J'entends déjà les sceptiques, ceux dont la confiance est naturellement fragile, s'inquiéter d'une remontée possible des Sénateurs. S'il fallait qu'ils gagnent le cinquième match demain soir. S'il fallait que le Canadien soit dans l'obligation de retourner à Ottawa. De curieuses appréhensions autour d'une équipe qui vient d'encaisser une première défaite en sept parties.

Je demande à ceux-là, qui n'ont pas la foi, comment ils auraient réagi si on leur avait dit avant le début de la série que le Canadien la dominerait éventuellement 3-1? Sans doute qu'ils auraient déjà dansé dans la rue.

C'est fou ce qu'une seule victoire des Sénateurs peut entraîner comme source d'inquiétude. Certes, on peut se demander si Craig Anderson n'est pas en train de répéter ses exploits d'il y a deux ans alors qu'il avait été le grand responsable de l'élimination du Canadien. Il est également logique de penser que les Sénateurs, qui ont perdu les trois premiers matchs par la marge d'un but, pourraient au moins se retrouver à égalité dans la série, sinon en avant.

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Néanmoins, le meilleur gardien des deux équipes est encore dans le camp du Canadien. Carey Price, qui vient d'offrir une performance similaire à celles de ses meilleurs moments de la saison, a limité les Sénateurs à deux maigres buts à ses deux dernières sorties. Quand tu t'en sors avec une seule victoire après avoir accordé deux buts, c'est sans doute une indication que tu es loin d'avoir perdu le contrôle de la situation. Price, qui n'a rien vu sur le tir gagnant de Mike Hoffman, a offert son meilleur effort jusqu'ici.

« Quand on perd 1-0, on ne peut pas être trop durs envers nous-mêmes », a-t-il convenu avec raison.

Le Canadien est peut-être venu à un tir près de connaître un meilleur sort quand Brandon Prust est parvenu seul devant Anderson alors qu'il était occupé à écouler une pénalité. Le gardien des Sénateurs lui a fermé la porte de brillante façon en refusant de mordre à sa feinte habile.

Les Sénateurs sont la seule formation de la ligue à ne pas avoir été blanchie durant toute la saison, ce qui a probablement été de nature à les faire patiner d'une façon un peu plus rassurante durant les 20 dernières minutes. Après tout, ils n'avaient aucune raison de croire que cette étonnante séquence prendrait fin dans un moment pareil.

Faut-il s'étonner de les voir toujours vivants dans la série? Pas vraiment. Après avoir disputé l'équivalent de plusieurs septièmes parties durant les deux derniers mois du calendrier, ils savaient parfaitement comment entreprendre cette autre partie sans lendemain.

Au CH d'imposer sa loi

Ils se présenteront assurément au Centre Bell dans le même état d'esprit. Cette fois, ce sera au Canadien d'imposer sa loi sur sa glace. Ce sera à Price de jouer le rôle qu'on attend généralement de lui, celui d'un sauveur qui est directement responsable de la présence de son équipe dans les hautes sphères du classement général.

Tout ne baigne pas dans l'huile dans un camp comme dans l'autre. Avec une attaque massive anémique, le Canadien a raté jusqu'ici une foule d'occasions de se faire respecter par les Sénateurs dans ces situations. Avec un maigre but en 16 occasions, on ne peut pas dire que les Sénateurs se sentent très menacés quand ils écopent d'une pénalité.

Par ailleurs, certains attaquants devraient en offrir davantage. Où serait le Canadien sans la contribution des membres de son personnel de soutien, Torrey Mitchell, Brian Flynn et Dale Weise, qui totalisent huit points en quatre matchs? Durant la même période, les Desharnais, De La Rose, Gallagher, Smith-Pelly et Prust ont été incapables de produire un seul but. On se serait aussi attendu à un effort plus intense de Galchenyuk et Eller.

Tous ces facteurs négatifs, qui ne faisaient pas une très grande différence dans la victoire, deviennent un peu plus significatifs dans la défaite.

De leur côté, les Sénateurs n'ont pas réglé tous leurs problèmes. Bobby Ryan, l'attaquant le mieux rémunéré de l'organisation qui compte quatre saisons de plus de 30 buts dans son CV, est incapable de leur venir en aide depuis des semaines. L'équipe n'a pas obtenu beaucoup d'aide de son quintette de marqueurs de 20 buts cette saison, même si leur premier franc-tireur, Mike Hoffman, est celui qui a rendu possible la présentation d'un cinquième match dont il faudra quand même se méfier.

Disons que ça aiderait vendredi soir si le Canadien, pour la première fois de la série, parvenait à marquer le premier but. Pour les Sénateurs, si la montagne la plus difficile à contourner est Price, on présume que les joueurs du Canadien auront tous le même nom en tête, celui de Craig Anderson, dans leur préparation d'un match qu'ils doivent gagner à tout prix. Le gardien de 34 ans, qui les a hantés il y a deux ans, leur a certainement donné de quoi réfléchir depuis deux parties.

On préfère ne pas imaginer ce qui aurait pu se passer si Anderson était entré plus tôt dans cette spectaculaire bataille.