MONTRÉAL - Foudroyé par la COVID en même temps que son équipe était foudroyée par les Penguins de Pittsburgh, Marc Bergevin a eu besoin d’une douzaine d’heures pour mettre le virus en échec.

 

« La COVID a frappé fort », a lancé d’entrée de jeu le directeur général lors d’un entretien téléphonique en fin d’après-midi samedi.

 

« J’ai eu de la fièvre, de la toux, j’ai été vraiment frappé », a ajouté Bergevin dont la conjointe n’a pas été épargnée par le virus.

 

Malgré les conséquences que lui et sa conjointe ont encaissées, le DG du Tricolore touche toutefois du bois : il est convaincu que les chances de transmission du virus au reste de l’équipe sont minces. Presque nulles. « Je n’ai pas eu de contacts directs avec les gars et les membres du staff avant le match de jeudi. Et après la partie, j’étais tellement en maudit que je suis rentré à la maison dès la fin de la troisième. Je ne suis pas descendu au vestiaire », a expliqué Bergevin.

 

Ducharme en sécurité

 

S’il n’a mis que 12 heures pour écarter les pires contrecoups associés à la COVID, Marc Bergevin convient qu’il sera plus difficile et plus long de sortir son équipe du pire début de saison de son histoire.

 

Avis est lancé à ceux et celles qui croient qu’un changement derrière le banc est nécessaire : Dominique Ducharme est en sécurité. Du moins pour l’instant.

 

« Il n’est pas question de faire un coup d’éclat simplement pour faire un coup d’éclat. Si Dom était à la barre du club depuis des années et que j’étais convaincu que les joueurs ne le suivaient plus, je pourrais considérer cette option. Mais Dominique a redressé l’équipe quand il est venu en relève la saison dernière. C’est le même gars qui livre le même message aujourd’hui qui a conduit cette équipe en finale de la coupe Stanley. Dominique a ajusté des choses. Il a pris des décisions – c’est avec 7 défenseurs et 11 attaquants que le Canadien affrontait les Predators samedi au Centre Bell – et on va voir comment les gars vont réagir. Mais on ne peut pas fermer les yeux sur les blessures et penser qu’il était possible de s’en sortir malgré les pertes de Shea Weber, Carey Price, Joel Edmundson, Paul Byron et les départs de Danault, Tatar et KK », a convenu le directeur général.

 

Suzuki à Montréal pour rester

 

Et une transaction, voire des transactions?

 

« Je parle avec tous les clubs et je me tiens au courant. Mais ça donnerait quoi de changer un gars de quatrième trio pour un autre gars de quatrième trio? Ce sont les noms de Nick (Suzuki) et Cole (Caufield) qui reviennent quand il est question de transactions importantes. Et ces deux gars-là sont à Montréal pour y rester. Si je reçois une offre qui me permet d’améliorer l’équipe, c’est sûr que je vais la considérer. Mais il n’est pas question de paniquer. En plus, de la façon dont les gars jouent en ce moment, les valeurs ne sont pas optimales. Ça n’aide pas », a expliqué Bergevin.

 

Le directeur général a aussi assuré qu’en dépit le début de saison catastrophique de l’équipe et le fait qu’il sera très difficile, voire impossible, de combler le retard accumulé au classement pour accéder aux séries, aucun joueur n’a cogné à sa porte pour réclamer une transaction.

 

Cela dit, l’incertitude entourant l’avenir de Marc Bergevin à la tête du Canadien l’empêche-t-elle de procéder à des transactions importantes où au congédiement de son entraîneur?

 

« Rien n’a changé quant à ma situation. Mais j’ai des échanges presque quotidiens avec Geoff (Molson) que ce soit au téléphone ou par le biais de textos. Il est au courant de tout ce qui se passe. Je le mettais toujours au courant de mes intentions dans le passé et je le ferais encore aujourd’hui. »

 

Il faudra plus que le retour des blessés

 

Bien qu’il insiste sur les conséquences des blessures pour expliquer, du moins en partie, les déboires de son équipe, Marc Bergevin reconnaît que ces blessures, aussi importantes soient-elles ne justifient pas tout.

 

Le manque d’engagement de ses joueurs est d’ailleurs au sommet de la liste des nombreuses déceptions colligées par Bergevin.

 

« On est meilleur que ce qu’on offre à nos partisans depuis le début de la saison. Je savais qu’il serait difficile d’atteindre le niveau des performances des séries, mais pas au point d’avoir 15 défaites après 19 parties. Les gars ont eu un très court congé en raison de notre présence en grande finale. Les blessures n’ont pas aidé. C’est clair. Mais les gars ne sont pas là physiquement et mentalement trop souvent. C’est inexcusable de jouer comme on l’a fait jeudi », a reconnu Bergevin qui ne croit pas que son coach ait à «tout casser» dans le vestiaire pour obtenir une meilleure implication de ses joueurs.

 

« L’époque des crises et des menaces est passée depuis longtemps. Il faut impliquer les gars dans le processus qui nous ramènera vers des victoires. ET ça commencera par leur niveau d’engagement. Le retour des blessés va aider. Un gars comme Carey peut sortir le club d’une léthargie avec de grosses performances. Mais ça va prendre plus que ça. Ça va prendre l’implication de tout le monde. »

 

Au fait, Carey Price se rapproche-t-il de son but?

 

« On va lui donner tout le temps dont il aura besoin. Il est revenu en forme de son séjour loin de l’équipe. Il doit franchir toutes les étapes nécessaires autant sur le plan physique que mental. On a dressé un plan avec lui et sa progression dictera la suite des choses. »

 

Le directeur général assure toutefois qu’en dépit l’importance des retours de Price, d’Edmundson et des autres blessés, il faudra se montrer patients.

 

« Les retours de Carey et d'Eddy (Joel Edmundson) vont grandement aider. Joel va certainement aider Jeff Petry à retrouver son niveau de jeu. Ils ont été très bons ensemble l’an dernier. Eddy a peut-être été notre défenseur le plus constant l’an dernier. Mais il faudra être patients avec lui et les autres blessés qui ont raté le camp d’entraînement. Ça va leur prendre plusieurs matchs avant de retrouver leur forme optimale. »

 

Norlinder en Suède?

 

Confiné à la maison pour une période de 10 jours, c’est de loin que le directeur général suivra les matchs de son équipe. Peut-être que ce recul lui permettra de voir les choses d’un autre œil.

 

Cette perspective lui permettra de mûrir les décisions qui devront bientôt être prises avec les jeunes joueurs de son organisation.

 

S’il est clair que Cole Caufield fait partie des plans à long terme du Canadien, le directeur général n’exclut pas la possibilité de le retourner à Laval.

 

« Il jouait bien avec le club-école et on avait besoin d’aide pour marquer des buts. On va lui donner la chance de justifier sa présence avec le grand club. S’il n’y parvient pas, il ira se développer à Laval », a mentionné le directeur général qui assure ne pas avoir l’intention de lui faire faire la navette entre la LNH et la Ligue américaine.

 

Quant à Mattias Norlinder, il est probable qu’il mette bientôt le cap sur sa Suède natale pour y rejoindre son club (Frölunda) en première division.

 

« Mattias a raté le camp lui aussi. On ne peut pas le juger sur ce qu’on voit en ce moment. Il va jouer quelques matchs et on devra prendre une décision rapidement. C’est possible qu’il retourne en Suède », a admis Bergevin.

 

En vertu d’une entente entre le Canadien et le club Frölunda, la direction du Tricolore doit faire une place au défenseur avec le grand club sinon elle doit le retourner en Suède. Ce qui ne sera pas un drame puisqu’il pourrait y poursuivre son développement dans une ligue solide.

 

Et Cayden Primeau?

 

« Les plans n’ont pas changé. On veut qu’il joue et qu’il joue beaucoup. Une fois que Jake (Allen) sera en mesure de revenir au jeu et à moins d’autres blessures, Cayden retournera à Laval pour poursuivre son développement en disputant le plus de matchs possible avec le Rocket. »