Mieux vaut gagner la première partie d’une série quatre de sept que la perdre. C’est évident. Mais cette première victoire n’est pas toujours un gage de succès ou d’élimination puisqu’une telle série est bien plus un marathon qu’un sprint.

Habituellement.

Parce que les Sénateurs d’Ottawa ont gagné 21 de leurs 26 derniers matchs de la saison (21-3-2), la première rencontre de la série les opposant au Canadien sera plus importante qu’à l’habitude selon moi. Surtout pour le Tricolore qui doit s’assurer de freiner l’élan victorieux de ses adversaires venus d’Ottawa.

Déjà imposant, ce défi le sera plus encore maintenant qu’on sait que Max Pacioretty ratera cette première rencontre. À moins que Michel Therrien ne profite de l’incertitude entourant l’état de santé de son meilleur marqueur pour effectuer un coup d’éclat afin de surprendre et déstabiliser l’adversaire.

« Pacioretty ne joue pas ce soir »

Je ne crois pas que cela arrivera. En fait, je ne crois plus que cela arrivera.

Mardi, je jonglais avec cette idée en me disant qu’elle était non seulement possible, mais probable. Si le Canadien avait maintenu le suspense en indiquant qu’une décision finale serait rendue seulement après l’échauffement, j’en aurais été davantage convaincu. Mais maintenant que le Canadien assure que Pacioretty n’est pas en mesure de jouer, il me semble plus qu’improbable – mais je n’écris pas impossible – que ce scénario soit mis de l’avant.

Les détails reliés à la blessure subie par Pacioretty le 5 avril en Floride ne sont pas encore dévoilés. C’est le droit du Canadien de suivre ce scénario. Déjà très avare d’informations en saison régulière quand les choses vont bien, il est loin d’être surprenant de voir le Canadien restreindre l’information, surtout de nature négative, maintenant qu’il est en séries.

Il me semble évident que Pacioretty ait subi une commotion cérébrale lors de l’impact de sa tête contre la bande. Le Canadien n’a jamais confirmé la commotion. C’est vrai. Mais des personnes proches de l’équipe et de son joueur vedette ont convenu qu’il avait encaissé une telle commotion.

Il est toutefois possible que Pacioretty soit remis de sa commotion et qu’un autre malaise soit la cause de son absence qui se prolonge.

Qui a oublié la grave blessure à la nuque subie par Pacioretty lorsque Zdeno Chara, des Bruins de Boston, l’a envoyé tête première dans la baie vitrée perpendiculaire à la bande au bout d’un banc des joueurs? Personne.

Les échos de l'entraînement du CH

On a toutefois peut-être oublié que Pacioretty avait alors – en plus d’une très sévère commotion cérébrale – été victime d’une fracture de la 4e vertèbre cervicale. Malgré la force d’un impact qui aurait pu entraîner des conséquences beaucoup plus graves, la vertèbre était demeurée bien en place.

Est-ce que l’impact subi en Floride il y a deux semaines pourrait avoir eu des conséquences sur cette vertèbre? Sur une autre? Et que des risques possibles de complications dans l’éventualité d’un autre impact forcent les médecins du Canadien à redoubler de prudence?

Tout ça est très possible.

Mais ça demeure difficile à confirmer compte tenu du mutisme du Canadien – les autres clubs le sont aussi cela dit – en séries. Peut-être que la direction de l’équipe lèvera le voile un peu plus si l’absence de son meilleur marqueur se prolonge.

On verra.

Sept matchs… en prolongation

Pour revenir à l’importance du premier match, j’ai posé la question à l’entraîneur-chef Dave Cameron après l’entraînement des Sénateurs ce matin au Centre Bell.

Pour maintenir la lancée qui les a propulsés jusqu’en séries, Cameron considère-t-il que son club doit amorcer la série avec une victoire pour maintenir sa séquence?

Pas du tout, a répondu Cameron.

« J’ai déjà eu cette conversation avec nos joueurs. Maintenant que nous sommes en séries, je les prépare en insistant sur le fait que la série se décidera non seulement lors du septième match, mais en prolongation. Cette façon de faire nous permet de garder un meilleur équilibre au sein du vestiaire et de minimiser la pression, peu importe que nous obtenions des succès en début de série ou que nous l’amorcions avec des défaites », a expliqué Cameron.

En passant, natif de l’Île-du-Prince-Édouard, Cameron a admis n’avoir jamais été un fan du Canadien.

« Je les ai toujours détestés, a même convenu l’entraîneur-chef des Sens. Mes quatre frères étaient des fans finis du Canadien. Mon père et moi étions des fans des Leafs, ma mère prenait pour Boston et ma sœur se fichait du hockey complètement », a lancé le coach des Sens.

Quand un collègue lui a fait remarquer que sa mère devait souvent se sentir seule, Cameron a ressorti la touche d’humour qui le caractérise depuis qu’il est à la barre des Sénateurs : « Quand tu es le patron de la famille tu as le droit de prendre pour qui tu veux! »

Hammond calme et prêt

Si Dave Cameron prend tous les moyens à sa disposition pour calmer son équipe, il n’a pas fort à faire pour apaiser son gardien Andrew Hammond.

Malgré l’attention qui lui est accordée en raison des exploits multipliés depuis son premier départ le 18 février dernier et le défi qui se dresse maintenant devant lui en séries, Hammond semblait de marbre après l’entraînement ce midi. Il était calme, serein et surtout prêt à affronter le Canadien contre qui il a amorcera son premier match de séries en carrière dans la LNH après avoir effectué contre ce même tricolore son premier départ dans la grande ligue.

« Honnêtement, je me sens moins nerveux aujourd’hui que je l’étais lors de mon premier départ. Je ne savais pas ce qui m’attendait lors de ce premier match. Mon seul objectif était de prouver que je pouvais jouer dans la Ligue nationale. Avec tous ces matchs importants disputés depuis ce premier départ, je me sens mieux préparé. Mais au fond, nous aurons à jouer ce soir le même genre de hockey que nous jouons depuis février. Jouer dans la LNH représente déjà un gros défi. Les séries qui commencent ce soir seront une autre occasion pour moi de prouver que j’ai ma place dans cette ligue », a souligné le gardien des Sénateurs.

Le petit Québec…

Après le Gatinois Jean-Gabriel Pageau qui a fait mal au Tricolore en séries il y a deux ans et à quelques reprises depuis, Alex Chiasson souhaite profiter de la vague soulevée par un duel contre le Canadien pour s’imposer et relancer sa saison.

Surtout que Chiasson aurait besoin d’un survoltage pour retrouver sa touche alors qu’il a été blanchi à ses 10 derniers matchs, qu’il n’a marqué qu’une fois à ses 18 dernières parties et s’est contenté de quatre points lors de cette séquence.

« Je peux juste imaginer l’atmosphère qui règnera ici ce soir. Pour un gars qui est né à Québec et qui a grandi à Rosemère ce sera une expérience unique. Mais je ne suis pas trop stressé. Mes parents et ma famille le sont plus que moi », a indiqué Chiasson qui a été recalé au sein du quatrième trio en raison de ses insuccès offensifs en fin de saison. Une décision qui ne mine pas le principal intéressé.

« En séries, ce sont souvent les 3e et 4e trios qui font tourner le vent. Qui marquent les buts qui font la différence. Qui sont les "game changer". J’espère être en mesure de m’imposer de cette façon dans cette série », a conclu Chiasson qui a marqué 11 buts et récolté 26 points en 76 rencontres à sa première saison avec les Sénateurs.