La victoire de Carey Price sur le Lightning de Tampa Bay lui a sans doute fait un grand bien. Cette partie était tellement importante pour lui et pour son degré de confiance.

Price a mentionné qu'il avait connu un bon match avec l'aide de ses poteaux, mais quand l'adversaire touche la tige, ça veut généralement dire que le positionnement du gardien devant sa cage était très bien. S'il avait été en mauvaise position, les tirs sur les poteaux auraient peut-être été des buts. C'est aussi le signe qu'il défiait les adversaires. Ceci dit, ça ne veut pas qu'il a retrouvé 100% de sa confiance, mais dans l'ensemble pour lui et pour l'équipe, cette victoire est un soulagement.

Je lève mon chapeau à la foule présente au Centre Bell qui s'est rangée derrière son gardien pour lui montrer qu'on croyait en lui. Les amateurs scandaient le prénom de Carey et cette marque d'affection a dû lui faire un très grand bien.

Il reste quatre parties à la saison régulière du Canadien dont trois sur la route. Si j'étais dans la peau de Michel Therrien, Price serait devant le filet dans au moins trois de ces rencontres.

Ne pas partir en peur

Je sais que les partisans du Canadien ont été déçus des trois défaites cuisantes récemment encaissées. Je conseille à ces mêmes partisans de mettre les choses en perspectives et de se souvenir de la saison 1992-93, la dernière fois où le Canadien a soulevé la coupe Stanley. Cette année-là avec Patrick Roy devant le filet, le Canadien avait conservé un dossier de 2-8 à ses dix derniers matchs et les deux victoires avaient été signées par André Racicot. Pourtant, ça n'avait pas empêché l'équipe de soulever la coupe quelques semaines plus tard. Même que le Canadien avait perdu ses deux premiers matchs dans sa série contre les Nordiques de Québec.

Ce n'est pas plaisant de traverser une période creuse comme celle que vit le Canadien, mais comme l'a dit l'entraîneur Michel Therrien, c'est dans l'adversité que l'on connaît le vrai visage de son équipe. Toutes les équipes connaissent des périodes léthargiques, mais on dirait qu'à Montréal on pèse très vite sur le bouton de panique. À Montréal, on lancerait l'équipe dans les marécages en raison de trois défaites.

Je reconnais que l'équipe a connu une baisse de régime, mais dans la LNH tout le monde peut battre n'importe qui. On le voit avec des équipes déjà éliminées de la course aux séries où certains joueurs tentent de dénicher un contrat pour l'an prochain. Ces équipes arrivent à vaincre des formations plus fortes, qui sont victimes, comme le Canadien, d'une baisse de régime.

La défensive du Canadien connaît des moments difficiles et ces ennuis ne sont pas le résultat de l'absence d'Alexei Emelin. Pour un, Andrei Markov va devoir relever son jeu d'un cran. Josh Gorges doit mieux jouer aussi. Ils font partie du groupe des meilleurs arrières de l'équipe et ils se doivent de mieux jouer. Sur le but de Vincent Lecavalier par exemple, Markov avait les deux pieds dans le ciment. Le Russe doit maintenant se prendre en main.

Je suis heureux de voir que l'entraîneur utilise Yannick Weber à la ligne bleue. Il a joué deux parties et il s'est très bien tiré d'affaire. Nathan Beaulieu a été retourné aux Bulldogs de Hamilton cette semaine et je pense que c'était la décision à prendre. Il était parti très fort à ses débuts avec l'équipe, mais graduellement, on voyait que les choses allaient trop vite pour lui. Mais dans le cas de Weber, je pense que Therrien se sent plus en confiance s'il continue à jouer de la même façon. L'équipe pourra bientôt miser sur le retour de Raphaël Diaz, un autre point positif. Yannick Weber

Therrien avait raison de dire que ce serait bien d'avoir deux ou trois jours d'entraînement pour travailler certains aspects, mais le calendrier compressé de 48 parties ne le permet pas. Les entraîneurs doivent se débrouiller là-dedans, ce qui n'est pas toujours facile. Cette réalité, il faut le dire, est la même pour tous les clubs.

Si j'étais entraîneur du Canadien, le défenseur Tomas Kaberle verrait de l'action d'ici la fin de la saison. Si jamais un arrière devait se blesser, il faut qu'il soit prêt et je pense sincèrement qu'il est supérieur à Davis Drewiske, qui est un septième défenseur.

Et l'attaque

Alex Galchenyuk traverse une très belle séquence avec six buts à ses huit derniers matchs. Jeudi, il n'a joué que 8:21 alors qu'on aimerait bien le voir jouer pendant au moins 15 minutes. Brendan Gallagher aussi va très bien, mais l'équipe ne peut pas escompter avoir du succès en séries en laissant toute l'offensive à des recrues. C'est sans doute pour cette raison que l'entraîneur a décidé de brasser la soupe contre le Lightning.

Therrien a donc apporté des changements à ses trios. David Desharnais, René Bourque et Michael Ryder ont produit de belles choses. On a vu Desharnais avoir de belles chances de compter. Le jumelage de Max Pacioretty avec Brian Gionta et Tomas Plekanec a aussi semblé redonner un peu de vie au numéro 67.

Therrien veut profiter du temps qui reste pour peaufiner son alignement. Il faut dire qu'il n'avait pas vraiment le choix avec les passages à vide de Desharnais et Pacioretty, qui n'arrivent pas à marquer à un rythme normal.

Le club doit essayer de retrouver l'essence même qui le caractérisait quand les choses allaient bien. Les trois trios marchaient bien et la défensive jouait mieux aussi. Il faut se ressaisir rapidement, car il reste peu de temps. Moi, je préconiserais les séances vidéo et les rencontres d'équipes pour améliorer les choses. Il faut montrer aux gars ce qu'ils faisaient bien quand tout baignait dans l'huile. Quand on gagne, il arrive parfois que certains détails soient balayés sous le tapis, mais quand ça va moins bien, ces détails reviennent vous hanter.

*propos recueillis par Robert Latendresse