Le Canadien aurait dû gagner. Les Sabres de Buffalo, en dépit de quelques victoires arrachées ici et là demeurent une très mauvaise équipe de hockey et le Tricolore, sans avoir disputé un grand match, a suffisamment bien joué pour gagner.

Mais il a perdu.

Il a perdu parce que dans le cadre du vendredi noir le Canadien s’est contenté d’une petite soirée grise.

Après quatre journées de repos, plusieurs joueurs semblaient bien plus lourds que lors des séquences difficiles de deux matchs en deux soirs, de trois parties en quatre jours et les toujours éreintantes quatre en six traversées depuis le début de la saison.

Bien qu’il ait attendu la troisième période pour vraiment se mettre en marche le premier trio (13 tirs au total dont 8 par Pacioretty) a été bon, sans être assez incisif. Dans l’ombre du premier trio, les autres ont été trop ordinaires pour faire tourner la chance de leur côté.

Et que dire de P.K. qui a joué sans lustre une fois encore ? Bon ! Les Sabres et Buffalo étant un club et une ville éteignoir, il est vrai que Subban ne profitait pas d’une grande scène sur laquelle il aime se mettre en évidence.

Mais quand même.

Avec des tirs des poignets décochés de n’importe où, des tirs qui n’avaient pas de puissance, des tirs qui n’avaient rien pour faire frémir ses adversaires à commencer par le gardien Jhonas Enroth, Subban n’a pas fait ce que son équipe et ses partisans sont en droit de s’attendre de sa part.

Je ne suis pas inquiet. Du moins pas vraiment. J’ai toujours la conviction que Subban n’est pas écrasé dans le confort de son mirobolant contrat – 8 ans et 72 millions $ -- et qu’il brillera à un moment donné cette saison. Mais après un quart de saison disputé à faible régime, il serait temps qu’il mette une goutte ou deux d’éther dans sa bouteille d’eau et qu’il fasse des explosions plutôt que des implosions.

Le Canadien a besoin de lui pour confirmer sa place parmi les meilleurs clubs de la LNH. Une place qui est difficilement justifiable si l’on considère que le Tricolore ne marque pas beaucoup de buts, qu’il présente un différentiel négatif (moins-) depuis le début de la saison, que son attaque massive et bien passive.

Emelin coupable

Subban et les gros canons ne sont pas directement responsables de la défaite encaissée à Buffalo. Mais ils sont responsables du fait que le Canadien n’a pas marqué assez de buts pour se défaire d’un adversaire dont il aurait facilement dû se défaire.

Qui sont les responsables ?

Alexei Emelin occupe la première place sur la liste des suspects. Eh non ! Ce n’est pas pour sa pénalité stupide aux dépens de Brian Gionta à qui il a infligé une mise en échec à la tête avec moins de deux minutes à faire en troisième période.

Ce n’est pas le coup à la tête – pénalité méritée qui ne devrait toutefois pas entraîner de sanction supplémentaire en dépit de son statut de récidiviste – qui soit le plus grave sur ce geste, mais le moment du match choisi pour l’effectuer. Avec moins de deux minutes à faire, alors que le Canadien s’assurait d’un point au classement et des fortes probabilités d’en ajouter un autre en prolongation ou en tir de barrage, Emelin devait éviter le cachot. Il ne l’a pas fait et les Sabres en ont profité sur un vilain bond de la rondelle sur la baie vitrée, bond qui a déjoué Carey Price et qui a surtout donné un but gagnant facile à Matt Moulson.

La prise de décision sur la pénalité qui a conduit au but qui a miné les chances de victoire du Canadien a été bien mauvaise. Mais l’incapacité d’Emelin de composer avec Tyler Ennis en première période a été bien pire.

Bon ! Ennis est un rapide patineur. Emelin est lourdaud sur patins. Malgré ce désavantage évident, Emelin devait avoir recours à sa force physique pour bloquer l’accès au but au petit joueur des Sabres. Au lieu de résister à Ennis, Emelin a été contourné comme un cône et il n’a rien pu faire, rien de rien, pour aider la cause de son gardien. Il lui a d’ailleurs nui.

Pas question de minimiser la qualité du jeu effectué par Ennis. De diminuer son talent et la grande dextérité qu’il a démontrée pour déjouer Price du revers après avoir survolé une partie de la zone réservée au gardien.

Mais si Emelin avait fait son travail comme du monde, la poussée d’Ennis serait allée mourir dans le coin de la patinoire au lieu de faire autant de dégâts.

Attaque à cinq

L’attaque massive du Canadien n’a pas été vilaine à Buffalo. P-A Parenteau a d’ailleurs marqué alors qu’on l’a finalement vu à la pointe lors de la troisième supériorité du Tricolore.

Ce n’est toutefois pas en raison de sa présence à la pointe gauche que Parenteau a marqué. Que non ! Attaquant doté d’un flair de marqueur, Parenteau a quitté la pointe pour filer au filet et plonger vers le gardien – à la façon de Brendan Gallagher – pour pousser sous le gardien des Sabres une rondelle qu’il croyait avoir immobilisée. Un défenseur serait sagement demeuré à la pointe au lieu d’imiter Parenteau qui a vu ses efforts récompensés.

En passant, après deux matchs face aux Sabres cette saison, Parenteau est le seul joueur du Tricolore à avoir marqué à leurs dépens. Deux buts en temps réglementaire et un autre, gagnant celui-là, en tirs de barrage. Bravo pour Parenteau ! Mais quoi penser de ses 17 autres coéquipiers tenus en échec par un club qui n’est ni fort à l’attaque, en défense ou devant le filet…

Au-delà de la stratégie qui a souri à Michel Therrien et au Canadien, les deux premières attaques massives n’ont pas été vilaines en dépit des buts qui ne sont pas venus.

Sergei Gonchar et Andrei Markov ont placé des rondelles au filet. Des rondelles que leurs coéquipiers auraient pu pousser derrière Enroth s’ils avaient été en mesure de gagner leurs batailles devant le filet. Mais bon ! Au moins ils y étaient.

Je ne comprends toutefois pas pourquoi ce sont des petits joueurs qui bataillent ces positions alors que des plus gros attendent leur tour. Il me semble qu’il serait temps de dépêcher les Jiri Sekac et même Dale Weise de temps en temps pour survolter l’attaque à cinq qui en a bien besoin

Et Galchenyuk ? Le jour où il comprendra qu’il a non seulement le droit de tirer, mais qu’il a le devoir de le faire au lieu de multiplier les feintes avant de finalement perdre la rondelle, Galchenyuk méritera du temps d’utilisation de qualité en attaque massive. Mais pour le moment, le jeune se cherche. Il tente de trop en faire et le résultat est désolant.

Pas question de paniquer dans son cas. C’est l’expérience qui rentre et le balancier reviendra un jour de son côté.

Parlant de balancier, je suis entièrement d’accord avec Michel Therrien lorsqu’il dit que son équipe a subi hier un coup de sort qu’elle a fait subir à plusieurs de ses adversaires en début de saison. Le Canadien a gagné plusieurs matchs qu’il ne méritait pas gagner en début d’année. Non seulement a-t-il effectué des remontées tardives pour sauver un point, mais quatre fois en tirs de barrage et une fois en prolongation, il a ajouté un point de plus à ce point «volé» sur la route. Tous ces points expliquent pourquoi le Tricolore est si haut perché au classement général en dépit des lacunes évidentes qui soulèvent autant de questions autour de la LNH.

Hier, il aurait pu gagner. Ou au moins s’offrir un point dans un revers. La mauvaise pénalité écopée par Emelin et la loi de la moyenne ont fait pencher le balancier de l’autre côté.

Avec un voyage pas évident de quatre matchs en six soirs à Denver, St-Paul, Chicago et Dallas qui se profile la semaine prochaine, le Canadien est bien mieux de retrouver son équilibre dès samedi et de ne pas encore gaspiller les deux points «faciles» offerts dans le cadre d’un autre duel contre les Sabres de Buffalo.

Sinon la semaine pourrait être difficile.

Des signes positifs en terminant :

À son premier match, Eric Tangradi n’a pas été mauvais. Mais si les autres autour de lui avaient joué à la hauteur de leurs capacités, Tangradi serait demeuré dans l’ombre…

Manny Malhotra a remporté 18 des 22 mises en jeu qu’il a disputées pour une excellente moyenne d’efficacité de 78 %. Bravo ! Il serait peut-être temps qu’il récolte un premier point cette saison. Après 24 matchs, ce ne serait pas trop demandé. Du moins, il me semble…

Jiri Sekac continue de m’impressionner par le dynamisme qu’il déploie sur la patinoire à chacune – ou presque – de ses présences. Cela dit, il ne contribue pas encore sur une base assez régulière pour justifier une place permanente au sein des deux premiers trios. Mais si on lui offrait la chance de temps en temps, peut-être qu’il saurait en profiter…

Bryan Allen a asséné cinq des 15 mises en échec distribuées par le Canadien hier. C’est beaucoup. Allen ne mettra jamais en péril les records de Bobby Orr, mais il sait être efficace et si François Beauchemin était tombé au combat, il y a 10 jours, les Ducks ne l’auraient sans doute jamais cédé au Canadien. Mais parce qu’il est là, parce qu’il se défend bien et que Mike Weaver fait lui aussi le boulot qu’on attend de lui, Tom Gilbert est confiné à la galerie de presse. Il pourrait bien y rester un moment à moins d’une blessure ou de la décision de Michel Therrien de jouer avec sept défenseurs…

Scène un, prise deux, samedi soir au Centre Bell. Je veux bien croire que le Canadien n’aime pas surtaxer Carey Price avec deux sorties en deux soirs, mais parce que le Tricolore ne peut se permettre de perdre deux soirs de suite contre Buffalo et parce qu’il doit amorcer son voyage sur une bonne note, je ne vois pas comment on pourrait favoriser Tokarski à Price. On verra…