Andrew Ference est un défenseur des Flames de Calgary. Comme Francis Bouillon, il n'est pas un arrière au gabarit imposant mais c'est un joueur déterminé, rapide, efficace et aussi, un patineur qui aime bien appuyer l'attaque de son équipe. Lors des séries éliminatoires du printemps dernier, il a été un acteur important pour les Flames.

Il y a quelques jours, Ference a lancé une contre-attaque… verbale. Il a exprimé tout haut ce que bien des joueurs pensent. Ce qu'il a déclaré en substance, c'est qu'il est inconcevable que des négociateurs, mandatés pour jeter les bases sur une nouvelle convention de travail, ne se parlent pas. Ference ne parle pas d'un plafond salarial. Il ne déclare pas non plus qu'il est contre un plafond salarial. Il n'effleure pas un autre sujet d'actualité, l'impasse.

Non, tout ce qu'il dit, c'est qu'on ne résout pas un problème en évitant toute communication.

Malheureusement, il y a des négociateurs, payés le gros prix, qui ne veulent pas provoquer une réunion de crainte de passer pour des perdants. Parce qu'on en est rendu là chez les gens qui ont l'avenir du hockey entre les mains et à qui on verse des sommes annuelles de $ 3 millions.

Au cours des dernières heures, on a tenté par tous les moyens de forcer Ference à modifier son point de vue. A nuancer ses propos. Il a dit non. Ce qu'il a déclaré, c'est ce qu'il ressent. C'est ce qu'il croit en tant que syndiqué du monde du sport professionnel. Ce qu'il a clairement indiqué, c'est qu'il n'est pas satisfait du tout de la façon dont les têtes dirigeantes se comportent. Ai-je à vous indiquer que Ference ne gagne pas $7 millions par année? Vous l'aviez sans doute deviné.

Bien " campés "

Les hauts salariés, eux, sont bien " campés " chez eux ou quelque part en Europe.

Ce qui est tout à fait inacceptable dans ce dossier, c'est l'attitude des administrateurs qui se comportent comme des bornés, des gens qui ne veulent pas faire un passe vers l'arrière pour mieux amorcer un nouveau dialogue. A la Ligue nationale, on soutient que ce sont Bob Goodenow et ses penseurs qui doivent maintenant déposer une offre puisque les joueurs ont rejeté les six propositions présentées par la ligue et aussi parce qu'ils ne veulent rien entendre d'un système économique contrôlant les salaires en fonction des revenus.

À l'AJLNH, on réplique en soulignant que Bettman et ses penseurs ont le doigt dans l'œil puisque ce sont les joueurs qui ont déposé la dernière offre, qualifiée de ridicule par les propriétaires. Donc, on attend que " l'autre " appelle.

Ference a exprimé l'opinion des amateurs et de plusieurs joueurs. Et, je soupçonne aussi Ference de savoir mettre les virgules et les signes de piastre au bon endroit comme le fait tout employé anxieux de revenir au boulot. S'il n'y a pas de saison, les patineurs de la Ligue nationale perdront $1.2 milliards en salaire. Ils ne reverront plus jamais la couleur de cet argent. Ca ne dérange pas Jaromir Jagr qui a touché plus de $ 80 millions depuis le début de sa carrière dans la Ligue nationale. Mais ça dérange Ferrence et les joueurs de son statut. Ça les dérange au plus au point. Il sait très bien interpréter les propos de son représentant syndicat, Ted Saskin, qui en plein débat télévisé, n'a pas caché que le syndicat voulait protéger les hauts salariés. Et le p'tit joueur, lui. L'employé de soutien lui, n'a-t-il pas droit à autant d'attention à l'intérieur du syndicat.

Le joueur des Flames demande simplement aux deux clans de s'asseoir et de trouver des solutions. Ce n'est pourtant pas si compliqué. A cause de son statut, les déclarations de Ference n'ont sûrement pas fait trembler les dirigeants de l'AJLNH. On va lui recommander de se la boucler. Si les hauts salariés qui se disent prêts à tout faire pour sauver les emplois, pour éviter un plafond salarial, si ces hauts salariés sont si solidaires à leur syndicat, pourquoi ne le démontrent-ils pas?

Cinq ans

Ce sont eux qui devraient avant tout exiger qu'un dialogue reprenne au plus vite. Ce sont eux qui devraient pousser dans le dos de Goodenow. Un peu comme les propriétaires bien nantis de la Ligue nationale qui devraient eux aussi fortement suggérer à Gary Bettman de reprendre les discussions. Les deux clans réalisent-ils que ce lock-out aurait pu être évité si Bettman et Goodenow avaient laissé leur ego de côté? Ça fait cinq ans qu'ils cherchent des solutions, ça fait cinq ans qu'ils font du sur-place. Est-ce là les réalisations de deux administrateurs de premier plan?

La suggestion de Ference n'aurait-elle pas dû faire l'objet de discussion, au cours des derniers jours, autant chez les membres du comité des gouverneurs que chez les membres du comité exécutif de l'AJLNH?