Le Canadien a beaucoup mieux joué – il aurait été difficile de faire pire cela dit – que jeudi à Buffalo. Dans le cadre de son grand retour devant ses partisans depuis sa présence en finale de la coupe Stanley l’été dernier, il a disputé devant des gradins remplis au Centre Bell depuis le 10 mars 2020. Une éternité de 585 jours.

Parlant de gradins remplis : le Tricolore a annoncé une salle comble samedi soir. Bon! Les billets avaient peut-être tous été vendus, mais il y avait certainement 700 ou 800, peut-être même 1000, bancs vides sans compter au moins une loge totalement inoccupée. Ces quelques sièges inoccupés n’ont toutefois rien enlevé de l’intensité, voire de la frénésie, ressentie dès l’entrée des premiers partisans dans l’amphithéâtre. Une frénésie qui s’est intensifiée lors de la présentation des joueurs alors que Cole Caufield, Nick Suzuki et Jonathan Drouin ont reçu le plus bel accueil des partisans.

C’est toutefois Carey Price, malgré son absence, qui a reçu la plus belle ovation.

Continuons avec les bonnes nouvelles :

Christian Dvorak a connu un autre match solide pour le Canadien. À mes yeux, il a été le meilleur joueur de son camp et par beaucoup.

Dvorak joue bien. Très bien même. Loin d’être flamboyant, il se contente de multiplier les bons jeux. Avec et sans la rondelle. Il a gagné, encore samedi, plus que sa part de mises en jeu – 15 gagnés sur les 22 qu’il a disputées – il a aussi offert une passe parfaite à Drouin dans l’enclave d’où il n’a eu qu’à tirer dans une cage déserte tant Igor Shesterkin, aussi bon a-t-il été samedi, n’a jamais eu le temps de réagir.

Drouin est donc rendu à deux buts après trois matchs. Avec Dvorak et Josh Anderson, ils ont formé le meilleur trio du Canadien.

Jake Evans a démontré de belles aptitudes offensives en distribuant des occasions de marquer à gauche et à droite.

Après un camp bien ordinaire et deux premiers matchs qui l’ont été tout autant, Cédric Paquette et Mathieu Perreault ont permis à Dominique Ducharme de compter sur un trio capable de batailler sur la patinoire au lieu de se contenter d’y faire acte de présence.

Menés par Jeff Petry, les six défenseurs ont été plus efficaces samedi que lors des deux premiers matchs. On est loin du « Rideau de fer ». Et les brèches provoquées par les absences de Shea Weber et Joel Edmundson sont loin d’être colmatées. Mais les permutations d’Alexander Romanov et de Brett Kulak – le premier s’est retrouvé à la gauche de Petry et le deuxième avec Chris Wideman au sein du troisième duo – ont donné un brin plus de cohésion sur la glace.

Quoi d’autre? Jake Allen a encore été solide en relève à Price. Victime de deux buts sur les 23 tirs des Rangers qu’il a affrontés, Allen n’a rien à se reprocher. Du moins pour le moment. Après deux sorties, il affiche une moyenne de 2,05 buts alloués par match et une efficacité de 92,5 %.

Des ailes et un but gagnant pour Lafrenière

Les mauvaises nouvelles maintenant?

Malgré la performance d’Allen devant sa cage, malgré le brio de Dvorak et de ses compagnons de trio, malgré une meilleure cohésion du groupe de défenseurs, malgré l’énergie insufflée par des partisans qui étaient visiblement heureux de se redonner rendez-vous au Centre Bell eh bien le Canadien a perdu.

Il s’est incliné 3-1 aux mains des Rangers de New York, de Gerard Gallant qui a signé sa première victoire à titre d’entraîneur-chef des Blue Shirts et surtout d’Alexis Lafrenière qui a marqué le but de la victoire dans le cadre de son premier match en carrière face au Centre Bell contre le Canadien. Un beau but qui a complété une très belle séquence orchestrée par Mika Zibanejad. Le meilleur joueur des deux formations samedi soir.

Lafrenière avait des ailes samedi soir au Centre Bell. À la grande joie de ses parents et des autres membres de sa famille qui avaient tapissé une loge aux couleurs des BlueShirts, Lafrenière n’a pas seulement marqué un but. Il a terminé sa soirée avec cinq tirs et a distribué trois mises en échec. Le genre de performance qui explique sa présence au sein du premier trio des Rangers. Le genre de performance qui l’assurera de maintenir cette place avec Zibanejad et Chris Kreider.

« Je réalisais un rêve aujourd’hui. Je me suis assuré de maintenir ma routine habituelle – afin de transformer la pression associée à cette première visite au Centre Bell, un samedi soir, contre le Canadien en énergie positive plutôt qu’en agent paralysant – mais je dois admettre que j’avais des papillons avant la partie. J’ai la chance de jouer avec deux joueurs excellents et je m’assure de les compléter le mieux possible en gardant les choses simples sur la patinoire. »

Gallant étant le type de coach capable d’être dur lorsque c’est nécessaire, mais aussi d’être reconnaissant à l’endroit des joueurs qui travaille fort et bien, il est clair que Lafrenière n’a pas obtenu le droit d’évoluer avec Zibanejad et Kreider simplement parce que les Rangers faisaient escale au Centre Bell.

« Cette place au sein de ce trio, Alexis l’a mérite, car il a été l’un de nos meilleurs joueurs depuis l’ouverture du camp. On aime le talent d’Alexis et on aime surtout le fait qu’il s’assure de donner l’effort nécessaire pour bien jouer dans toutes les facettes du jeu. Il est encore très jeune, mais son niveau d’implication lui permet de maximiser ses habiletés », a souligné l’entraîneur-chef des Rangers.

Tendances négatives

Pourquoi le Canadien a perdu?

Parce qu’en dépit tout ce qu’il a fait de bien et de bon, il s’est contenté d’un maigre but dans un troisième match de suite.

Parce qu’en dépit du fait qu’elle a créé de meilleures occasions de marquer sur les cinq tirs obtenus, l’attaque massive a été blanchie en trois occasions.

Parce qu’en dépit de la performance d’Allen et de ses défenseurs, l’attaque à cinq des Rangers a touché le fond du filet... elle!

L’échantillonnage est encore trop fragmentaire pour partir en peur. Mais quand même. Après trois matchs, l’attaque à cinq en toujours en quête d’un premier but. Elle a été blanchie en 11 occasions. Inversement, le Canadien a donné au moins un but en désavantage numérique dans chacune de ses trois parties. Il a été victime de cinq buts en 15 occasions ce qui donne une « inefficacité » de 66,6 %. Le chiffre 666 sonne juste quand il est chanté par Bruce Dickinson – excusez la référence à Iron Madden – mais il sonne faux en matière d’efficacité pour des spécialistes du désavantage numérique.

Il serait injuste et injustifié de se lancer dans des conclusions après trois rencontres. Surtout que le Canadien nous a habitués à produire en vagues lors des attaques massives.

Mais un fait demeure :

Démuni comme il est en raison des blessures qui le privent d’acteurs de premier plan dans toutes les facettes du jeu, le Canadien doit trouver une manière de profiter des attaques massives qu’il obtient et doit minimiser les conséquences négatives des supériorités numériques qu’il accorde.

Et ce serait une bonne idée d’en offrir un peu moins. À tout le moins, d’en offrir moins qu’il en obtient.

Samedi, le Canadien méritait les quatre pénalités mineures écopées aux dépens de joueurs des Rangers. Il aurait même dû en écoper une cinquième alors que Lafrenière a été coupé au menton sur la séquence qui a mené à son but.

Ces quatre pénalités auraient pu être évitées si les joueurs du Tricolore avaient été plus disciplinés avec leur bâton : accrochage, bâton élevé, double-échec. La Ligue a décidé d’être plus sévère face aux doubles-échecs. On l’a vu sur la deuxième pénalité imposée à Wideman. Une pénalité dont Weber se serait peut-être tiré en raison de son statut et de sa réputation. Mais dans le cas de Wideman et de tous les autres arrières du Canadien, c’est deux minutes au cachot qui les attendent après un coup du genre.

Combien de temps durera cette nouvelle façon d’arbitrer? La question est bonne. Et je n’ai pas de bonne réponse à offrir. Sauf que pour le temps que ça durera, il faudra que le Canadien affiche plus de discipline afin de les éviter. Parce que cette équipe perdra plus de matchs qu’elle n’en gagnera lorsqu’elle offrira plus d’attaques massives à ses adversaires qu’elle en obtiendra.

Entre les lignes

Parce qu’il est difficile, voire impossible, d’assurer le respect du port du masque dans tous les coins et recoins du Centre Bell, les visages découverts se comptaient par centaines lors du match de samedi. Invités par des gardiens de sécurité embauchés pour l’occasion à remettre ou remonter leur masque, les partisans obtempéraient sur-le-champ, avant de rabaisser leurs masques aussitôt les gardiens partis vers d’autre récalcitrants à ramener dans le droit chemin...

Vrai que les partisans présents étaient tous doublement vaccinés. Mais ça ne change rien au fait que la pandémie n’est pas terminée et que même les amateurs doublement vaccinés peuvent aussi être frappés par la Covid et continuer à propager le virus qu’on tente collectivement de contenir depuis bientôt deux ans...

Un gros bravo au génie de la firme PixMob qui a illuminé de toutes les couleurs le Centre Bell par le biais des bracelets installés aux poignets des amateurs. Cette technologie arriverait à donner l’impression que les fans des Maple Leafs sont capables, eux aussi, de mettre de l’ambiance lors d’un match de hockey...

Les responsables des cérémonies d’avant-match auraient d’ailleurs dû demander l’aide de la compagnie montréalaise pour illuminer la présentation des joueurs : après avoir fait leur entrée sous les projecteurs installés dans le coin où les resurfaceuses entrent et sortent de la patinoire, les joueurs se retrouvaient dans la pénombre dès leurs premiers coups de patin. Une fois sous l’écran géant où ils faisaient une pause pour saluer la foule avant d’aller s’installer sur la ligne bleue, les joueurs étaient difficiles à identifier tant ils étaient plongés dans le noir. À moins que l’objectif était de mettre en évidence les signatures des joueurs présentés scintillant sur la glace, la mise en scène était loin d’être réussie...

Parlant de mise en scène, j’aurais aimé que le Canadien incite Weber à faire fi de la blessure qui pourrait le contraindre à rater la saison pour s’assurer que le capitaine soit présenté à la foule samedi. Je sais, cette présentation n’aurait été que symbolique, mais quand même. Weber est toujours le capitaine de cette équipe et le capitaine, même blessé, aurait dû être à la tête de ses coéquipiers...

À l’image de Weber, Price et Edmundson brillaient eux aussi par leur absence samedi. Le premier est actuellement dans un endroit inconnu afin de se concentrer sur le protocole d’aide aux joueurs en difficultés auquel il s’est volontairement inscrit afin de contenir d’abord et d’éliminer ensuite les ennuis psychologiques qui le minent depuis sa défaite et la défaite de son équipe aux mains du Lightning de Tampa Bay en finale de la coupe Stanley en juillet dernier...

Quant à Edmundson, il se remet graduellement de la blessure au dos qui l’empêche d’entreprendre le calendrier avec ses coéquipiers. C’est toutefois en raison d’une très mauvaise nouvelle qui a frappé sa famille au cours des dernières heures qu’il a raté les retrouvailles avec les partisans...

C’est congé dimanche chez le Canadien. Photo d’équipe et entraînement lundi afin de se préparer à affronter les Sharks, les Hurricanes et les Red Wings qui se succéderont au Centre Bell mardi, jeudi et samedi...

Bon dimanche!