Le fait que le Canadien n’ait amassé qu’un seul point en cinq matchs cette saison face au Lightning de Tampa Bay a été signalé régulièrement depuis l’annonce de la série de deuxième tour entre les deux équipes.

La troupe de Jon Cooper a non seulement dominé le CH 21-8 au chapitre des buts, elle a de plus eu le dessus 38-24 en ce qui a trait à la moyenne de tirs par rencontre au fil des duels du calendrier régulier. Une disparité évidente qui n’est que le microcosme de la supériorité du Lightning tout au long de la saison sur le plan de la possession de rondelle. Peut-on s’attendre à ce que cette tendance se prolonge en séries?

J’ai utilisé les données Fenwick de possession de rondelle dans mon analyse. Le Fenwick est le ratio de tirs (sur la cible ou non, mais pas bloqués) d’une équipe ou d’un joueur par rapport aux lancers pour et contre. Bref, plus tu réussis de tirs et moins tu en concèdes, plus tu contrôles le match.

Le Fenwick est toutefois une statistique de situation. Quand on y pense, à quoi bon mesurer la possession de rondelle par un joueur s’il évolue sur le jeu de puissance ou en avantage numérique? Conséquemment, les statistiques de possession de rondelle sont souvent mesurées à 5 contre 5. Vous trouverez dans un tableau ci-bas les cinq meilleures équipes de la LNH ainsi que les cinq pires à ce point de vue en saison régulière, auquel j’ai ajouté le Canadien, qui occupe le 20e rang.

Tableau SportingCharts.com

Ce graphique montre à quel point le Lightning excelle à contrôler la rondelle, pas seulement contre le Canadien, mais durant toute la saison. Ce type d’analyse peut être approfondi et appliqué selon un scénario où « le match est serré », c’est-à-dire quand l’écart est d’un seul but en première période ou que c’est l’égalité en troisième période.

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À cet égard, comme le deuxième graphique l’illustre, le Lightning demeure dominant, alors que le Canadien passe du 20e au 17e rang. Un tout petit bon à première vue, mais deux facteurs notables en sont responsables :

1.       Le Canadien franchit la barre du 50 %, ce qui signifie qu’il contrôle davantage la rondelle que l’inverse lorsque le « match est serré ».

2.       Montréal passe 48,9 % à 5 contre 5 à 50,7 % à 5 contre 5 lorsque « le match est serré », la deuxième meilleure augmentation parmi toutes les équipes de la LNH.

Alors, qu’est-ce que tout cela signifie?

On le sait, en séries, chaque présence sur la patinoire est faite sous une pression accrue. J’irais jusqu’à dire que cela s’apparente à une présence sur la glace lorsque « le match est serré » en saison régulière. On ne peut pas nier le fait que Montréal a éprouvé des ennuis en ce qui a trait à la possession de rondelle. Or, l’amélioration de l’équipe alors que la pression est de plus en plus lourde ne peut pas être ignorée en séries.

Si on fait abstraction du brio du gardien Carey Price, est-ce que le Canadien aura le meilleur sur ke Lightning au cours d’une série s’il ne contrôle pas la rondelle? Pour ce faire, certains joueurs devront se lever. On n’a qu’à penser à ceux qui ont excellé à cinq contre cinq cette saison alors que « le match est serré ». Voici un tableau montrant quels sont les attaquants du Canadien ayant connu la meilleure augmentation de leur rendement de cinq contre cinq à cinq contre cinq lorsque « le match est serré ».

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Plusieurs de ses meilleures augmentations sont provenues de joueurs comme Torrey Mitchell, Jacob De La Rose et Brandon Prust, qui jouent en moyenne de 10 à 13 minutes par rencontre. Le temps de glace de Mitchell en saison régulière, 10:03, est passé à 12:18 en séries. Cela est en partie attribuable à la prolongation, mais Michel Therrien a peut-être aussi penché en faveur des aptitudes de Mitchell en possession de rondelle sous pression.  La même logique ne peut pas être appliquée dans les cas de De La Rose et Prust, dont le temps de jeu a été réduit.

À l’inverse, David Desharnais et Dale Weise ont augmenté leur possession de rondelle lorsque « le match est serré », mais pas autant que certains coéquipiers. Le temps de glace de Desharnais en séries a été réduit d’un peu plus d’une minute par rapport à celui en saison régulière, lui qui montre un différentiel de moins-2  après avoir conclu la campagne précédente à plus-22. J’en viens donc à me demander si Therrien ne devrait pas gérer le cas de Tomas Plekanec de la même façon.

La situation de la défensive montréalaise est similaire.

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L’augmentation du rendement de Greg Pateryn en possession de rondelle à cinq contre cinq lorsque « le match est serré » par rapport à celui à cinq contre cinq en saison régulière devrait rassurer les partisans du Canadien advenant qu’il obtienne davantage de temps de jeu en séries. Les fans du CH seront aussi rassurés en ce qui a trait aux performances de P.K. Subban sous pression.

À l’inverse, Jeff Petry peut-il supporter plus de 22 minutes de jeu en moyenne par match? Probablement que oui si on considère que son rendement statistique prend en compte ses matchs joués avec les Oilers d’Edmonton.

N’empêche, le Canadien ne devrait pas avoir le dessus sur le Lightning sur le plan de la possession de rondelle. Bien sûr, il pourra se rabattre sur Carey Price. Mais mon analyse de la possession de rondelle à cinq contre cinq lorsque « le match est serré » tend à démontrer que l’écart entre Tampa Bay et Montréal réduira pendant cette série et que le Canadien pourra se fier sur la contribution de certains joueurs.