MONTRÉAL – C’est avec les jointures meurtries, mais la tête haute que Jarred Tinordi s’est présenté devant les médias au terme de sa première rencontre avec le Canadien en plus de trois mois.

Après avoir dû manger son pain noir dans les mineures, Tinordi a hérité d’une occasion en or de démontrer sa progression à la suite de la blessure subie par Alexei Emelin mercredi soir. Toutefois, Tinordi n’a pas été envoyé dans la mêlée dans le contexte le plus évident.

En effet, le Canadien complétait une série de trois matchs en quatre jours et la brigade défensive était aussi privée d’un autre pilier en Sergei Gonchar. Cela dit, le colosse, qui fêtera son 23e anniversaire vendredi, ne cherche pas d’excuses et il voulait satisfaire les dirigeants de l’organisation.

« Je trouvais que je patinais bien, mais mon exécution aurait pu être meilleure sauf que c’était mon premier match », a brièvement analysé Tinordi qui n'a pas apprécié le coup de son adversaire quand il était déjà étendu sur la glace après leur combat.

Même si c’était court comme commentaire, Tinordi a visé juste. À quelques occasions, il a raté des jeux disponibles et il s’est aussi débarrassé de la rondelle quand ce n’était pas nécessaire à d’autres occasions. Par contre, la progression de Greg Pateryn depuis son match de la veille démontre que Tinordi mérite un peu plus de temps.

Son objectif est simple, il veut convaincre l’état-major du CH qu’il peut être à la hauteur et qu’une transaction n’est pas nécessaire.

« Oui (j’aimerais le démontrer), mais ils prendront la décision. C’est définitivement une belle opportunité pour moi de saisir cette ouverture. Je dois m’assurer de jouer à mon plein potentiel et ils trancheront ensuite », a convenu Tinordi qui était heureux de patiner avec Pateryn, un partenaire qui lui est familier.

Sans avoir été irréprochable, Tinordi a reçu l’appui de ses coéquipiers et de l’entraîneur à la suite de la partie.

« Ce n’est pas facile d’embarquer dans un match après un long séjour dans la Ligue américaine », a rappelé Nathan Beaulieu en connaissance de cause.

« Il a été très physique et il a fait ce qu’il devait faire », a visé Michel Therrien. « En ajoutant Pateryn et Beaulieu, ça fait que notre brigade est très jeune, mais on n’a pas alloué beaucoup de chances aux Panthers ce qui est positif. »

« On avait six recrues dans notre formation et ils ont tenu leur bout en faisant ce qui était demandé », a souligné Brendan Gallagher.

Le petit poison fait ici référence à Tinordi, Beaulieu, Pateryn, Jiri Sekac, Jacob de la Rose et Christian Thomas. Therrien a été questionné sur ce fait révélateur à propos de l’évolution de l’organisation.

Les échos de vestiaire

« Ça fait longtemps qu’on dit qu’on est une jeune équipe en transition et peut-être que certains d’entre vous vont commencer à le réaliser. Notre équipe a travaillé très fort et elle aurait mérité un meilleur résultat », a lancé Therrien en reconnaissant le travail accompli par les entraîneurs des Bulldogs de Hamilton.

Les membres du Canadien étaient satisfaits du portrait général du match et de la tenue de la relève, mais ils reconnaissent que les pertes de Gonchar et Emelin ne sont pas idéales.

« Ce sont deux joueurs qui ont été importants pour notre équipe cette saison. Ça impose un peu d’adversité à notre équipe, mais d’autres joueurs pourront se faire valoir », a admis Gallagher.

« Évidemment, on manque leur présence, mais Tinordi, Pateryn et surtout Beaulieu ont très bien répondu à l’appel. Nathan a vraiment élevé son jeu d’un cran et il a cumulé plusieurs minutes (25:10). C’est quand même bien de récolter un point dans de telles circonstances », a exprimé P.K. Subban qui a vanté le travail de l’équipe médicale du club pour lui permettre de jouer ce match.

Quant à l’entraîneur, il a fermé le dossier assez rapidement.

« C’est sûr (qu’ils manquent à l’équipe), ce sont des joueurs d’expérience. Mais ça ne me donne rien d’en parler parce qu’ils ne sont pas là. On donne l’opportunité à de jeunes joueurs de disputer des matchs dans la LNH pour montrer où ils sont rendus. »

Ce n’est pas uniquement en raison de la présence de nombreuses recrues dans la formation, mais le Canadien a inscrit plus de deux buts qu'à une seule occasion depuis six matchs.

Therrien refuse de s’inquiéter de la situation et il a dévoilé une partie du problème en expliquant pourquoi Subban et Andrei Markov ont été envoyés en tirs de barrage avant des attaquants comme Jiri Sekac – qui a connu un match inspiré – et Lars Eller.

« Sekac et Eller n’ont pas marqué depuis deux mois quand même », a conclu Therrien qui a donc préféré les habiletés des deux défenseurs.