Pierre-Alexandre Parenteau a raison. Il a raison d’être froissé, choqué, frustré d’être confiné à la galerie de presse où il regarde ses coéquipiers jouer, au lieu d’être sur la patinoire pour tenter de marquer des buts.

Jeudi dernier, après la défaite encaissée en tirs de barrage aux mains des Kings de Los Angeles, j’ai croisé Parenteau sous les gradins du Staples Center. Il parlait avec son agent Allan Walsh. Les deux hommes affichaient des regards sévères.

Je me suis approché. J’aurais peut-être dû tendre une perche à Parenteau. Lui permettre de vider son sac et de me donner une cascade de bonnes déclarations qui auraient fait jaser un brin ou deux, mais qui l’auraient sans doute plongé dans le pétrin trois brins ou quatre...

Je me suis gardé une petite gêne. De fait, je n’avais qu’une question à poser à Parenteau : et non ce n’était pas s’il était frustré. Car ça, c’était évident.

J’ai demandé à Parenteau s’il était apte et prêt à jouer. Ou si, lors de son retour au jeu à San Jose après une absence de 19 rencontres attribuables aux contrecoups d’une commotion cérébrale, il s’était rendu compte que son état imposait encore de la prudence.

La réponse a été vive : je suis prêt!

Un « je suis prêt » qui ne laissait aucun doute sur ses intentions de reprendre sa place au sein de la formation.

Après un match difficile à San Jose – et c’était tout à fait normal – un match au cours duquel les statisticiens de la LNH n’ont relevé aucun fait saillant de la part de Parenteau – pas de but, de passe, de point, pas de tir cadré, de tir bloqué, de tir hors cible, pas de mise en échec, pas de perte ou de vol de rondelle, pas de mise en jeu gagnée ou perdue, rien – je n’étais pas le moindrement surpris de voir Parenteau confiné à la galerie de presse à Anaheim et Los Angeles.

Après les Sharks qui avaient malmené le Canadien sur l’aspect physique, les Ducks et les Kings représentaient de grosses formations axées sur le jeu physique. Des formations qui minaient les chances de réussite de Parenteau dans le cadre de son retour au jeu.

Je croyais toutefois que Parenteau jouerait samedi, en Arizona. Contre des Coyotes misérables, l’occasion me semblait bien choisie pour donner la chance à Parenteau de se signaler. D’attaquer le filet, de peut-être marquer et d’ainsi refaire le plein de confiance en justifiant sa place au sein de l’un des deux premiers trios.

Car c’est bien pour le voir évoluer à la droite de David Desharnais ou de Tomas Plekanec que le Canadien a accepté de prendre ses deux années de contrat à 4 millions $ par saison alors que l’Avalanche acceptait le salaire (4 millions $) de Daniel Brière dont le contrat vient à échéance toutefois à la fin de la présente saison.

Juché sur la passerelle

Voilà que Parenteau sera juché sur la galerie de presse du Centre Bell dans le cadre du retour à domicile du Canadien mardi face au Lightning de Tampa Bay.

Une surprise?

Un peu oui. Car le Lightning n’est pas un club de matamore. C’est de fait tout le contraire alors que la meilleure attaque de la LNH – avec une moyenne de 3,28 buts marqués par match – affronte la meilleure défensive de la LNH, celle du Canadien avec Carey Price en tête qui n’accorde que 2,17 buts par partie.

Avec de tels paramètres dans l’équation, il est normal que le Canadien tienne à solidifier sa défensive alors que les Stamkos, Palat, Johnson et autres Kucherov font escale à Montréal.

Mais samedi en Arizona, le Canadien n’a marqué qu’un petit but aux dépens de Mike Smith ajoutant son deuxième filet dans une cage déserte.

Oui Mike Smith a été bon. Oui il a volé peut-être un ou deux buts au Tricolore, mais si Parenteau avait été sur la patinoire, est-ce que sa touche de marqueur aurait permis de transformer ses arrêts du gardien des Coyotes en buts pour le Tricolore?

Il est impossible de répondre à cette question.

Mais parce que le Canadien n’a marqué que six buts (dont un dans un filet désert) à ses quatre derniers matchs, il semble clair qu’il a besoin de renfort au sein de ses deux premiers trios.

Du renfort que le dernier droit menant à la date limite des transactions n’a pas permis d’obtenir. Mais comme P.-A. Parenteau est maintenant disponible, il pourrait devenir ce renfort dont le Canadien a besoin.

Surtout que s’il est vrai que Carey Price est une police d’assurance tous risques devant le filet du Canadien, un autre vieux principe selon lequel la meilleure défense est l’attaque vient appuyer les prétentions de P.-A. Parenteau.

Je ne suis pas convaincu que Parenteau amorcera la prochaine saison avec le Canadien. De fait, je suis pas mal convaincu du contraire. Mais tant qu’il est là, il me semble que le Canadien devrait lui donner l’occasion de se faire valoir en attaque. Peut-être pas tous les soirs, peut-être pas contre certains gros clubs physiques. Mais ce qui est clair, c’est que les chances de P.-A. Parenteau de contribuer aux succès offensifs du Canadien sont meilleures quand il est sur la glace que lorsqu’il est assis avec les journalistes sur la galerie de presse. Et ce n’est pas comme si le Canadien remplissait les buts adverses et qu’il pouvait se permettre de se passer de lui.

Therrien a de bons arguments

Si je comprends très bien P.-A. Parenteau de maugréer et qu’il ait un peu raison de le faire, on doit aussi se ranger, du moins en partie, derrière Michel Therrien et les motifs qu’il invoque pour justifier ses décisions.

Vrai que le Canadien a fait l’acquisition de nouveaux joueurs. Vrai qu’on profite des premiers matchs pour leur donner du temps d’utilisation afin de les familiariser avec leurs nouveaux coéquipiers, le nouveau système qui régit leur jeu.

Mais attention!

Devante Smith-Pelly est campé sur le flanc droit du troisième trio. Il a Jacob De La Rose à sa gauche et Lars Eller à l’extrême gauche. Que cela plaise ou non aux partisans, aux observateurs et à Parenteau lui-même, Michel Therrien a clairement indiqué avoir confiance en ce troisième trio qu’il gardera pour un bout de temps.

Au sein du quatrième, il est clair que l’intention d’offrir du temps d’utilisation à Torrey Mitchell et Brian Flynn coupe les jambes à Manny Malhotra.

Mais Parenteau n’est pas un joueur de quatrième trio. Ce n’est pas là qu’il devrait évoluer. Il est donc un brin exagéré de prétendre qu’il écope en raison des nouveaux venus.

Sauf que, et c’est là où Parenteau doit assumer sa part de responsabilité, on retrouve Dale Weise au sein de l’un des deux premiers trios sur le flanc droit.

Malgré toute sa bonne volonté, ses efforts, et les résultats qu’il a obtenus, Weise ne devrait pas être là. Et il n’y serait pas si Parenteau avait convaincu l’état-major de l’équipe de l’importance de le garder au sein de ces deux trios.

Pierre-Alexandre Parenteau est un marqueur de buts. C’est clair. Et comme je l’ai écrit plus haut, ses chances de marquer sont meilleures quand il est sur la glace que lorsqu’il est sur la galerie de presse.

Je veux bien.

Mais quand Michel Therrien, ses adjoints et le boss Marc Bergevin analysent leur formation, quand ils ont les yeux rivés sur leur tableau afin de jongler avec les noms pour composer leurs trios, ils réalisent que Dale Weise (9 buts, 26 points) leur a offert une production offensive avantageusement comparable à celle de Parenteau (6 buts, 15 points en 41 matchs).

Oui, Weise a disputé tous les matchs. Oui, il n’a pas été affecté par une commotion cérébrale et la grande noirceur qui lui est associée.

Mais contrairement à Parenteau, Weise a su maximiser les occasions qu’il a obtenues de jouer avec les meilleurs, dans des rôles plus offensifs. Et comme, en plus, il compétitionne à chaque présence, ou à peu près, qu’il est efficace en défensive, plus en tout cas que Parenteau, les coachs se disent qu’ils sont mieux servis avec lui sur le flanc droit de l’un des deux premiers trios, qu’ils le seraient avec Parenteau.

Et c’est là le drame de P.-A. Parenteau.

Il n’est pas confiné à la galerie de presse en raison de l’arrivée des nouveaux, mais en raison du fait qu’il s’est placé dans une situation ou Dale Weise a peut-être plus à offrir que lui à l’équipe. Du moins dans la tête des coachs. Et bien que Michel Therrien ne soit plus le genre de coach à pendre un de ses joueurs sur la place publique, je suis convaincu qu’il se dit que P.-A. Parenteau est bien plus responsable que lui de la situation actuelle. Qu’il lui a facilité les décisions en offrant du hockey qui manquait nettement de conviction et de production avant qu’il ne soit blessé.

Bon! Il faudra bien que Michel Therrien et le Canadien donnent une chance à P.-A. Parenteau de se racheter. De faire oublier sa première moitié de saison timide en lui offrant l’occasion de jouer et de s’imposer offensivement. De s’imposer tout court.

Ça viendra.

Mais pour le moment, je soupçonne Michel Therrien d’apprécier la situation actuelle et d’espérer que P.-A. Parenteau sera tellement piqué au vif par ses récents et fréquents retraits de la formation, qu’il « explosera » à son retour.

On verra!