Si Gary Bettman est un bon négociateur, s'il a surtout à cœur les intérêts de son sport, alors il déposera dans les prochaines heures une offre qui obligera les joueurs à réviser leurs positions et surtout les invitera à prendre une chance.

Même si, à l'AJLNH, on soutient qu'il y a une solidarité extraordinaire chez les membres, ils demeurent néanmoins vulnérables. Ils veulent jouer, ils veulent rentrer au boulot, ils veulent que leur carrière ne soit pas compromise par un maudit conflit qui risque de s'éterniser.

Bettman veut imposer son plafond salarial sans aucun compromis. Il dépose sur les épaules des joueurs toutes les fautes commises par des propriétaires insouciants et par un commissaire incapable d'exercer un contrôle efficace sur la gestion des opérations. Les joueurs veulent bien accepter une partie du blâme, à preuve les concessions qu'ils ont offertes à la ligue, notamment une réduction de 24% des salaires.

Sauf que Bettman veut gagner sur tous les fronts et c'est la raison pour laquelle les amphithéâtres sont fermés. Pourtant, avec une proposition honnête, un plafond salarial plus intéressant pour les joueurs, entre $45 et $50 millions, il ne faudrait pas s'étonner alors que les athlètes plient l'échine. Ils savent qu'éventuellement, si ce n'est pas cette saison, si ce n'est pas l'an prochain, ils savent qu'ils ne reprendront pas le boulot sans un contrôle des salaires.

D'un autre côté, Bettman doit aussi songer aux dommages épouvantables qu'il créera à son sport en voulant tout bouffer du même coup. Quand on veut un partenaire, on négocie avec la volonté de bâtir une entreprise innovatrice. Pas avec l'attitude d'un démolisseur.

C'est le moment de présenter aux joueurs une offre réaliste. De présenter un concept en deux volets. Celui d'une convention de travail avec un plafond salarial élargi et si ça ne fonctionne pas dans deux ou trois ans, réouverture de la convention de travail pour assurer une plus grande rentabilité financière.

C'est le moment pour Bettman d'agir comme une personne responsable. Il veut la paix économique pour les propriétaires. Mais, il augmente la haine et la fureur chez l'adversaire. On ne négocie pas de cette façon… surtout quand l'adversaire est prêt à faire d'autres concession et qu'il est surtout vulnérable…

Avocats : à vos marques

Imaginons un instant que Gary Bettman, pour assouvir son ego, décide d'annuler la saison, qu'adviendra-t-il alors des joueurs amateurs, réclamés l'an dernier, mais qui n'ont toujours pas signé d'entente avec leur formation respective? Deviennent-ils joueurs autonomes sans restriction? Qu'advient-il aussi de Sydney Crosby et les autres éligibles à l'encan amateur de 2005? Deviendront-ils eux aussi des joueurs autonomes? Gilles Couteau, commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, a ouvert un panier de crabes, l'autre jour, en mentionnant que Crosby devra jouer à Rimouski. Je ne suis pas certain, mais pas certain du tout que Pat Brisson et son groupe partagent l'avis du Courteau. " Je ne dévoilerai pas quelle sera notre stratégie dans le cas de Sydney, me disait Brisson, la semaine dernière. Mais nous avons un plan. " Ce plan est bien simple, si jamais le jeune joueur reçoit une offre intéressante du hockey professionnel, notamment de l'Europe, il n'hésitera pas à prendre une décision…

Brian Burke a pété des plombs, l'autre jour, quand un columniste de New York informa ses lecteurs que l'analyste de TSN poursuivra sa carrière avec les Blackhawks de Chicago. Burke a tout simplement invité le columniste à renouveler ses médicaments auprès de son pharmacien favori. J'ignore maintenant comment va réagir Burke au sujet de la rumeur voulant que les Rangers pourraient lui faire une offre. Glen Sather aimerait travailler strictement dans le rôle de président et Burke deviendrait alors le directeur général des Rangers. Je ne sais pas s'il accompagnerait le columniste à la pharmacie…

On coupe partout

Pendant que les milliardaires de la finance et les millionnaires du hockey ne parviennent toujours pas à régler le conflit de travail qui paralyse leur industrie et qui risque de lui laisser des séquelles importantes, les équipes de la Ligue nationale continuent à diminuer leurs effectifs. Les employés de bureau écopent au Minnesota et à Buffalo. Ai-je besoin de vous rappeler que la première équipe à libérer du personnel fut celle des Bruins de Boston, le propriétaire étant Jeremy Jacobs, celui qui soutient Gary Bettman dans chacune de ses démarches. Parlant du commissaire, il a limogé, en septembre dernier, presque le quart des employés de bureau de la Ligue nationale…

Une suggestion intéressante d'un confrère de Toronto. Dans les documents réunissant les clauses de la prochaine convention de travail, que les deux camps - les propriétaires et l'AJLNH - inscrivent qu'à la suite de cette entente, le commissaire Gary Bettman et le directeur exécutif de l'AJLNH sont congédiés pour le piètre travail qu'ils ont accompli au cours des dernières années, mettant en danger la santé de l'entreprise.