Pendant que leurs sept coéquipiers et 138 adversaires de la LNH s’apprêtent à entreprendre le tournoi olympique de Sotchi, les joueurs du Canadien qui n’ont pas reçu d’invitation de leur pays respectif sont en vacances.

D’ici la reprise des activités - le 19 février à 14 h - les Gionta, Georges, et autres Gallagher passeront du temps en famille. Que ce soit à la maison, sur des plages ou des allées de golf quelque part dans le Sud.

Ragaillardi par le retour sur les rails de son équipe dans le dernier droit menant à la trêve olympique, un retour qui a apaisé le vent de critiques qui remettaient en cause son statut d’entraîneur-chef, Michel Therrien a mis le cap sur la Floride. Chacun de leur côté, ses adjoints reprennent leur souffle eux aussi.

De tous les membres du Canadien - exception faite des sept joueurs et du gérant de l’équipement Pierre Gervais qui sont à Sotchi - seuls, Marc Bergevin et les membres de son équipe de recruteurs sont au travail.

En raison de la pause qui paralyse la LNH, Bergevin et ses spécialistes en dépistage et analyse de talent concentreront leurs activités autour de la Ligue américaine afin de compléter les évaluations susceptibles de mener à une ou des transactions d’ici la date limite du 5 mars. Campé dans la région de Chicago, où il a rejoint sa famille qui ne l’a pas suivi à Montréal, le directeur général du Canadien pourrait aussi lorgner du côté des rangs amateurs afin de vérifier la progression des jeunes qui seront disponibles lors du prochain repêchage.

Parallèlement aux mandats dépistage et de recrutement qui composent une partie de son travail, Marc Bergevin pourrait profiter de la trêve pour avancer dans la renégociation des contrats de P.K. Subban, Andrei Markov et Brian Gionta.

Markov et Gionta profiteront de leur autonomie complète le premier juillet prochain s’ils ne s’entendent pas d’ici là avec le Canadien. Ou avec une autre formation s’ils devaient être échangés d’ici à la date limite des transactions.

On reviendra sur les dossiers de Markov et Gionta plus tard cette semaine ou la semaine prochaine. Ça ne presse pas vraiment, puisqu’ils ne peuvent changer d’adresse durant la trêve olympique.

P.K. Subban ne peut changer d’adresse lui non plus.

Mais une nouvelle disposition de la convention collective offre, à Subban, un autre avantage sur le Canadien dans le cadre des négociations visant à faire de lui le joueur le mieux payé de l’histoire du Tricolore.

Des négociations qui sont au point mort pour l’instant. Car depuis la rencontre préliminaire entre le clan Subban et le Tricolore, au milieu du mois de novembre, les deux parties n’ont pas eu d’autres discussions.

Pourquoi attendre?

La question mérite d’être posée, car après des discussions multipliées autour de la LNH au cours des derniers jours, agents, directeurs généraux et anciens directeurs généraux s’entendent pour dire que le contrat qui liera le Canadien à son spectaculaire jeune défenseur sera d’une durée de huit ans. Et qu’il oscillera entre les 60 et 64 millions $.

Court terme trop risqué

Lorsqu’il a été question des négociations opposant le Canadien et Subban, l’automne dernier, je vous avais suggéré que le défenseur devrait lorgner un contrat à court terme plutôt qu’un contrat à long terme.

De cette façon, Subban aurait gardé les portes toutes grandes ouvertes à des contrats plus lucratifs encore lorsque le plafond salarial atteindra les 85, 90, voire 100 millions $ d’ici quelques années.

Selon trois agents habitués à jongler avec des contrats aussi imposants que celui qui attend Subban, cette stratégie est trop risquée pour être tentée.

«S’il avait déjà écoulé un long et gros contrat, je lui suggérerais une telle stratégie. Mais comme il en signera un premier, ma stratégie serait de maximiser autant la durée que l’aspect monétaire. On n’est jamais à l’abri d’une blessure. Il n’a pas de risque inutile à courir ici», m’a indiqué un agent reprenant les grandes lignes du discours de ses deux homologues.

Offres hostiles

Puisqu’il semble être dans l’intérêt de Subban et du Canadien de s’entendre sur les paramètres d’un contrat à très long terme, pourquoi ne pas s’entendre rapidement?

Surtout qu’en plus de son talent, de son charisme, et de sa popularité, Subban pourrait profiter de la complicité des autres clubs de la LNH pour mousser davantage sa valeur.

À titre de joueur autonome avec compensation, P.K. Subban pourrait, s’il n’a pas accepté l’offre qualificative déposée par le Canadien ou toute autre offre de contrat du Tricolore, recevoir une offre hostile déposée par l’une des 29 autres équipes de la LNH.

Cette procédure n’est pas nouvelle.

Mais dans la nouvelle convention, les 29 autres clubs de la LNH pourraient présenter une offre à Subban même si le Canadien devait décider de régler le litige en arbitrage.

Dans l’ancienne convention, une demande d’arbitrage protégeait l’équipe qui se tournait vers cette procédure administrative de toute offensive hostile d’une autre formation.

Ce n’est plus le cas.

S’il est clair que plusieurs équipes de la LNH pourraient décider de se prévaloir de déposer une offre hostile à Subban si cette possibilité était toujours une option, les agents de même qu’un directeur gérant contacté la semaine dernière invitaient les partisans du Canadien à ne pas broyer du noir trop vite.

« Je ne connais pas un DG qui serait assez fou pour déclarer la guerre au Canadien avec une telle offre hostile », m’a assuré un directeur général dont je tairai le nom pour des raisons évidentes.

« Les équipes déposent des offres hostiles contre des équipes qui sont fragiles sur le plan financier. Les Flyers l’ont fait l’an dernier contre les Predators de Nashville dans le cas de Shea Weber. Les Flames de Calgary l’ont fait également contre l’Avalanche du Colorado dans le dossier Ryan O’Reilly. Les Flyers comme les Flames espéraient que les Preds ou l’Avalanche refuseraient de les suivre. Avec le Canadien, c’est une tout autre histoire. Cette équipe a les reins tellement solides sur le plan financier, que personne ne prendrait cette chance », m’ont assuré les expérimentés agents contactés.

Âgé de 24 ans, P.K. Subban s’amène à la table de négociations avec tous les atouts cachés dans des manches. En fait non ! Ils ne sont même pas cachés.

Les spécialistes des questions contractuelles conviennent qu’il touchera un salaire oscillant entre 7,5 et 8 millions $ par année pour la durée maximale prévue à la convention : huit ans.

Si le Canadien décidait d’imposer une ligne dure, Subban pourrait se tourner vers l’arbitrage.

Une telle procédure ouvrirait la porte à une ou des offres hostiles. Ce qui n’est certainement pas à l’avantage du Canadien.

Pis encore, après les deux années du contrat imposé par l’arbitre - ces contrats décidés en arbitrage sont d’une durée d’une ou deux saisons au choix de l’équipe - Subban pourrait à 26 ans profiter d’une autonomie complète et ainsi offrir ses services à tous les clubs de la LNH afin de faire monter les enchères.

Comme quoi, en plus de s’occuper de son travail de dépisteurs, Marc Bergevin aurait peut-être intérêt à profiter de la trêve olympique pour lancer les négociations avec son défenseur vedette. Car peu importe l’angle avec lequel on regarde ce dossier, le Tricolore a plus à perdre qu’à gagner en retardant l’inévitable dépense qui l’attend avec le contrat de Subban.

À moins que le Canadien ne décide de l’échanger.

Un scénario qui semble improbable, impossible, impensable. Faites votre choix!