Limité à une victoire à ses six derniers matchs, le Canadien devait gagner. Surtout que les Blue Jackets en arrachaient plus encore que le Tricolore avec une bien maigre victoire en huit matchs.

Malgré le retour au jeu de Brandon Prust, malgré la présence de David Desharnais qui profitait de la grippe qui paralysait Brendan Gallagher pour revenir au jeu après une rencontre de réflexion, le Canadien n’a pas joué en première. Ou pas assez.

Dominé par un club qui n’a pourtant rien de dominant, le Canadien se préparait à retraiter au vestiaire avec un déficit de 2-0 lorsque le vent a tourné.

Complètement.

Fedor Tyutin et Nikita Nikitin avaient déjà la tête au vestiaire lorsqu’Alex Galchenyuk a profité de leur paresse pour filer jusqu’au but des Jackets et marquer un but important avec huit secondes seulement à écouler au premier tiers.

Un but qui a tout changé.

Car au lieu de savonner tous ses joueurs après une période aussi moche, Michel Therrien a pu prendre une grande respiration, peut-être deux, et trouver des mots moins crus dans son message entre les périodes.

Dès le début de la période médiane, le Canadien a pris le plein contrôle du match. Pendant que les Jackets restaient au placard, le Canadien s’est mis à tirer souvent. Ce n’était pas toujours beau. Vraiment pas. Ce n’était pas toujours limpide non plus. Même que par moment, ça semblait pénible.

Mais peu importe la qualité du jeu affiché par le Canadien, on sentait que le but égalisateur s’en venait. Et il est venu. Le plus beau de l’affaire, c’est que ce but est venu des mains de Lars Eller, confirmant encore que le trio des jeunes – même amputé de Gallagher – est le principal fer de lance du Tricolore.

L’ennui, c’est qu’il est trop souvent le seul.

Soulagement pour Desharnais

N’eut été des arrêts nombreux et parfois chanceux, voire très chanceux, de Curtis McElhinney, le Canadien n’aurait jamais eu à patienter jusqu’à la séance de tirs de barrage pour signer sa 10e victoire de la saison.

Que non!

Mais la fusillade a permis à David Desharnais de secouer sa torpeur. En fait non, elle lui a permis d’enfin voir ses efforts être récompensés.

Desharnais a amorcé le match au sein du quatrième trio. Mais parce qu’il s’est démené au centre de Travis Moen et Ryan White, et parce que Daniel Brière, malgré la passe qu’il a récoltée, n’était pas assez convaincant sur la patinoire, les deux joueurs de centre ont changé de rôle.

Desharnais s’est retrouvé au sein du troisième trio et il est loin d’avoir mal fait.

Ses performances, en plus de lui valoir de monter en grade, lui ont permis d’obtenir une place au sein du groupe des trois premiers tireurs envoyés en fusillade.

Après qu’Alex Galchenyuk eut bêtement perdu la rondelle dans le coin de la patinoire, Desharnais a marqué.

Parce que Peter Budaj a stoppé les trois joueurs des Blue Jackets qu’il a affrontés, le but de Desharnais a confirmé la victoire du Canadien.

Il fallait voir le sourire un brin gêné de Desharnais à son retour au banc pour comprendre le soulagement que ce but lui procurait.

Il fallait voir aussi la réaction de tous les joueurs qui célébraient sur le banc pour réaliser l’importance de ce but. Autant pour la relance de Desharnais, que pour celle du Canadien.

Dans les faits, Desharnais n’a toujours pas marqué cette saison. Son but enfilé hier ne compte pas. Du moins pas officiellement.

Mais il compte énormément en ce qui a trait à la confiance. Sans oublier que ce but achètera du temps au joueur de centre québécois.

Si ce but devient l’électrochoc nécessaire pour relancer Desharnais, l’état-major n’aura plus à jongler avec l’idée de le céder aux Bulldogs de Hamilton pour lui permettre de retrouver sa forme, sa touche, sa confiance.

Si l’effet de ce but s’estompe dès la prochaine partie, cette éventualité refera vite surface. À moins que des blessures ne viennent miner l’attaque du Canadien.

Souhaitons simplement à Desharnais, à ses partisans et au Canadien en général que ce but aura l’effet attendu. L’effet souhaité par tous ceux, oui il y en a beaucoup, qui souhaite l’éveil du centre québécois.

Sources d’inquiétudes

Au-delà l’éveil de Desharnais, au-delà la victoire importante et nécessaire du Tricolore, le match d’hier a une fois encore mis en évidence plusieurs sources d’inquiétudes.

Max Pacioretty n’est pas l’ombre de lui-même.

Je veux bien croire qu’il ait obtenu huit tirs au but hier. Mais il n’a pas affiché la moindre hargne sur la patinoire. Il n’a pas travaillé dans les coins. N’a pas asséné une seule mise en échec.

Je veux bien croire que Pacioretty s’est souvent blessé en travaillant comme un chien pour se rendre au filet adverse, pour batailler dans l’enclave d’où il a souvent marqué ses buts.

Je veux bien croire qu’il tienne à mieux doser ses efforts pour minimiser les risques de blessures.

Mais ce n’est pas en restant en périphérie comme il le fait depuis qu’il est revenu au jeu qu’il redeviendra le meilleur marqueur du Canadien.

Max Pacioretty a obtenu 2:58 de temps d’utilisation en attaques massives hier. Ce n’est pas rien. Mais c’est moins que Daniel Brière (3:10) et juste une minute de plus que le temps offert à David Desharnais.

Je me demande si ce partage de temps d’utilisation n’est pas justement un message d’impatience lancé par Michel Therrien à Max Pacioretty pour son manque d’implication. Son manque d’intensité.

Car à n’en pas douter, Michel Therrien a tout intérêt à prendre tous les moyens pour relancer Pacioretty s’il veut pouvoir diversifier au moins un brin ou deux son attaque qui est trop concentrée autour des jeunes.

Si Pacioretty ne fait pas le travail qu’on est en droit d’attendre de lui, Rene Bourque en donne moins encore.

Une autre source d’inquiétude.

Sans oublier Plekanec et Gionta qui se donnent corps et âme défensivement en relevant les mandats de freiner les meilleurs trios adverses, mais qui se font trop souvent discrets offensivement.

Blâmer Desharnais et Brière a souvent été facile depuis le début de la saison. Et très souvent pleinement mérité.

Mais il serait temps que Pacioretty et Bourque cessent d’échapper aux critiques.

C’est du moins mon opinion.

Le match en chiffres

P.K. Subban a passé plus de 29 minutes sur la patinoire hier. Il a même écoulé 38 secondes en désavantage numérique. Et s’il n’avait pas écopé deux pénalités mineures, il aurait allégrement franchi le plateau des 30 minutes pour la première fois de la saison. De fait, les 29:01 disputées hier représentent un sommet pour Subban qui a passé 27:39 sur la patinoire le 7 novembre à Ottawa...

Bien qu’il ait retrouvé Plekanec et Gionta au cours du match d’hier, c’était la deuxième fois seulement cette saison que Michaël Bournival n’obtenait pas au moins un tir au cours d’une rencontre...

En plus de se signaler avec huit tirs au but, Lars Eller s’est distingué aux cercles des mises en jeu où il a remporté 15 des 19 duels qu’il a livrés pour une efficacité de 79 %.

Eller est le seul joueur du Canadien a avoir franchi la marque de 50 %. Globalement, le Tricolore a remporté 53 % des mises en jeu disputées hier...

Les marqueurs officiels de Columbus sont d’une grande générosité. Dans le cadre d’une rencontre marquée de très (trop) nombreux revirements, les officiels mineurs n’en ont décerné que deux au Tricolore et trois seulement aux Jackets...

Fort de sa 13e mention d’aide récoltée hier, l’ancien défenseur du Canadien James Wizniewski affiche 15 points cette saison. Il s’est hissé au premier rang des marqueurs des Jackets, premier rang qu’il partage avec Brandon Dubinski...

Pendant que le Canadien signait une deuxième victoire à ses sept derniers matchs hier, les Rangers profitaient d’une soirée de repos à Montréal. Ce qui n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour l’entraîneur-chef Alain Vigneault quand on considère le nombre de pièges que Montréal réserve aux joueurs des équipes adverses, surtout un vendredi...

Les Rangers, après avoir amorcé la saison avec six revers lors de leurs neuf premiers matchs, affichent six victoires lors de leurs neuf derniers. Ils ont encaissé un revers de 3-2 aux mains des Devils du New Jersey lors de leur dernier match mardi...

Cam Talbot, à qui les Rangers ont fait une place après le renvoi qui a poussé Martin Biron à la retraite, a signé des victoires à ses trois derniers matchs en plus d’afficher une moyenne de 1,95 but accordé par rencontre et une efficacité de 93,5 %. Il devrait affronter le Canadien au Centre Bell samedi...

Carey Price sera de retour devant la cage du Tricolore...

Avec le retour au jeu anticipé d’Alexei Emelin, il sera intéressant de voir quel défenseur du Tricolore écopera pour lui faire une place. Raphael Diaz joue du meilleur hockey que Douglas Murray et Francis Bouillon par les temps qui courent. Malgré toute l’admiration que je voue à Bouillon, je crois qu’il profiterait des bienfaits d’une soirée de congé...

À l’attaque, David Desharnais pourrait difficilement être rayé de la formation après sa performance d’hier. Qui écopera si Brendan Gallagher est remis de la grippe qui lui a fait rater la rencontre de vendredi? Parce que Brandon Prust croisera son ancien club et qu’il est essentiel aux succès du Canadien, j’ai l’impression que Ryan White pourrait rejoindre George Parros sur la galerie de presse...

On verra en temps et lieu...