Contre des Rangers qui ne marquent pas souvent, des Rangers qui pendaient la crémaillère après des rénovations d’un milliard de beaux dollars US de leur magnifique domicile à Manhattan après un exil de près de deux mois, le Canadien avait des mandats simples à relever pour gâcher la fête à New York.

Éviter le pire dans les premiers instants de la rencontre;

En profiter pour marquer le premier but;

Réduire au minimum les occasions de marquer en fermant le jeu et en aidant la cause de son gardien auxiliaire Peter Budaj;

S’assurer de profiter des occasions offensives sans pour autant tenter de les multiplier en ouvrant le jeu.

Parce qu’il a frappé un grand chelem en obtenant des notes de A+ dans chacun de ces quatre mandats, le Canadien s’est non seulement offert une victoire importante, mais il a auréolé cette performance d’un jeu blanc en battant les Rangers 2-0.

Les empêcheurs de tourner en rond diront que les Rangers étaient privés de joueurs importants comme Rick Nash, Ryan Callahan et Carl Hagelin.

C’est vrai.

Mais ce n’est pas comme si le Canadien affichait complet dans le vestiaire. Pacioretty est aussi important au Canadien – ou devrait l’être – que Nash aux Rangers. Brandon Prust, Daniel Brière et Alexei Emelin sont des rouages importants de l’équipe également.

Côté blessures, les deux clubs jouaient donc à armes égales. Ou à peu près…

Bing! Rebing!

À mes yeux, le match s’est joué dès les premiers instants de la rencontre.

Histoire d’ajouter un brin ou deux de piquant à une cérémonie d’ouverture qui avait, de loin en tout cas, des allures d’une bien banale coupe de ruban devant un dépanneur de quartier et non devant l’amphithéâtre le plus célèbre de la planète, les Rangers ont amorcé le match en force.

Ils ont mis de la pression. Pas mal de pression. Mais au lieu d’obtenir ce but qui aurait fait tant de bien, ce but qui aurait pu ouvrir la porte à bien d’autres et faire lever la fête au MSG, les Rangers se sont contentés de frapper le poteau.

Pas juste une fois, mais deux : Bing! Et avant que les vibrations provoquées par le premier impact de la rondelle sur le poteau à la gauche de Peter Budaj se soient perdues dans l’amphithéâtre, on a eu droit à un rebing! tout aussi puissant…

Pas question de prétendre que les Rangers ont alors baissé la tête et offert la victoire au Canadien.

Ça non!

Mais ces deux poteaux n’ont rien fait pour mousser la confiance déjà fragile des Rangers. Inversement, ils ont réveillé le Canadien sans qu’il ait à devoir composer avec un déficit d’un but à combler.

Le premier but, un autre très beau de Tomas Plekanec qui a déjoué habilement un Henrik Lundqvist qui n’avait rien de royal dans sa tenue devant le filet des Rangers hier, un but qui a été préparé par un jeu plus beau encore effectué par le jeune Michaël Bournival, a fait le reste.

Car une fois en arrière, les Rangers qui ne revendiquaient que 15 buts après neuf matchs, semblaient des proies faciles.

Ils le sont davantage ce matin avec une production de 15 buts en 10 matchs pour une piètre moyenne de 1,5 par rencontre. Eh oui! La pire moyenne de la LNH au grand complet…

Dix en ligne

Le reste a été l’affaire de Peter Budaj qui a signé sa deuxième victoire de la saison après son gain important qui a permis de reprendre le cap il y a trois semaines lors du début du voyage dans l’Ouest canadien.

Budaj a obtenu un jeu blanc. Son 2e avec le Canadien. Son 12e en carrière.

La statistique la plus importante à mettre en relief après cette sortie de Budaj n’est pas les jeux blancs. Du moins selon moi. C’est plutôt le fait qu’il signait hier, sa 10e victoire consécutive.

Car ça, ce n’est pas banal.

Quand un coach envoie son gardien auxiliaire devant le filet, il espère que sa décision d’offrir un repos bien mérité à son numéro un – ou de le fouetter pour obtenir un meilleur rendement de sa part – ne minera pas les chances de victoire de son équipe.

C’est exactement ce que Budaj offre à Michel Therrien depuis l’an dernier.

Dans leurs habituels débordements positifs ou négatifs selon la qualité des performances de leurs favoris, plusieurs partisans du Tricolore assuraient sur Twitter pendant le match d’hier que Budaj était le meilleur gardien auxiliaire de la Ligue et que le duo qu’il forme avec Carey Price devait être le meilleur de la LNH.

Je vais baliser cet élan partisan – fort honorable cela dit – avec cette phrase : quand ils gagnent, c’est vrai…

Budaj a été très bon hier. C’est évident. Ses 28 arrêts sur les 28 tirs des Rangers le prouvent sans équivoque.

Devant lui, ses coéquipiers l’ont été tout autant. Menés par Andrei Markov (6) et Josh Gorges (5) les joueurs du Tricolore ont d’ailleurs effectué autant d’arrêts que leur gardien.

Ça aide.

Et ça démontre le niveau d’implication que Michel Therrien a obtenu de son club hier soir à New York.

Un niveau d’implication qui, s’il est toujours à l’image de celui d’hier soir, se traduira par bien plus de victoires que de revers…

Une bien bonne nouvelle pour Therrien, pour le Canadien, pour ses partisans…

Leblanc : bon départ!

Parce qu’une équipe a besoin de plus qu’un trio pour espérer gagner de façon soutenue dans la LNH, il est bon de voir Tomas Plekanec, flanqué du vétéran capitaine Brian Gionta et du jeune Michaël Bournival, s’imposer depuis quelques matchs.

Encore hier, ce trio a été le meilleur. Le plus efficace. Le plus fiable.

Loin de se laisser impressionner, Michaël Bournival ne se contente pas de suivre les deux petits vieux. Que non! Toujours rapide, toujours impliqué, toujours au centre de l’action, Bournival les épaule en affichant une belle dose de confiance pour un gars qui n’a que neuf matchs d’expérience dans la LNH.

Le plus bel exploit de Bournival, et le mot exploit n’est pas trop fort, n’est pas de s’être fait une place au sein de ce trio et de l’assumer pleinement, mais plutôt de créer l’impression qu’il devrait conserver cette place malgré le retour des blessés. De tous les blessés…

Ce n’est pas rien.

Le trio de Plekanec a-t-il déclassé celui des jeunes?

Question inutile!

Les jeunes travaillent comme des enragés match après match. À cause de leurs performances des premiers matchs, il est clair que les autres clubs les ont à l’œil. Ça complique leur travail. Ça rend les buts plus difficiles à obtenir.

Et ça aide la cause des autres trios.

Ça aide donc la cause de l’équipe.

Eller a obtenu cinq tirs hier. Cinq tirs obtenus à force de travail. Lui et ses compagnons de trio ont plusieurs fois pris le filet des Rangers d’assaut et leur but marqué en troisième période était une juste récompense après autant de travail non récompensé lors des derniers matchs.

Leblanc, Murray, Desharnais

J’ai aimé son entrée en scène. Une entrée discrète en première période, un peu moins en deuxième et intéressante en troisième.

Il faudra donner le temps à Leblanc de retrouver son synchronisme de la LNH. De s’habituer à ses nouveaux compagnons de trio.

Mais Leblanc doit se servir du match d’hier comme tremplin pour en connaître de meilleurs et des meilleurs tous les soirs.

Car le défi qui s’offre à Leblanc est immense : il doit trouver le moyen de se rendre indispensable. Comme Gallagher, Galchenyuk et Bournival qui sont ancrés dans l’alignement, Leblanc doit trouver une façon de prouver au Canadien qu’il devrait demeurer au sein du troisième trio malgré les retours des Pacioretty, Brière, Prust et Moen…

Plus facile à dire qu’à faire. C’est vrai.

Mais si Leblanc se laisse décourager par l’ampleur de ce défi et n’offre pas l’effort maximum nécessaire pour se donner une chance d’y arriver, il donnera raison à ceux qui doutent de lui.

Ce serait à la fois bête et dommage…

Douglas Murray?

On a vu ce qu’il a à offrir. Présence rassurante? Contre les clubs lourds et lents, sa présence aidera la cause du gardien et de son partenaire de jeu. Mais ça, on le savait. On savait aussi qu’il était lent. À quel point? Ça prendra quelques matchs pour déterminer s’il est juste lent, ou trop lent.

Mais une pénalité d’indiscipline comme celle qu’il a écopée – je suis convaincu que Michel Therrien ne se posera plus de question sur l’à propos de la décision des arbitres lorsqu’il aura revu son match ce matin – en fin de match hier pourrait être très coûteuse quand le Canadien croisera un club moins moribond que les Rangers en attaque.

Mais bon! C’était son premier match depuis fort longtemps.

Il faudrait lui offrir le bénéfice du doute.

Un bénéfice que David Desharnais a épuisé.

Le petit Québécois a effectué quelques bonnes présences hier. Il a généré une poussée offensive ici, une autre là. Il a aussi excellé aux cercles de mise en jeu (9 en 15, efficacité de 60 %) ce qui est important, non essentiel, pour un joueur de centre.

Mais tout ce que David Desharnais fait de bien et de bon n’arrive plus à faire contrepoids à son manque de production. Au fait qu’il est rendu à 29 matchs de suite sans avoir marqué.

Il ne faudrait pas que cette séquence se prolonge à 30. Car le vent de critique qui secoue le centre mal-aimé du Canadien n’attend qu’une petite raison de se transformer en tempête.

Une tempête que Desharnais est le seul à pouvoir apaiser.

À moins que Michel Therrien ne lui offre un brin de répit en le confinant à la galerie de presse pour qu’il retrouve ses esprits avant de retrouver ses moyens.

Des moyens qu’il ne peut quand même pas avoir perdus.

Je refuse de le croire…

C’est congé ce matin. On verra ce qui arrivera ce soir alors que le Canadien reçoit Jamie Benn, Tyler Seguin, Erik Cole et les Stars de Dallas…