrêts que Carey Price et Keith Kinkaid devront surmultiplier au cours des prochains mois pour mousser les chances de victoires et qui sait réussir à propulser le club en séries, il est clair que Geoff Molson ne pouvait pas convenir ouvertement qu’une exclusion des séries sonnerait automatiquement le glas de Marc Bergevin à Montréal. Qu’une autre élimination trop hâtive entraînerait un changement de directeur général.

Mais cette question est «LA» question à l’aube de la saison. C’est, et de loin, la plus importante de toutes les questions qui gravitent autour du Canadien depuis le début de l’été. Plus que l’identité du meilleur candidat pour évoluer à la gauche de Shea Weber. Plus que les moyens à prendre pour relancer l’attaque massive. C’est la question qui donnera le ton à la saison qui s’annonce. Car la réponse à cette question dictera la gestion de Bergevin.

Confiance et complicité vs baiser de la mort

Marc Bergevin a tenté d’attirer Sebastian Aho et Jake Gardiner à Montréal. Il a flirté aussi avec Matt Duchene et il a peut-être tendu d’autres perches ici et là. Des perches que les joueurs courtisés n’ont pas même regardées.

Incapable d’attirer les joueurs qui l’intéressaient vraiment et incapable de se résigner à dépenser – ou gaspiller si vous préférez – des millions et des années sur des vétérans qui n’en valent pas ou plus la peine, Marc Bergevin semble avoir décidé de poursuivre le virage jeunesse amorcé l’an dernier.

Le fait qu’il ait tourné le dos à Andreï Markov bien qu’à 40 ans et après un exil de deux ans dans sa Russie natale le vieux défenseur serait encore le meilleur du Tricolore sur le flanc gauche laisse croire qu’il n’ait pas reçu le baiser de la mort.

Ou qu’il ne l’ait pas encore reçu.

La nuance est importante. Elle est cruciale même. Car pour que Bergevin puisse continuer et compléter son virage jeunesse, il doit profiter non seulement de la confiance de son patron, mais aussi de sa complicité.

S’il ne peut compter sur ce genre de confiance, sur cette forme de complicité, ou pis encore qu’il sent, voire sait, que son job tient à la seule accession du club en séries, un directeur général sera plus susceptible de mettre son plan de reconstruction de côté au profit de solutions à courte vue qui pourraient permettre à son équipe d’accéder aux séries à la fin de la saison sans pour autant faire progresser l’équipe afin qu’elle soit parmi les meilleures de sa division, de son association et de la Ligue pour les années à venir.

Avec sensiblement la même équipe que l’an dernier, le Canadien est loin d’être assuré d’une place en séries.

Carey Price, le capitaine Weber, un bon groupe de jeunes attaquants et des jeunes prometteurs donnent des munitions au Tricolore pour se battre avec deux, trois ou quatre clubs pour la dernière invitation aux séries.

Comme l’an dernier.

Mais le grand trou à la gauche du capitaine – non je ne crois pas que Victor Mette puisse vraiment remplir le rôle de défenseur numéro deux, ou de numéro quatre si vous considérez le duo Mette-Weber comme le deuxième derrière celui de Chiarot-Petry – l’incertitude de la brigade défensive, l’attaque qui manque de punch sans parler de l’attaque massive, le Canadien est plus enclin que plusieurs de ses rivaux de se faire fermer la porte des séries au nez.

Comme l’an dernier.

Sans oublier le spectre des blessures. Un spectre qui hante tous les clubs, c’est vrai, mais qui ferait davantage mal au Tricolore en pleine «reconstruction» en raison de son manque d’expérience, de profondeur, ou des deux.

Marc Bergevin a beau afficher – avec raison – de la confiance en ses jeunes, il n’en demeure pas moi qu’il est le premier à savoir que son équipe a des lacunes que ces jeunes, aussi bons soient-ils, ne peuvent combler. Du moins pour le moment.

S’il se sent solidement en place et que Geoff Molson lui offre une confiance justifiant ce sentiment de sécurité, Bergevin pourra maintenir son plan quitte à retarder d’une autre année une présence en séries qui se fait attendre depuis très longtemps. Peut-être même trop longtemps.

L’avenir nous permettra d’obtenir réponse à cette question. Cela dit, la retenue affichée à l’égard d’Andrei Markov alors que plusieurs, moi le premier, lui auraient ouvert les portes du vestiaire illico, nous indique que Bergevin a l’appui de son propriétaire et qu’il peut miser sur la jeunesse.

Pour combien de temps?

Voilà une autre question désagréable avec laquelle Geoff Molson devra composer rapidement si son équipe encaisse plus de défaites qu’elle ne célèbre des victoires.

Analyses, décisions, actions

Faire confiance aux jeunes et maintenir l’élan de jeunesse ne veut pas dire de fermer les yeux sur les autres moyens d’améliorer le Canadien.

Loin de moi l’intention de suggérer à Marc Bergevin de surpayer un joueur autonome et de se rendre coupable d’une autre erreur à la Karl Alzner. Mais avec ses hommes de confiance, Marc Bergevin doit profiter du camp pour identifier les jeunes en qui il affiche la plus grande confiance et autour de qui il veut bâtir le Canadien de demain et d’après-demain. Il pourrait ensuite se servir des autres – car ils ont encore de la valeur associée à leur innocence autour de la LNH – pour compléter une ou deux transactions susceptibles d’aider le Canadien à conjuguer au présent et pas juste au futur. Pour prendre le temps de bien analyser afin de prendre les bonnes décisions, il faut avoir la tête en paix et les coudées franches.

Il serait très surprenant que tous les jeunes qui poussent au sein de l’organisation deviennent des vedettes dans la LNH. Ou plus simplement de solides joueurs de hockey.

Le mandat de Marc Bergevin est d’identifier les meilleurs, de les garder et de bien les entourer pour maximiser leur développement.

Une tâche plus difficile à dire qu’à faire. J’en conviens. Mais c’est le mandat que Marc Bergevin doit relever cette année s’il veut garder son job en dépit d’une exclusion potentielle des séries. Le patron du Canadien n’a pas le droit de simplement s’asseoir dans sa loge et de regarder pousser le talent.

Il doit aussi le fertiliser.

Et je maintiens qu’une transaction qui permettrait au Canadien d’obtenir du renfort sur le flanc gauche en attendant l’arrivée d’Alexander Romanov est le premier fertilisant que le DG du CH doit appliquer. Et il doit l’appliquer avant la première neige alors qu’il sera peut-être déjà trop tard…

J’espère que vous avez passé un bel été.

« On va s'organiser pour avoir Domi à long terme »