SALT LAKE CITY - Le plus futé des enquêteurs de la Sûreté du Québec aurait de la difficulté à obtenir des réponses révélatrices dans l'espoir de mettre fin à l'enquête :

« Qui a embauché Pat? »

Pat Quinn, comme vous le savez, s'est retrouvé à la tête de l'équipe olympique du Canada, comme ça, sans que les penseurs de l'organisation aient daigné pressentir Scotty Bowman, le meilleur pilote de l'histoire, en tous les cas, celui qui a remporté le plus grand nombre de victoires.

Puisque les Jeux olympiques sont la grande réunion des meilleurs athlètes de la planète, n'est-il pas normal que les meilleurs entraîneurs y soient également. Alors pourquoi Pat?

Toutes les personnes que vous interrogez cherchent à vous envoyer sur une mauvaise piste ou encore vous donnent une réponse évasive.

« Dis donc Wayne, pourquoi Pat? »

« Ne vous inquiétez pas, ça va bien fonctionner. Nous aurons une bonne équipe, nous devrions connaître de bons Jeux… »

« D'accord, mais Pat… »

« Nous aurons de la pression, c'est incontournable et c'est ainsi que les choses doivent se dérouler. Tout le pays s'attend à ce que nous remportions la médaille d'or… »

Merci Wayne, donc pas besoin d'insister.

Il est clair que les dés étaient pipés quand Gretzky accepta la direction de l'équipe olympique du Canada. Des engagements avaient été pris par les hautes instances de l'organisation canadienne, Bob Nicholson entre autres, auprès de l'entraîneur des Maple Leafs de Toronto. Déjà que Nicholson avait donné à entendre, pendant les Jeux de Nagano, qu'éventuellement Quinn serait le pilote de l'équipe canadienne.

Sauf que tous les gens interrogés n'ont pas de réponses précises sur le sujet. Bizarre, n'est-ce pas.

Cela confirme, après tout, qu'on a tout simplement écarté Scotty Bowman de crainte que l'entraineur des Red Wings de Detroit aurait pris trop de place. Que pensez-vous alors de Quinn? N'est-il pas celui qui disait dans une réunion de l'équipe canadienne : « Roy ne vient pas, alors qu'on ne perde pas notre temps avec des gens qui ne veulent pas venir. »

N'aurait-il pas été normal que l'entraîneur discute avec le gardien et qu'on cherche à lui faire changer d'idée?

C'est vrai que Roy est le meilleur gardien de l'histoire du hockey, en tout cas, celui qui a remporté le plus grand nombre de victoires…

Peter et l'affaire Palffy

Dave Taylor, le directeur général des Kings de Los Angeles, fait preuve d'hypocrisie dans le dossier Zigmund Palffy. Pour éviter les critiques, pour démontrer sa solidarité envers les Slovaques, il accorde à Peter Stastny la permission d'utiliser Palffy.

Jusque là, ca va. Bravo, un geste louable pour un pays qui fonde tous ses espoirs sur les hockeyeurs.

Sauf que Taylor pose des conditions. « Nous aimerions qu'il ne joue pas dans le premier match afin de ne pas le placer dans une situation de trois matchs en trois jours. »

Peter a dit oui croyant que son équipe battrait les Allemands avec une main dans le dos, une grave erreur de jugement de la part de la délégation slovaque. En deuxième période, la promesse faite à Taylor basculait. Les Slovaques éprouvaient des ennuis face au mur défensif des Allemands.

Je m'explique mal cependant qu'on accorde la permission à un joueur de participer aux Jeux olympiques mais qu'en coulisses on dit aux dirigeants de ne pas l'utiliser. Palffy savait et c'est la raison pour laquelle il a passé outre les recommandations de ses employeurs de la Ligue nationale.

Au moins, Palffy n'a qu'une parole!

Bettman : injustice!

Au moment d'écrire ces lignes, le statut de Arturs Irbe, le petit gardien des Hurricanes de la Caroline demeurait en suspens. Irbe devait garder les filets de la formation de la Lettonie, hier soir face à la Slovaquie dans ce qu'il qualifie : « le match de hockey le plus important de l'histoire de notre pays. » Jim Rutherford, le grand patron des Hurricanes, et les entraîneurs ont même planifié la rotation des gardiens afin de permettre à Irbe de mettre le cap sur Salt Lake City. C'est Tom Barrasso qui devait jouer pour les Hurricanes, hier soir, à San Jose.

Sauf que Gary Bettman s'est mis le nez dans le dossier. Et, parfois, le commissaire du hockey donne l'impression d'avoir le jugement en option. « Pas question pour Irbe d'aller à Salt Lake City, les Hurricanes doivent compter sur le meilleur personnel, selon les règlements de la ligue. Que se passerait-il si Barrasso tombait au combat, les Hurricanes utiliseraient alors un gardien des ligues mineures. »

Et l'Avalanche du Colorado, Gary. David Aebischer n'est-il pas avec l'équipe de Suisse et si Patrick Roy se blesse, l'Avalanche utilisera un gardien des ligues mineures. Deux poids, deux mesures.

Irbe a lui-même logé un appel téléphonique au commissaire et n'a pas eu gain de cause malgré des arguments intéressants : « A la fin de la saison, les Red Wings n'utiliseront pas leurs meilleurs effectifs, étant assurés du titre. Quelle est la différence? »

Ce sera une décision des entraîneurs. « Alors, que se passera-t-il si je vais à Salt Lake City malgré tout? »

« Tu seras suspendu et la Fédération internationale de hockey sur glace respecte nos suspensions, donc, tu ne pourras pas jouer. »

Ah oui, et Ruslan Salei, suspendu par la Ligue nationale tout juste avant les Jeux de Nagano en 1998. Alors comment expliquer Gary que Salei ait joué pendant les Jeux du Japon?

Si Irbe était Américain et que les Etats-Unis avaient besoin d'un gardien de calibre international, on lui aurait même fourni un jet privé pour se rendre à Salt Lake City