Pour une courte période, les choses semblent aller mieux pour le Canadien qui a traversé un passage à vide à la fin du mois de novembre.  L'équipe semble avoir retrouvé son niveau de confiance et son jeu défensif quoique les choses n'ont pas été faciles lors des deux derniers matchs.

Le Canadien a trouvé une façon de gagner à Chicago dimanche. Ça n'a pas été facile tant du point de vue de l'effort que de l'exécution, mais les gars ont trouvé une façon de gagner et en fin de compte, c'est ce qui est le plus important. Cette victoire dénote une marque de caractère.

Quant à la partie de mardi au Minnesota, il faut l'oublier le plus vite possible. On va dire que c'est une erreur de parcours, mais il faudra en tirer des leçons rapidement et apprendre. Claude Julien ne peut pas être satisfait des deux derniers matchs des siens, mais dans l'ensemble, le Canadien semble s'être retrouvé.

Le retour au jeu de Shea Weber semble avoir vraiment changé le niveau de confiance et l'identité de cette équipe. Il est évident que le retour du capitaine n'est pas le seul responsable de ce redressement, mais la présence de Weber amène une dose au niveau de la confiance collective et de l'effort. La qualité de son jeu sur la patinoire fait son effet au niveau de la stabilité. On l'avait peut-être oublié, mais Weber démontre depuis son retour au jeu à quel point il est fiable. Et comme il joue presque une minute sur deux, il a un impact direct sur la qualité de la défensive.

Weber a aussi un effet sur l'ambiance générale. Il permet à un vétéran comme Jeff Petry de souffler un peu, lui qui a offert du hockey de grande qualité en l'absence de son coéquipier. On sentait de plus en plus que Petry avait besoin d'aide. De façon générale, on sentait que le groupe de défenseurs s'essoufflait. Weber est arrivé juste à temps pour stabiliser les choses tant dans le vestiaire que sur la glace.

Je me souviens quand Peter Forsberg revenait au jeu quand j'évoluais avec les Flyers de Philadelphie. Il changeait notre identité en attaque de façon importante. La présence d'un leader est importante pour les jeunes et dans la préparation des joueurs. C'est aussi une question d'attitude. L'impact d'un tel retour est vraiment concret.

Un vétéran comme Weber ou Forsberg à mon époque a une présence rassurante. Les moments de panique sont plus tranquilles dans un vestiaire quand il y a de tels vétérans pour calmer le jeu. Ils ont cette capacité de prendre en charge les choses, et ce, autant dans le vestiaire que sur la patinoire. Je ne sais pas si c'est le type de joueur qui parle beaucoup, mais je suis persuadé que lorsqu'il ouvre la bouche, ses paroles ont une plus grande portée que n'importe qui d'autre.  On ne devrait jamais justifier les revers de fortune d'une équipe par l'absence d'un joueur, mais c'est un peu comme une présence paternelle dans une famille. C'est rassurant. En sa présence, il y a peut-être moins d'écarts de conduite et plus de respect.

« On ne peut pas remplacer un Shea Weber »

Le retour au jeu de Weber a eu un impact sur la qualité du travail de Carey Price. Ce n'est pas une cachette parce que la seule présence du capitaine fait en sorte qu'il y a subitement moins de chances de qualité de marquer. Il y a surtout moins de chances de compter sur les retours de lancers. L'adversaire doit travailler plus fort pour obtenir un but. Il y a des détails que l'on ne voit pas à la télévision, mais qui frappent aux yeux sur place. Par exemple, le numéro 6 est gros. Il prend de la place sur la patinoire et ça parait. Sa présence est intimidante et sa façon de jouer apporte beaucoup. Elle n'est pas spectaculaire, mais je peux vous dire que la rondelle sort  vite du territoire, ce qui diminue du coup les chances de marquer pour l'adversaire. Tout est plus stable depuis son retour.

Weber corrige plusieurs petits détails qui font une grosse différence. En plus, sa présence permet de mieux doser l'utilisation de certains joueurs pour que ce soit plus approprié à leur niveau.

Marc Bergevin regarde

Les équipes de la Ligue nationale ont jusqu'au 19 décembre pour procéder à des transactions avant un arrêt complet pendant la période des Fêtes. Marc Bergevin, comme ses homologues, tâte le terrain. Comme observateur, je n'ai pas d'attentes.  L'équipe n'est pas au pied du mur pour dire qu'il faut absolument un échange parce que les choses vont relativement bien.

C'est évident que si la chance de mettre la main sur un défenseur gaucher qui est capable de manger beaucoup de minutes se présentait, Bergevin écouterait attentivement.  Ça pourrait stabiliser les choses.

Mais pour l'instant, il n'y a rien pour paniquer. Je ne pense pas qu'il y ait d'urgence de bouger avant Noël. Bergevin a un plan et il semble savoir où il s'en va. Il ne faut surtout pas se laisser aveugler par un bon début de saison pour changer le plan. Il faut plutôt regarder à moyen et long terme en développant des jeunes et leur laisser de la place.

Les succès relatifs du Canadien ne doivent pas faire changer le plan de la haute direction. Bergevin a eu la main heureuse avec ses échanges au cours des derniers mois, mais les résultats auraient pu être autrement. Les acquisitions comme Max Domi et Tomas Tatar et l'ajout de Jesperi Kotkaniemi ont su faire oublier ceux qui ont quitté. Je pense que le DG peut souffler et il ne faut surtout pas qu'il change son plan. Il faut donner une chance aux jeunes de se développer dans des rôles où ils peuvent contribuer. Il faut leur en donner juste assez pour éviter qu'ils perdent confiance. Si l'on fait une transaction, il faut s'assurer que ça va placer les jeunes dans une position où ils pourront avoir du succès.

*propos recueillis par Robert Latendresse