MONTRÉAL - Comme si tout n’allait pas déjà assez mal pour le Canadien, c’est devant des gradins vides qu’il a disputé son meilleur match depuis des lustres. L’un de ses meilleurs depuis le début de la saison.

 

C’est devant des gradins vides qu’il a célébré sa septième victoire de la saison. Un gain de 3-2 arraché en tirs de barrage qui a mis un terme à une séquence de sept défaites consécutives.

 

Le Canadien a fait plein de bonnes choses dans ce match.

 

Premièrement, il a commencé la partie à la même heure que son adversaire. Il a non seulement outrageusement dominé la première, mais a profité de cette domination pour s’offrir le luxe de marquer le premier but.

 

C’était la 11e fois seulement que cela arrivait en 31 matchs cette année.

 

Ce premier but a propulsé le Tricolore vers cinq victoires en 11 matchs (5-4-2). Tout un contraste avec ses deux petits gains (2-17-1) signés lors des 20 matchs au cours desquels il a accordé ce premier but.

 

Le Canadien a fait bien mieux que marquer le premier but jeudi soir. Il a aussi complété sa première remontée gagnante en troisième période de la saison.

 

Avant son gain arraché en tir de barrage jeudi, le Canadien avait perdu tous les matchs (0-17-1) alors qu’il tirait de l’arrière après 40 minutes. Sa fiche était de 0-8-1 lorsqu’il tirait de l’arrière par un but.

 

Le Canadien a gagné son premier match serré de l’année. Avant jeudi, il avait une fiche de 0-4-3 dans les matchs qui s’étaient décidés par un petit but.

 

Mieux encore, le Canadien a gagné pour la deuxième fois seulement (2-18-3) dans le cadre des matchs au cours desquels il a été victime de deux buts consécutifs.

 

Tout ça malgré un alignement toujours miné par les blessures et la propagation de Covid. Malgré le fait qu’il croisait des Flyers ragaillardis par trois victoires consécutives.

 

Tout ça devant des gradins vides.

 

Dommage pour Dauphin et Cates

 

L’annonce que le match Flyers-Canadien serait disputé à huis clos a permis à tout le monde de rire un brin ou deux de la saison.

 

Au moins les joueurs du Tricolore n’avaient pas à craindre d’être hués! Ça leur donnera une chance supplémentaire de gagner puisqu’ils étaient meilleurs devant des gradins vides l’an dernier. D’autres blagues du même genre ont défilé sur les médias sociaux entre l’annonce de la fermeture des portes du Centre Bell et la mise en jeu initiale.

 

Au-delà le désagrément d’avoir à entendre des bruits de foule en «cacanne», des bruits de foule qui ressemblaient plus à un filet d’eau s’écoulant d’un robinet mal fermé – on n’était pas loin du supplice de la goutte – ou à une vilaine réception sur une radio à ondes courtes, le fait de jouer devant des gradins vides a privé quelques joueurs de savourer des moments importants de leur carrière.

 

Laurent Dauphin a marqué son premier but dans l’uniforme du Canadien, son quatrième en carrière dans la LNH. Un but qui a permis de créer l’égalité en troisième période et de pousser le match en prolongation d’abord et en tir de barrage ensuite. Diane Bibaud et les quatre joueurs de tambours ont été les seuls à souligner ce fait saillant.

 

Dommage pour Dauphin qui aurait mérité des applaudissements nourris, voire une ovation. Pas juste pour son but, mais pour l’ensemble du travail de qualité qu’il abat depuis son rappel.

 

Encore hier, Dauphin a piloté le meilleur trio du Canadien. Le Québécois est efficace. Il travaille fort. Il travaille bien. Il trouve le moyen de gagner des batailles pour la rondelle qu’il distribue très bien ensuite à ses ailiers Jonathan Drouin et Jesse Ylönen.

 

Je vous ai déjà parlé du bien que je pense d’Ylönen. Il est rapide. Il est impliqué. Il donne l’impression d’être à sa place dans la LNH.

 

Dauphin et Ylönen représentent de belles surprises dans le lot de déceptions accumulées depuis le début de la saison chez le Canadien.

 

Si j’étais Joel Armia, Cédric Paquette peut-être Mathieu Perreault et même Christian Dvorak en plus bien sûr de Michael Pezzetta et de Ryan Poehling – ce dernier joue bien depuis quelques matchs – je commencerais à me dire que ma place ne sera plus assurée lorsque Dominique Ducharme aura de décisions à prendre dans la composition de ses trios au lieu d’avoir à simplement se contenter des joueurs disponibles.

 

Dauphin et Ylönen amènent tellement d’énergie et d’efficacité sur la patinoire, que Jonathan Drouin est emporté par la vague. Ce n’est pas rien.

 

Si l’absence de partisans a privé Laurent Dauphin d’un beau moment après qu’il eut marqué son premier but avec le Canadien, c’est devant des gradins vides que Jackson Cates, des Flyers, a marqué son tout premier en carrière dans la LNH.

 

«Je sais que cet amphithéâtre est l’un des plus animés de la LNH. Ç’aurait été spécial de marquer dans d’autres circonstances, mais ça n’enlève rien au fait que je viens de réaliser un rêve. Malheureusement, nous n’avons pu protéger l’avance que ce but nous avait donnée, mais au moins on a soutiré un gros point», a déclaré le centre qui disputait son premier match avec les Flyers cette année, son cinquième en carrière dans la LNH.

 

Caufield la mitraille…

 

Il n’y a pas que Laurent Dauphin et Jackson Cates qui ont encaissé les contrecoups de la présentation du match Flyers-Canadien à huis clos.

 

Paul Caufield avait fait le voyage pour venir encourager son fiston. Comme tous ceux et celles qui se sont rendus au Centre Bell, il s’est rivé le nez sur des portes closes. Et c’est par le biais de RDS qu’il a vu son garçon décocher 11 tirs au but; huit qui ont touché la cible, deux qui l’ont raté, dont celui décoché en fusillade, et un autre qui a été bloqué en défensive.

 

Caufield n’a pas marqué jeudi. Mais si papa Caufiled avait été dans les gradins, il aurait été fier de fiston. Avec raison.

 

Caufield n’a pas seulement mitraillé la cage défendue par Carter Hart. Il a plusieurs fois effectué de bons jeux pour s’offrir de meilleurs angles de tir. Il a patiné avec vitesse et aplomb pour entrer en zone ennemie. Une fois en territoire hostile, on l’a plusieurs fois vu effectuer de belles feintes devant ses couvreurs pour revenir dans l’enclave et améliorer la qualité de ses occasions de marquer.

 

Je sais! Un marqueur doit marquer des buts. Mais les partisans du Tricolore devraient s’encourager de voir autant d’aplomb de la part du jeune homme. Avec un seul but à sa fiche après 23 matchs, il pourrait se décourager. À son âge, on pourrait le comprendre. C’est d’ailleurs pour cette raison que je crois toujours qu’il devrait terminer l’année dans la Ligue américaine.

 

Mais en affichant la détermination qu’il affichait jeudi contre les Flyers, Caufield démontre à ceux et celles qui pourraient en douter qu’il profite d’une bonne force de caractère.

 

Bon! Il faudra peut-être encore un peu de temps avant que tout ça se transforme en buts. Mais d’ici là, Caufield semble en mesure de compléter sa traversée du désert.

 

Primeau : une étape de plus

 

Cale Primeau a été tellement peu occupé en première période qu’il fallait souhaiter que Jeff Gorton l’ait épié pendant la période d’échauffement pour l’évaluer.

 

En période médiane, en troisième période, en prolongation et finalement en séance de tirs de barrage, Primeau a donné un meilleur portrait de la situation.

 

Très solide à Laval, Primeau m’a encore semblé un brin nerveux devant la cage du Canadien. Il n’a pas été mauvais. Loin de là. Il m’a semblé un brin faible sur le deuxième but des Flyers, mais ce but ne peut porter ombrage aux nombreux arrêts solides que Primeau a effectués. Surtout les six réalisés en prolongation – dont trois pendant une pénalité mineure écopée par Ben Chiarot – et les trois effectués en tirs de barrage aux dépens de Sean Couturier, Claude Giroux et Cam Atkinson qui a fini sa course dans le gardien du Canadien.

 

Primeau a bien fait avec ses 37 arrêts.

 

Mais si le match de jeudi devait servir de baromètres pour établir s’il est prêt à faire le saut dans la LNH, ma réponse serait : pas encore.

 

Il me semble que Primeau n’affiche pas, devant la cage du Canadien, la même aisance et la même confiance qu’il affiche devant la cage du Rocket. Ce qui est tout à fait normal. Il me semble encore un brin hésitant dans ses déplacements.

 

Il est surtout encore deux brins trop généreux dans les retours qu’il accorde. Jeudi, il a donné des retours sur des tirs qui semblaient faciles – je sais, tout semble facile du haut de la galerie de presse – à gober dans sa grosse mitaine.

 

Cayden Primeau représente toujours un bel espoir pour le Canadien. Un espoir qui bénéficiera de voir beaucoup de caoutchouc devant la cage du Rocket dans la Ligue américaine.

 

Petry : rien pour s’aider

 

Après avoir défilé tous les aspects positifs relevés dans la victoire de jeudi, il est impossible de passer sous silence une autre performance bien ordinaire de Jeff Petry.

 

Après sa sortie de mardi alors qu’il a dénoncé l’absence de structures chez le Canadien – une flèche tirée droit dans le dos de son entraîneur-chef Dominique Ducharme – Petry n’a rien fait pour démontrer qu’il regrettait ses paroles lapidaires.

 

Au contraire!

 

Il a encore joué à mi-régime. Il a encore été brouillon avec la rondelle. Il a encore pris de mauvaises décisions. À moins qu’il s’agisse encore et toujours d’une incompréhension des structures érigées par Ducharme.

 

Jeff Petry a terminé le match avec un différentiel de moins-2. Il était donc sur la glace pour les deux buts des Flyers et sur le banc pour les deux buts de son équipe.

 

Il s’est aussi rendu coupable de trois revirements.

 

Mais la statistique la plus éloquente dans son cas est le fait que trois défenseurs, dont son partenaire de jeu Alexander Romanov, ont joué plus, voire beaucoup plus que lui.

 

Ce qui est rare!

 

Petry a effectué 21 présences totalisant 21 :29 de temps d’utilisation.

 

Bien qu’il ait effectué une présence de moins, Romanov a passé 24 :37 sur la glace dont 2 :41 à court d’un homme. Romanov a été très solide en défensive. Il a distribué cinq mises en échec et bloqué cinq tirs. Des sommets dans les deux catégories chez le Canadien.

 

Ben Chiarot a dominé le Canadien avec 25 minutes sur la patinoire. Il en aurait certainement passé une de plus, n’eût été la pénalité dont il a écopé en prolongation.

 

D’ailleurs, c’est Chiarot qui a amorcé la prolongation avec Suzuki et Drouin à la place de Petry. C’est encore Chiarot qui est demeuré sur la patinoire lorsque Caufield et Ylönen ont sauté sur la glace en deuxième vague de la prolongation.

 

Une indication claire d’un changement de garde à la ligne bleue. Dominique Ducharme s’est bien gardé de mettre de l’huile sur le feu en commentant les déclarations de son vétéran défenseur.

 

En utilisant Chiarot, Savard – 22 min 37 s de temps d’utilisation – et même Romanov davantage que Petry, le coach a pris une mesure nécessaire à l’endroit d’un joueur qui méritait d’être remis à sa place. Pas juste pour ses commentaires de mardi, mais pour l’ensemble de son œuvre depuis le début de la saison. Une œuvre qui tourne au désastre.