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MONTRÉAL - Claude Julien s’est porté à la défense de Shea Weber et Victor Mete après le match.

 

Bien que ses deux défenseurs aient été victimes des premier et troisième buts du Lightning, l’un marqué avec sept secondes à faire en fin de première période et l’autre 121 secondes après le début de la période médiane – eh oui! Tampa avait déjà marqué son deuxième 64 secondes après le début du deuxième tiers – le coach du Canadien a imputé à un dégagement raté et à un mauvais changement les grands pans de responsabilité de ces buts qui ont complètement changé le cours du match.

 

Claude Julien n’a pas tort. Du moins pas complètement :

 

Oui il est vrai qu’un dégagement raté – et peut-être même deux, voire trois – a contribué à prolonger dangereusement une présence du trio de Drouin-KK-Armia. Une présence interminable qui a permis au Lightning de prendre possession du territoire du Tricolore pendant un bon 90 secondes avant de marquer. Il est vrai aussi, que les défenseurs n’ont pas été aidés par le changement effectué par les attaquants avant que Tyler Johnson ne déjoue Carey Price d’un puissant et précis tir dans la lucarne au-dessus de son épaule droite alors qu’il était penché près de la patinoire pour tenter d’y voir clair alors que ses coéquipiers, tout éparpillés qu’ils étaient, lui bloquaient partiellement la vue.

 

Mais ces explications ne peuvent cacher la dure réalité qui saute aux yeux de tout le monde : Shea Weber et Victor Mete ne jouent pas du bon hockey depuis le début de la saison. Ils sont plus souvent sur les talons que sur la pointe des pieds. En fait, ils sont trop souvent pris à contrepieds.

 

Plutôt que d’assumer le rôle de piliers défensifs qui incombe aux arrières composant le premier duo de défenseurs, ils sont trop souvent vulnérables. Beaucoup trop.

 

Tellement qu’on pourrait prétendre que Jeff Petry, qui connaît un très bon début de saison, et celui qui évolue à sa gauche peu importe son nom compose le premier duo d’arrières du Canadien.

 

Des blâmes à partager

 

Si tout le monde est d’accord pour souligner que ce duo en arrache et qu’il a grand besoin d’aide pour se sortir d’affaire, les avis sont beaucoup plus partagés sur le niveau de responsabilité de l’un et de l’autre.

 

Est-ce que c’est la perte de vitesse évidente de Shea Weber qui mine Victor Mete?

 

Ou est-ce plutôt le manque d’expérience, le manque de carrure et de capacité à composer avec la pression physique imposée par les adversaires qui s’amènent à fond la caisse du côté de Mete pour profiter de son manque à gagner en matière de robustesse qui empêche Weber de jouer à la hauteur de son talent.

 

On pourrait dresser des listes d’exemples qui donneraient raison à ceux qui croient le plus vieux comme à ceux qui croient le plus petit responsable des ennuis de ce duo.

 

La vérité se situe quelque part entre les deux. De fait, non seulement Weber et Mete ont-ils des parts de blâme à assumer, mais il est de plus en plus évident que ce duo peut difficilement se faire justice tant les deux joueurs sont incapables de bien se compléter ou simplement de se mettre en valeur.

 

Talent offensif en veilleuse

 

Victor Mete n’est pas un défenseur en mesure de seconder Weber pour l’aider à mener à bien les missions de contrer les meilleurs éléments offensifs chez l’ennemi. Et le pire dans tout ça, c’est qu’en plus de peiner à remplir les missions défensives, il est maintenant plus difficile pour lui de mettre ses qualités en valeur.

 

C’est le coup de patin, la vitesse et l’efficacité de ses transitions offensives qui ont ouvert les portes du vestiaire du Canadien et de la LNH à Victor Mete il y a deux ans.

 

Pas ses épaules, pas ses capacités à gagner des bagarres à un contre un le long des bandes et devant le filet et encore moins la qualité de son tir qui est loin, très loin, d’être redoutable.

 

Depuis le début de l’année, les qualités de Mete sont voilées par ses lacunes défensives et par les mauvaises présences que lui et son partenaire de jeu multiplient.

 

« Je crois que mes capacités offensives sont aussi bonnes qu’elles l’étaient lorsque j’ai percé l’alignement il a deux ans. Mais il y a deux ans, je jouais contre des troisième et quatrième trios. Les défis défensifs étaient moins relevés qu’ils le sont maintenant alors que Shea et moi croisons les meilleurs éléments de l’autre côté. Mes aptitudes sont les mêmes, mais je dois d’abord penser à l’aspect défensif de mon jeu. C’est peut-être ce qui te donne l’impression que j’affiche moins de cohésion en attaque et que j’appuie moins efficacement l’offensive. Mais je n’ai pas l’impression d’être moins bon », m’a répondu Victor Mete lorsque je lui ai demandé ce qui n’allait pas entre lui et son partenaire cette saison.

 

Est-ce qu’il est frustrant de voir ses lacunes être exposées comme elles le sont depuis le début de la saison alors que ses qualités sont plus effacées?

 

« La pire chose à faire serait de laisser tout ça nous déconcentrer et nous frustrer. On doit travailler ensemble pour trouver des solutions », que Mete a rajouté.

 

La vraie solution doit venir de Bergevin

 

Je veux bien. Mais à mes yeux, ce ne sont ni Mete ni Weber qui ont vraiment la ou les solutions en mains.

 

Oh! Weber pourrait améliorer la situation en jouant du hockey plus solide. En jouant le hockey qu’il a toujours joué et qu’il devrait toujours être en mesure d’offrir malgré les années qui passent.

 

Mete pourrait aussi s’aider en résistant un peu mieux aux assauts adverses et en affichant un brin de menace sérieuse à l’attaque. Au fait, vous avez misé sur quel match du Canadien cette saison pour souligner le premier but en carrière du jeune défenseur dans la LNH. Quoi? Vous croyez que ça attendra à l’an prochain?

 

Claude Julien pourrait même les séparer. Il pourrait muter Victor Mete et Brett Kulak, disons pour donner un partenaire plus «solide» à Weber.

 

Mais encore là, ce serait mettre un diachylon sur une plaie ouverte. Ça ne réglerait pas vraiment le problème.

 

La solution, la vraie, passe par Marc Bergevin qui avait besoin de profiter de la saison morte pour trouver un défenseur capable de compléter Weber. Jake Gardiner aurait pu remplir ce rôle. Mais il a tourné le dos au Canadien parce qu’il préférait le calme – et la brigade défensive peut-être aussi – de la Caroline.

 

Il y a d’autres arrières autour de la Ligue qui feraient l’affaire. En autant, bien sûr, que le directeur général soit prêt à prendre la chance de perdre un de ses jeunes espoirs pour améliorer son équipe dès maintenant.

 

Mais comme je l’ai écrit à l’ouverture du camp d’entraînement, cette solution passe aussi par le propriétaire. Si Geoff Molson veut des résultats tout de suite et qu’il tient à ce que son équipe accède aux séries, il donnera le feu vert à ce genre de pari.

 

S’il est prêt à attendre les deux ou trois ans nécessaires pour permettre aux jeunes de vraiment se développer, cette transaction nécessaire pour aider la cause de Shea Weber et de Victor Mete attendra. Et il faudra composer avec des performances comme celles d’hier. Avec des commentaires allant d’un bout à l’autre du spectre d’analyse alors que certains avancent que Shea Weber est clairement un défenseur fini et que d’autres se demandent si Victor Mete est vraiment du défenseur de la LNH et non seulement un défenseur capable d’évoluer sur un premier duo.

 

Le genre de discours dont personne ne sort, ou ne sortira, gagnant.

 

En bref

  • Blanchie en quatre occasions par les Blues de St. Louis samedi, l’attaque massive du Canadien a fait mouche mardi. Le Tricolore a donc marqué une fois en avantage numérique dans cinq des six matchs qu’il a disputés cette année. Ça, c’est la bonne nouvelle. La moins bonne : après avoir profité de sa première supériorité numérique du match pour prendre les devants 1-0, le Canadien a été stoppé les quatre fois suivantes. Pis encore, on a revu par moment, l’attaque massive anémique de l’hiver dernier...
     
  • Pendant que le Canadien se contentait d’un but en cinq attaques massives, le Lightning a fait mouche lors de sa seule tentative. Le but de Steven Stamkos – quel tir sur réception – était le septième accordé par le Canadien en 18 infériorités reparties sur six matchs. Victime d’au moins un but en désavantage numérique dans toutes les rencontres disputées jusqu’ici, le Canadien affiche une « efficacité » de 61,1 % à court d’un homme.
     
  • Si Claude Julien veut trouver une façon de relancer l’efficacité de son équipe à quatre contre cinq, il n’a qu’à présenter à ses «spécialistes» des séquences du travail d’Anthony Cirelli et Alex Killorn lors du match de mardi. Ils ne sont rien de moins que fantastiques dans les phases défensives du jeu. En compagnie de Mathieu Joseph, ils composent un trio capable de freiner les meilleurs attaquants adverses de toutes les formations de la LNH...
     
  • Jesperi Kotkaniemi s’est retrouvé au sein du quatrième trio en troisième période face aux Bolts. Cette rétrogradation a fait bondir bien des partisans qui ont dénoncé ce traitement en plus de fustiger la décision de l’état-major de le garder hors de l’attaque massive. Il serait important de rappeler que KK est encore très jeune. Plus important encore de souligner qu’il a disputé un vilain match mardi soir et d’inviter les amateurs à le suivre de près lorsqu’il est sur la patinoire afin qu’il remarque à quel point il se retrouve les quatre fers en l’air au moindre contact physique. Des détails qui expliquent pourquoi il a été muté au sein du quatrième trio hier...
     
  • La rétrogradation de KK au sein du 4e trio a poussé bien des amateurs à reprendre leur discours sur l’impatience de Claude Julien à l’endroit des jeunes. Peut-être que ces détracteurs n’ont pas remarqué que Nick Suzuki a été de toutes les attaques massives. Il a passé 5 :17 sur la glace à cinq contre quatre. Seul Jeff Petry l’a devancé par... une seconde. Et à ce que je sache, Suzuki est encore dans la catégorie des jeunes! Cela dit, de la façon dont il est facilement freiné par les adversaires à cinq contre cinq, je me demande bien si Suzuki ne prendra pas la direction du club-école à Laval avant la fin du mois d’octobre...
     
  • Bien que les changements de trio imposés par Claude Julien en troisième n’aient pas permis à son équipe d’orchestrer une remontée, le survoltage a poussé le Canadien vers une domination de 14-6 au chapitre des tirs au but. Un rare point positif à souligner dans le cadre de cette deuxième défaite en temps réglementaire (2-2-2) du Tricolore en six matchs cette saison...
     
  • Jeudi c’est le Wild du Minnesota qui fera escale au Centre Bell. Le Wild n’affiche qu’une victoire en six matchs (15-0) jusqu’ici cette année. Ce serait bête pour le Canadien de gaspiller un duel qui semble plus qu’à leur portée. Mais bon...
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