BROSSARD – Si les amateurs du Canadien réalisent que le dernier droit du calendrier régulier revêt une importance capitale, les dirigeants de l’organisation en sont conscients depuis longtemps et ils ont commencé à placer leurs pions en vue de l’échiquier des séries.

En vertu de leur expérience du dernier printemps et de celles du passé, Michel Therrien, Marc Bergevin et leurs collègues de l’état-major savent ce qui est nécessaire pour atteindre l’étape ultime des éliminatoires.

Dans ce sens, ils ont ajouté les morceaux requis – et disponibles – à leurs yeux avant la date limite des transactions. Avec l’arrivée des Devante Smith-Pelly, Jeff Petry, Brian Flynn et Torrey Mitchell, Therrien a donc pu commencer à mouler sa troupe en fonction du plan établi pour les séries.

« Ils doivent agir comme des éponges ces jours-ci, on leur présente plusieurs nouveaux éléments. Bien sûr, ça prend un peu de temps, mais on a pu voir dans les derniers matchs qu’ils ont une meilleure compréhension de la manière dont on joue. Je leur ai d’ailleurs parlé ce matin (lundi) et ils se sentent plus confortables », a confié l’entraîneur.

Ces joueurs qui ont été ajoutés pour combler certaines lacunes doivent s’assurer de pousser dans la direction établie par le club.

« On croit en notre structure d’équipe comme une raison qui nous a permis de connaître ce succès. Ça prend du temps pour assimiler la philosophie d’une nouvelle équipe et tous les joueurs doivent être sur la même longueur d’onde », a-t-il expliqué.

Concrètement, Therrien tenait à bâtir un trio formé sur mesure pour les éliminatoires et c’est ainsi qu’il a composé la troisième unité de Lars Eller, Jacob de la Rose et Smith-Pelly.

« J’aime bien le fait qu’ils possèdent des gabarits imposants, ils doivent jouer de la bonne manière et talonner leurs adversaires. Ça prend du temps pour s’habituer et on veut leur donner du temps pour que ça arrive. On a commencé à voir des résultats dans le dernier match et ça pourrait devenir une ligne difficile à affronter », a exprimé Therrien en songeant aux exigences des séries.

Smith-Pelly apprécie se retrouver en compagnie d’Eller et De la Rose, mais il était loin de se douter que ce dernier était si jeune.

« En fait, je n’étais pas trop certain de quel âge il pouvait avoir et j’ai dû vérifier l’autre jour. Il joue vraiment bien et c’est facile de le comprendre sur la patinoire. Je sens que la chimie s’installe après quelques périodes ensemble », a mentionné le droitier de 22 ans avec un sourire d'étonnement. Lars Eller et Devante Smith-Pelly

Mais pour que cette alliance continue sur la bonne voie, Eller devra s’assurer de s’impliquer autant comme ailier. Therrien lui a lancé quelques fleurs et ça pourrait peut-être le motiver dans son changement de position.

« Il s’ajuste vraiment bien et la chose la plus importante demeure l’attitude et il comprend la situation. Son niveau de compétition est à la hauteur, il prend de meilleures décisions avec la rondelle et il s’amuse plus. On ne peut pas évaluer un joueur seulement sur son rendement offensif. Il se soucie des détails et on sait que ça va bien aller quand c’est le cas », a noté Therrien.

Les intentions de Therrien ne s’arrêtent pas à cette troisième unité. En effet, il s’est assuré de laisser du temps à Mitchell et Flynn pour s’acclimater à leur nouvel environnement du quatrième trio.

Cette situation a relégué Pierre-Alexandre Parenteau et Manny Malhotra dans le rôle de spectateur. La situation n’est pas évidente à encaisser pour ces deux athlètes d’expérience et Therrien aura certainement à gérer leurs attentes.

« On est satisfait de la profondeur que nous sommes allés chercher et on veut leur donner l’occasion de jouer », a répondu Therrien sur le fait que Parenteau doit s’armer de patience.

« Présentement, nos attaquants sont en santé et c’est une très bonne nouvelle », a poursuivi Therrien qui cherchait du bois à toucher autour de lui pour que ça se poursuive.

Parenteau et Malhotra n’ont pas accordé d’entrevues et ils devront attendre leur tour pour se faire valoir.

« Éventuellement, on va avoir besoin d’eux et ils doivent démontrer une belle attitude et une grande éthique de travail. Tous les joueurs veulent être impliqués et ils seront prêts à relever le défi quand l’occasion se présentera », a soutenu Therrien en soulignant que Smith-Pelly, Mitchell et Flynn avaient été acquis pour des raisons spécifiques.

« Ces individus étaient ciblés pour obtenir la bonne recette et on est content de ce qu’on voit présentement », a-t-il témoigné.

L’importance d’un top-4 en défense

Du côté défensif, les entraîneurs du Tricolore n’ont pas hésité à enlever Tom Gilbert de son côté naturel pour le faire évoluer à gauche de Petry. Cette stratégie a relégué Nathan Beaulieu et Sergei Gonchar dans un rôle plus effacé.

Les échos de l'entraînement du CH

« On voulait s’assurer d’avoir un genre de top-4 et on est très satisfait jusqu'à présent », a dévoilé Therrien.

Il faut dire que Gilbert s’acquitte admirablement bien de cette mission et ce n’est pas passé inaperçu.

« Il joue du hockey solide et inspiré depuis un certain temps. Même s’il n’est pas de son côté naturel, il s’en tire très bien. J’aime beaucoup son niveau de compétition qui a grandement augmenté », a reconnu le coach.

Les décisions seront intrigantes à surveiller quand Alexei Emelin sera prêt à renouer avec l’action ce qui ne saurait tarder. Bien sûr, Gonchar méritera quelques matchs de congé à son âge, mais Emelin aura à mériter son poste.

Un climat propice à Montréal

L’harmonie sera nécessaire pour que les joueurs remplissent les attentes de Therrien et ses acolytes. À écouter les nouveaux membres du Canadien, cet aspect n’est pas inquiétant.

« C’est définitivement un groupe agréable à côtoyer. Je n’avais jamais été échangé à aucun niveau et c’est un peu intimidant d’arriver dans un nouveau vestiaire, mais ils m’ont fait sentir le bienvenu et je sais qu’ils en font autant avec les autres », a dit Smith-Pelly.

Flynn, Mitchell et Petry abondaient dans le même sens.

« C’est le jour et la nuit comparativement à la situation des Oilers. C’est vraiment plaisant de se retrouver dans un contexte comme celui du Canadien. Les joueurs ont été plus qu’accueillants », a conclu Petry qui est convaincu que sa nouvelle équipe peut causer des dommages avec sa vitesse et son jeu de transition dynamique.