Loin d’être convaincant malgré sa victoire à l’arraché de 2-1 en tirs de barrage à Buffalo mercredi dernier, le Canadien vient de coller deux vraies victoires, contre des vrais clubs.

Solide samedi face aux Wild du Minnesota qu’il a renversé 4-1, le Canadien l’a été encore mardi avec son gain de 3-0 aux dépens des Jets de Winnipeg. Un premier jeu blanc pour Carey Price et le Tricolore cette saison.

Oui, Carey Price a été sensationnel. Oui, il s’est dressé en première période devant une échappée de Byfuglien. Oui, il s’est imposé devant une autre échappée, une poussée à deux contre un au terme de laquelle Evander Kane a décoché un tir au lieu de passer sur sa droite à Blake Wheeler qui aurait pu marquer. Oui, il s’est dressé à nouveau devant Byfuglien en fin de premier tiers. Oui, il a obtenu l’aide précieuse de ses poteaux à deux ou trois occasions.

Mais malgré une autre sortie de premier niveau de Price devant son filet, il serait injuste de conclure que le crédit de la victoire doit aller à Carey et à Carey seulement. Bien sûr qu’il mérite amplement la première étoile qui lui a été décernée. Vrai aussi que Price a une fois encore été le meilleur joueur de son camp. Mais contrairement à quelques-unes des victoires du Canadien jusqu’ici cette saison, il serait injuste et exagéré de prétendre que le 11e gain du Tricolore en 16 matchs depuis le début de la saison soit le fruit d’un vol de grand chemin du gardien.

Car devant lui, son équipe est loin d’avoir disputé un mauvais match.

Comme il l’avait fait samedi, le troisième trio, celui d’Eller encadré de Brandon Prust et de Jiri Sekac, a donné le ton contre les Jets avec le premier but. Galchenyuk a encore démontré sa grande vitesse et son agilité avec la rondelle. Gallagher a démontré une fois de plus sa fougue et sa détermination à faire tout ce qui doit être fait pour déranger l’adversaire. Gallagher a encore bousculé un gardien adverse. Ce n’était pas volontaire. Du moins je ne crois pas. Mais Gallagher, en fonçant au filet comme il le fait chaque fois que l’occasion se présente, s’est ouvert les flancs aux coups de ses adversaires. Et lorsque Zach Bogosian l’a frappé par derrière dans l’enclave, Gallagher a saisi l’occasion pour se rendre jusqu’au gardien Ondrej Pavelec qu’il a envoyé cul par-dessus tête. Sans s’attirer de pénalité...

Rendu à ce niveau, on peut parler de grand art quand vient le temps de décrire la capacité de Gallagher d’atteindre les gardiens adverses avec la précision d’un missile de très haute technologie. Et c’est tant mieux. Car c’est en jouant de cette façon que Gallagher s’est rendu à la LNH. Et c’est en jouant de cette façon encore longtemps que Gallagher s’assurera une place dans le vestiaire, une place de choix dans le cœur des partisans et obtiendra peut-être un titre de capitaine parce que les quatre assistants actuels n’affichent pas l’ensemble des qualités qui font de ce petit bonhomme un grand joueur.

Pleinement mérité 

La victoire de mardi aux dépens des Jets, qui n’affichaient qu’un revers en temps réglementaire à leurs dix derniers matchs (7-1-2) avant de croiser le Canadien, a de quoi réjouir l’état-major du Tricolore, les joueurs qui occupent le vestiaire et tous les amateurs qui les encouragent. Les adulent.

Le plus réjouissant dans la victoire de mardi, c’est qu’elle n’est pas tombée du ciel comme un cadeau offert par on ne sait trop qui.

Même si l’attaque à cinq a une fois encore fait chou blanc – 0 en 3 mardi soir, 0 en 22 lors des 10 derniers matchs, 3 en 42 depuis le début de la saison –, même si le premier trio (tributaire de l’attaque à cinq) n’a pas été en mesure de s’imposer, même si P.K. Subban multiplie les revirements plus que les tirs cadrés sur les filets adverses, le Canadien a travaillé suffisamment pour célébrer une victoire pleinement méritée.

Est-ce que le score final indique l’allure réelle du match?

Non! C’est un fait. Les poteaux et les arrêts majestueux de Price ont privé les Jets d’un ou deux, voire trois buts qui auraient rendu le match plus intéressant encore.

Car oui les deux équipes ont offert aux amateurs présents au Centre Bell ou assis devant leurs télés un match enlevant. Un match qui offrait un très beau duel de gardien jusqu’en fin de deuxième période, alors que Pavelec n’avait cédé qu’une fois sur 21 tirs, contre les 17 arrêts consécutifs de Price. Price a aussi multiplié les arrêts en fin de rencontre pour protéger l’avance de 2-0 que Tomas Plekanec a sécurisé un brin ou deux de plus en marquant dans un filet désert.

Le Canadien se réveille mercredi matin avec 23 points au classement. Un point derrière Tampa qui a disputé le même nombre de matchs. Deux points devant Pittsburgh qui a toutefois deux matchs en main.

Mais peu importe sa place au classement, on peut assurer que le Canadien ne l’a pas volée. Oui, il a joué avec le feu à quelques occasions comme en témoignent ses quatre victoires en tirs de barrage et son gain en prolongation. Il s’est même brûlé une fois ou deux. Mais s’il est si haut perché au classement, le Canadien doit quand même faire de bonnes choses que les statistiques sont loin de confirmer.

Imaginez seulement si l’attaque massive était bonne au lieu de croupir tout au fond de la cave de la LNH, si P.K. Subban jouait à la hauteur de son talent et non en tentant de jouer à la hauteur de son contrat de 9 millions $ par année, si Desharnais et Pacioretty jouaient comme ils l’ont fait lors des quelques 60 derniers matchs de la saison, si la défensive était moins poreuse une fois le duo Markov-Subban de retour au banc.

Le CH ne serait pas allé chercher Sergei Gonchar mardi. Et pour être bien franc, il deviendrait très difficile de reprocher quoi que ce soit au Tricolore. Heureusement qu’il garde quelques mauvaises manies...

Après Buffalo, Minnesota et Winnipeg, voilà que les Bruins reviennent à la charge jeudi. Des Bruins qui ont repris du poil de la bête et qui ont déjà un revers aux mains du Canadien à venger.

Qu’à cela ne tienne : jeudi, Sergei Gonchar devrait disputer son premier match avec le Canadien. S’il endosse l’uniforme tricolore et qu’il contribue à sortir l’attaque massive du merdier dans lequel elle s’enlise dangereusement, le Canadien pourrait très bien prolonger sa séquence victorieuse et confondre de plus en plus de sceptiques.