Le Canadien mérite pleinement sa victoire qui lui a permis de niveler les chances 1-1 dans la série.

Avec ses 103 tirs tentés dont 58 cadrés contre les 69 (38 cadrés) des Rangers, le Tricolore a dominé la rencontre; particulièrement la deuxième moitié de troisième période et la prolongation. Tout cela est positif. Je veux bien. Mais avec une telle domination, il est difficile de comprendre que le Canadien ait eu besoin de plus de 68 minutes de hockey pour gagner.

De fait, il a eu besoin d’un but dramatique marqué avec 17,3 secondes à faire au troisième tiers pour s’offrir la chance de signer la première victoire en séries par une équipe canadienne en près de deux ans.

On va se le dire franchement : bien que sa victoire soit pleinement méritée, le Canadien est quand même passé à 17,3 secondes de la catastrophe.

Vrai que le match de vendredi n’était pas sans lendemain. Vrai qu’à 0-2 – et même à 0-3 – le Canadien aurait eu les moyens de revenir dans la série comme il l’a fait si souvent cette saison avec ses remontées victorieuses de troisième période. Mais on peut aussi admettre que ç’aurait été moins facile. Plus difficile même. Beaucoup plus difficile.

On l’a senti en troisième période alors que sur les médias sociaux, plusieurs partisans, gonflés à bloc à l’aube de la série, déchantaient grandement en relevant les lacunes de leurs favoris qui patinaient droit vers un deuxième revers de suite. Aussi bien écrire droit dans le mur!

Au lendemain de la victoire, tous les espoirs sont à nouveau permis.

Et c’est tant mieux. Ça nous donnera la série relevée et serrée qu’on souhaitait tous et toutes.

Comme je le souligne dans le bulletin des joueurs du CH, j’ai adoré la performance herculéenne de Shea Weber. Ce que le géant de la défensive du Canadien a accompli vendredi soit est phénoménal. Si on se donne la peine de regarder.

ContentId(3.1228984):« Nous n'avons encore rien accompli »
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Vrai qu’il a mis son équipe un brin dans le pétrin en jetant les gants devant J.T. Miller en milieu de deuxième période, mais Weber a aussi lancé un avertissement aux Rangers qui ont été beaucoup moins agressifs après cette mêlée remportée haut la main par ce monstre de la défensive. Un monstre qui a été un brin tranquille au cours de la saison régulière sur le plan physique. Mais vendredi, le monstre a rugi. Avec les conséquences positives qu’on a vues.

Weber a été parfait ou presque. Pas loin derrière, le trio de Plekanec, Gallagher et Byron l’a été presque autant. C’est lui qui a donné le ton et qui l’a maintenu. Byron a obtenu une échappée. Il a aussi marqué. Gallagher a passé la soirée le nez dans le trafic et le sourire aux lèvres. Deux gages de réussite pour la petite peste enfin retrouvée.

Et Plekanec? Considéré par plusieurs comme étant à la remorque de ses deux ailiers, Plekanec a fait son petit bonhomme de chemin en gagnant des batailles et en gagnant des mises en jeu. C’est pour ça que Claude Julien l’a envoyé sur la glace en fin de troisième période malgré ses statistiques offensives anémiques cette saison. C’est peut-être pour ça que les dieux du hockey l’ont récompensé du but égalisateur sans lequel le climat serait bien plus à la panique autour du Centre Bell.

ContentId(3.1228974):François Gagnon revient sur le deuxième match de la série entre le Canadien et les Rangers
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Soulignons également l’éveil d’Alex Galchenyuk. Bon! Il n’est pas encore flamboyant, mais il a suffisamment haussé le niveau de son jeu pour être libéré du quatrième trio. Comme quoi l’explication selon laquelle sa rétrogradation visait à donner plus de punch offensif au 4e trio n’était que de la poudre aux yeux…

Cela dit, le 4e trio aurait vraiment, mais alors là vraiment, besoin d’un survoltage offensif. Car avec Ott, King et Martinsen sur un même trio, je crois que le Canadien est bien plus dans le pétrin qu’il place ses adversaires dans le pétrin.

Le Canadien a joué un fort match. Je veux bien. Mais l’attaque massive – deux fois privé de Weber pendant son séjour au cachot – n’a vraiment pas fait le travail. Il serait peut-être temps de changer d’effectifs. Je pense ici à Andrew Shaw qui est un bon soldat, mais qui peut difficilement défendre sa place au centre de la première unité.

Ces ennuis de l’attaque massive représentent une vilaine note au cahier de Max Pacioretty qui s’est contenté de tirer de loin malgré ses nombreux tirs tentés et cadrés de vendredi. Le capitaine doit prendre l’attaque en mains. Pas juste en tirant au but. Mais en étant plus incisifs dans ses tirs.

Ça viendra peut-être.

ContentId(3.1228953):Alexander Radulov procure la victoire aux Canadiens en fin de première période de prolongation
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Autres notes négatives : on savait que le duo Nathan Beaulieu – Nikita Nesterov représentait une bombe à retardement. Une bombe susceptible de sauter au visage du CH n’importe quand. On en a eu la preuve vendredi.

Les deux joueurs ont été tellement mauvais que Claude Julien a dû les séparer au risque de miner deux duos afin d’éviter de les avoir en même temps sur la patinoire.

Beaulieu a tenté de se reprendre. Il n’a pas vraiment réussi.

Quant à Nesterov, je me demande vraiment pourquoi le Canadien ne donne pas la chance à un autre réserviste de venir en relève d’Emelin. Car plus de voir jouer Nesterov, plus je comprends pourquoi le Lightning l’a donné au CH l’hiver dernier.

ContentId(3.1228985):« C'est dur, mais ils ont fait du bon travail »
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Plus mauvais que ça, tu es cloué sur la galerie de presse. C’est d’ailleurs de là que Nesterov devrait suivre la prochaine partie.

Un mot ou deux sur les Rangers.

Je reconnais que le Canadien mérite pleinement sa victoire de vendredi. Mais les Rangers auraient grand intérêt à cesser de se replier comme il l’a fait en troisième période et en prolongation s’il veut s’offrir des chances de gagner.

Avec quatre trios capables de se rendre à Carey Price, les Rangers ne devraient pas simplement s’accrocher au désir de protéger son avance. Oui! Cela a fonctionné mercredi lors du premier match. Mais vendredi, ça n’a pas marché du tout. Non seulement ça n’a pas marché, mais cela a donné l’occasion au Canadien de poivrer Henrik Lundqvist qui a déjà donné plus de gros arrêts aux Rangers que bien des observateurs lui en prédisaient pour l’ensemble de la série.

Peut-être qu’une fois à la maison, les Rangers ajusteront un brin leur stratégie. Il le faudra, car bien qu’ils soient sans l’ombre d’un doute très heureux d’avoir signé une victoire à Montréal et d’avoir ainsi récupéré l’avantage de la patinoire, les Blue Shirts sont quand même passés proche – à 17,3 secondes – de prendre les devants 2-0 dans la série.

Mais bon! Comme vous le savez tous, passer proche, c’est juste bon aux fers et à la pétanque…

Prochain rendez-vous : dimanche soir à New York!