MONTRÉAL - Comme plusieurs, je n’ai pas aimé les propos un brin ou deux détachés que Jonathan Drouin a lancés lundi lorsqu’il a indiqué être satisfait de l’effort qu’il déployait sur la patinoire.

 

Drouin a évité une déferlante de critiques supplémentaires en offrant, mardi, une performance solide face aux Penguins à Pittsburgh. Une performance qui dépasse le fait qu’il ait marqué son cinquième but de la saison et récolté sa 11e passe de l’année. Cinq buts et 16 points en 24 matchs ne donnent pas le droit de triompher. Loin de là. Mais avec ces 16 points en 24 matchs, Drouin occupe malgré tout le premier rang chez le Tricolore avec une moyenne de ,67 point récolté par match.

 

Malgré la performance de Drouin et surtout celle de Laurent Dauphin et Jesse Ylönen qui l’ont aidé à former le meilleur – et de loin – des quatre trios concoctés par Dominique Ducharme, le Canadien a perdu.

 

Encore!

 

Il a perdu 5-2 pour encaisser sa 21e défaite en temps réglementaire cette année, son 24e revers en 30 parties. Cette défaite a prolongé à sept sa séquence sans victoire – 0-6-1 – la plus longue du genre cette saison. Et de la façon dont les choses se présentent, des séquences de sept matchs de suite sans victoire, il y en aura d’autres cette année. Il se pourrait même qu’il y en ait des plus longues.

 

Ce qui nous amène tout droit aux commentaires assassins que Jeff Petry a tenus après le match. Des commentaires clairs. Des commentaires choisis. Des commentaires qui en disent long sur tout le bien que le vétéran défenseur pense de Dominique Ducharme, de son système, et de la manière dont il est appliqué.

 

En fait, non!

 

Petry ne s’est pas contenté de répéter ce qu’il avait dit plusieurs fois cette saison en condamnant un système difficile à comprendre et à mettre en place. Mardi soir, il a carrément lancé que son équipe n’avait « aucune structure ». Que « personne ne jouait en équipe ». Que « le fait qu’il n’y ait rien de nouveau à dire en guise d’explications aux revers » était plus frustrant encore que les défaites qui se multiplient. Que le Canadien se compliquait toujours la vie et facilitait celles de leurs adversaires.
 

Jeff Petry joue très mal cette année. Il est certainement le premier à le savoir. S’il ne le sait pas, bien du monde pourrait le lui rappeler surtout qu’une sélection aléatoire de ses performances sur la patinoire permettrait de trouver 50 mauvais jeux et mauvaises décisions pour chaque choix positif et exécution positive effectuée jusqu’ici cette année.

 

En disant ce qu’il a dit hier, Jeff Petry a lancé – du moins c’est ce que j’ai compris – qu’il n’était pas le seul responsable de ses mauvaises performances. Que l’absence de structure le guidait lui et ses coéquipiers dans le mur sur lequel ils se sont écrasés 24 fois en 30 matchs cette année.

 

Comment interpréter ces commentaires?

 

Comme un baiser de la mort. Comme une demande directe d’être sorti du merdier que représente le Canadien cette année. D’être sorti de ce merdier avant de s’être complètement enlisé.

 

Ou que le coach avec son absence de structure soit remplacé.

 

Mais voilà! Jeff Gorton a clairement indiqué lors de son embauche que Dominique Ducharme terminerait la saison. Le nouveau patron des opérations hockey pourrait bien sûr changer d’idée si l’équipe devait en perdre 10 ou 15 autres de suite. C’est clair. Mais il ne pourrait pas revenir sur ses promesses au lendemain, ou surlendemain, de la sortie de son vétéran défenseur.

 

Est-ce que le souhait pas voilé du tout de Jeff Petry sera exaucé?

 

Sans doute.

 

Jeff Gorton analyse son équipe en ce moment. Il doit établir l’ordre des décisions importantes qu’il aura à prendre.
 

  • Échanger Carey Price pour se débarrasser de son contrat, ou d’une partie de ce contrat, puisqu’il devra en traîner une lourde portion pendant bien des années.
     
  • Maximiser la valeur de Shea Weber que plusieurs équipes – les Predators viennent en tête de liste – voudraient bien avoir, même blessé, afin de se servir de ce contrat comme d’une police d’assurance en matière de gestion du plafond salarial.
     
  • Échanger Jake Allen qui est le seul joueur du Canadien à mériter sa paye tous les soirs et à mériter l’invitation à se rendre au match des Étoiles cette année, en dépit du fait qu’il affiche le plus de défaites encaissées cette année.
     
  • Faire le tour des vétérans afin de savoir s’ils veulent rester avec l’équipe et prendre une part active dans la reconstruction qui s’annonce difficile et échanger ceux qui lui répondront que c’est hors de question.
     

Avec la sortie qu’il a orchestrée dès son retour au jeu après une pause de quatre matchs, pause que j’espérais salutaire pour lui permettre de retrouver sa forme, ses mains et ses repères sur la glace, Jeff Petry n’a pas attendu le sondage maison de Jeff Gorton. Il a clairement dit qu’il avait besoin de nouvelles structures – de structures tout court – ou d’un nouveau coach pour performer.

 

Encore le premier but...

 

Après un bon début de rencontre, après des tirs qui ont frappé les poteaux au lieu du fond du filet, le Canadien a été victime du premier but du match.

 

Encore!

 

C’était la 20e fois que cela arrivait en 30 matchs cette saison. Deux fois seulement (2-17-1) il s’est remis de ce premier but.

 

Mais il y a pire : il a le fait que jamais encore cette année, le Canadien n’a pu se remettre d’un recul de deux buts. Mardi, il a perdu pour la 18e fois de suite cette année lorsqu’il accuse un recul de deux buts.

 

Et le pire du pire, c’est que jamais encore cette année, le Canadien n’a pu effacer un recul de deux buts pour au moins de donner une chance de gagner ou de soutirer un point dans une défaite en prolongation ou en tirs de barrage.

 

Jamais? Oui, jamais!

 

Le Canadien s’est rapproché des Penguins à deux reprises mardi soir. Lorsque Jonathan Drouin a fait 2-1 et répliquant rapidement au but d’Evan Rodrigues. Lorsque Jesse Ylönen a marqué son premier but en carrière dans la LNH avec trois secondes à faire en période médiane pour faire 3-2.

 

On attend encore les buts égalisateurs.

 

Pas surprenant qu’on attende encore après 30 matchs une première séquence de deux victoires de suite cette année.

 

Pas surprenant qu’on attende les victoires tout court. Et qu’on les attendra souvent...

 

Je sais, ce n’est pas grave. Ça moussera les chances d’avoir une meilleure sélection en première ronde du repêchage l’été prochain. Ça moussera les chances d’avoir un meilleur rang de sélection dans chacune des rondes.

 

Et ça permettra de voir la vraie nature des joueurs en place. D’identifier ceux qu’il faut garder et ceux qu’on peut se permettre de laisser aller ou dont on doit se débarrasser.

 

Ce sera au moins ça de gagné...

 

Entre les lignes

  • Après Marc-André Fleury qui a profité de son escale annuelle à Montréal jeudi dernier pour signer la 500e victoire de sa carrière, c’était au tour de Kristopher Letang d’atteindre un plateau important aux dépens du Canadien. En récoltant une passe sur le deuxième but de son équipe – marqué par Evan Rodrigues pour faire 2-0 en période médiane – Letang a récolté son 600e point en carrière (135 buts, 465 passes, différentiel de +88) en 887 matchs disputés dans la LNH...
     
  • Letang est devenu le 43e défenseur de l’histoire et le 7e parmi les joueurs actifs à atteindre le plateau des 600 points dans la LNH. Raymond Bourque, avec ses 1559 points récoltés (410 buts, 1169 passes) en 1612 matchs en carrière domine tous les défenseurs de l’histoire...
     
  • Fort d’une soirée de deux passes, Sidney Crosby a disputé son 400e match de deux points ou plus en carrière dans la LNH. Il est le 14e joueur de l’histoire à réussir cet exploit. À l’exception d’un seul, les 12 autres joueurs à avoir disputé au moins 400 matchs de deux points et plus sont immortalisés au Temple de la renommée du hockey. Considérant que Jaromir Jagr rejoindra les 13 autres dès la minute qu’il sera admissible, on peut dire que cette marque représente une invitation « VIP » au Temple...
     
  • Crosby revendique maintenant 21 buts et 58 points en 43 matchs en carrière face au Canadien...
     
  • Le Canadien pourra tenter de mettre un terme à leur pire séquence de l’année alors que les Flyers seront au Centre Bell jeudi. Les Flyers ont perdu les deux premiers matchs à la suite du congédiement d’Alain Vigneault et de l’entrée en scène de Mike Yeo. Mais attention! Ils ont battu les Devils 6-1, mardi, pour signer un troisième gain de suite pour la première fois de l’année...