BROSSARD, Qc - Ce n’était guère surprenant d’entendre Max Pacioretty révéler qu’il avait bel et bien été ennuyé par une commotion cérébrale en fin de saison régulière, mais on ignorait que le dangereux buteur avait traversé une période extrêmement difficile.

Tombé au combat le 5 avril dans un match face aux Panthers de la Floride, Pacioretty a dû se remettre d’une épreuve de taille durant les jours suivants.

« J’ai ressenti des effets très intenses dans les deux ou trois premiers jours, mais ce n’était rien d’important par la suite. Ça venait beaucoup de mon cou et une fois que la tension a été libérée, je ne ressentais plus les symptômes », a expliqué l’auteur de 37 buts avant de se confier davantage.

« J’ai notamment eu une petite crise de panique et je suis retourné me coucher. Ces deux journées ont été très pénibles », a avoué l’Américain de 26 ans sans vouloir se plaindre.

Plongé dans une expérience aussi déstabilisante, Pacioretty a pu se tourner du côté de sa famille qui a été d’une aide précieuse.

« C’était vraiment éprouvant au début, j’étais coincé dans ma chambre. Au moins, ma famille était présente, dont mon père. Il m’a conduit à la maison et, quand le soleil tombait, on allait marcher à l’extérieur. Il s’inquiétait beaucoup de mon état et ce n’était pas facile pour moi de voir ça. Ça m’a fait prendre un pas de recul et songer à ma famille », a révélé celui qui a renoué avec l’action 14 jours plus tard lors du deuxième match de la première ronde contre Ottawa.  

La réflexion devient encore plus profonde quand on est un jeune père et que notre historique comporte un passé comme le violent coup de Zdeno Chara encaissé, en mars 2011, au Centre Bell.  

« Bien sûr, tu penses à ton rôle de père. Je me considère comme une personne en santé qui prend soin de son corps, mais je voulais passer du temps avec ma famille. Ma femme me parlait et me disait de prendre soin de moi. Quand elle m’a dit que j’étais prêt à jouer, ça m’a rassuré parce que c’est certainement elle qui est la plus prudente », a confirmé Pacioretty.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette blessure est survenue à un moment peu opportun alors que l’ailier se préparait à entamer les séries du bon pied.  

« C’était vraiment fâchant, tu t’attardes toute l’année à arriver fin prêt pour les séries et une blessure comme celle-ci survient. Ce n’était pas évident surtout que tu ne sais pas comment tu vas te sentir au retour et combien de temps ça prendra pour guérir », a exprimé le gaucher.

Une grande confiance envers le système en place

Dans un marché aussi exigeant que celui de Montréal, les critiques sont impossibles à éviter pour le Canadien à moins d’une conquête de la coupe Stanley.

Durant l’aventure de 2014-15, c’est la production offensive qui a été la source de la plupart des mécontentements. Dans son rôle de marqueur, Pacioretty pourrait bien remettre en question le système déployé par sa troupe, mais il a plutôt insisté pour le plan contraire.

« Je ne vois pas d’ajustements nécessaires.  En fait, notre système est à l’origine de la plupart de nos succès. On a joué du hockey de séries durant toute l’année contrairement à d’autres équipes. On se souciait des résultats en premier et non des buts marqués », a opiné Pacioretty.

La plus grande menace offensive du Tricolore a poursuivi son plaidoyer en disant que ce même système l’aide encore à peaufiner son répertoire sur la patinoire.

« Notre système s’améliore chaque saison et ça se reflète notamment dans mon jeu. J’ai connu ma meilleure année et je suis aussi plus efficace défensivement. Je ne pourrais pas commencer à critiquer le système. Certaines personnes peuvent penser le contraire sans avoir la bonne perception des choses. »

« On n’a pas atteint notre but ultime, mais on s’en va vraiment dans la bonne direction et ça commence par un bon système d’équipe », a enchaîné le 22e choix du repêchage de 2007.

Aux yeux de Pacioretty, le CH aurait mérité d’accéder à la ronde suivante en raison de son rendement et il n’a certainement pas l’intention de s’immiscer dans les décisions de l’état-major à propos de la composition de la formation.

« Ce n’est pas de mon ressort, mais c’est le temps pour nous d’élever notre jeu au prochain niveau », a admis Pacioretty en parlant des joueurs en poste.  

« Ce n’est pas à moi de spéculer sur ce qui manque au sein de notre équipe. On aime notre groupe et on se croit capable de mieux jouer et c’est ce qu’on compte faire. Si les dirigeants considèrent qu’ils doivent ajouter des pièces au casse-tête, on va les accueillir avec les bras ouverts comme on l’a fait avec les autres », a tout de même élaboré celui qui aspire au rôle de capitaine.

Encore une marge de manoeuvre au sablier 

Avec son pressant désir de vaincre, P.K. Subban a été le premier à soulever le sentiment d’urgence de remporter la 25e coupe Stanley de l’organisation puisque les piliers de l’équipe n’arrêteront pas de vieillir.

Pacioretty comprend le sentiment de son coéquipier, mais il ne partage pas son empressement absolu.

« C’est un sport d’équipe et ce n’est pas toujours une question d’âge. Je me concentre plus sur le court terme en espérant que ça mène à une coupe Stanley.

« Je ne crois pas que notre situation sera si différente dans cinq ans. (Alex) Galchenyuk (Brendan) Gallagher seront plus expérimentés. Personne n’est plus important que les autres. En fait, Carey l’est peut-être un peu plus », a poursuivi Pacioretty avec le sourire à propos de son commentaire sur Price.  

« On ne peut pas se dire que c’est le temps de gagner. On veut gagner chaque année », a conclu Pacioretty.