Samedi qui vient marquera le retour à Montréal de l'ancien capitaine Saku Koivu, qui disputera un premier match au Centre Bell contre le Canadien. Je suis convaincu qu'il sera accueilli de très belle façon par la foule.

J'ai personnellement connu Saku en deux temps. D'abord comme adjoint à Michel Therrien puis quelques années plus tard comme instructeur en chef. À ses débuts, je me souviens que Saku détestait la défaite.

Quelques années plus tard alors que j'étais l'instructeur du Canadien, ma relation avec lui était différente, mais c'était autre chose. Je peux vous dire que Saku était un compétiteur hors pair et je pense que les gens vont s'en souvenir samedi lors du match entre le Canadien et les Ducks d'Anaheim.

Saku a connu une belle carrière et il a été capitaine de l'équipe. Il n'était pas un joueur qui se traînait les pieds sur la patinoire et les gens ne l'oublieront pas. Je ne crois pas que Saku sera hué en fin de semaine. Même chose d'ailleurs pour Maxim Lapierre parce que les deux ont quitté Montréal sur une bonne note.

Comme capitaine, il était un leader silencieux. Il ne parlait pas beaucoup, mais quand il le faisait, il était capable de dire les bonnes choses. Je l'ai toujours dit, c'est lorsque les choses vont mal que l'on voit les vrais leaders et quand ça allait mal, j'ai toujours vu Saku bien réagir. Ce serait toutefois difficile de dire quel type de leader il était parce que je n'ai pas passé assez de temps avec lui pour le connaître de fond en comble.

Où se situe Saku parmi les capitaines de l'histoire du Canadien? C'est difficile de répondre à la question et la réponse risque de dépendre selon la personne questionnée. Ça dépend aussi de ce vous recherchez comme qualités chez un capitaine. Il est difficile de placer Saku avec des gars comme Jean Béliveau, Serge Savard et Bob Gainey, parce qu'ils ont gagné. Mais Saku demeure un gars qui a toujours été apprécié par les gens de Montréal en raison de sa façon de jouer.

Steve Yzerman a été très longtemps capitaine avec les Red Wings de Detroit et s'il n'avait pas gagné la coupe Stanley, aurait-on dit qu'il était un mauvais capitaine? Qu'est-ce qui fait d'un joueur un bon capitaine? Ses succès ou sa longévité?

La somme de travail d'un capitaine est plus lourde que celle d'un joueur. N'oublions pas non plus que le capitaine n'est pas responsable des choix au repêchage ou des échanges. Ce qui se passait au deuxième étage n'était pas la responsabilité de Saku. Comme capitaine, tu tentes simplement de garder le bateau dans la bonne direction. Je ne crois pas qu'il méritait la mauvaise presse qu'il a eue à la fin de son séjour dans l'uniforme du Canadien.

Ses grands combats

Le retour au jeu de Saku le 9 avril 2002 contre Ottawa après qu'il eut vaincu un cancer de l'abdomen a été un moment très émotif. Tout le monde savait ce qu'il avait vécu au cours des mois précédents. Heureusement de nos jours, on survit de plus en plus au cancer. Monsieur ou madame tout le monde qui a battu le cancer arrive généralement à reprendre ses activités, mais quand on parle de recouvrer la santé pour réussir à évoluer au niveau exigé par la LNH, il faut le faire. Être capable de revenir au jeu et d'être en mesure de livrer bataille aux meilleurs joueurs au monde, c'est un exploit. Mario Lemieux aussi a réussi à reprendre sa carrière après avoir vaincu cette terrible maladie.

J'étais très heureux de participer à ma façon à son retour au jeu. Dans le vestiaire, les joueurs également étaient à la fois heureux pour Saku et émus en même temps. On savait qu'il revenait au jeu pour être compétitif et nous aider à gagner.

Je me souviens lors de cette partie, tous les instructeurs, nous étions près du banc des joueurs lors de la séance d'échauffement alors qu'habituellement, on restait dans le vestiaire pour peaufiner notre stratégie. Aucun d'entre nous ne voulait rater les premiers coups de patins de Saku.

Que ce soit la maladie de Saku ou celle d'un membre de la famille d'un joueur, on essaie toujours de se mettre à leur place et on essaie de s'en servir comme élément de motivation. Il est plutôt rare qu'un joueur effectue un retour au jeu après avoir combattu le cancer. C'était spécial de le revoir sur la patinoire.

Dans un autre ordre d'idées, je me souviens de cette série contre les Hurricanes de la Caroline où tout a basculé quand Saku a été accidentellement atteint à un oeil par le bâton de Justin Williams lors de la saison 2005-06. Cette blessure a été déterminante dans cet affrontement.

Saku était notre premier joueur de centre et il jouait sur les unités spéciales. En séries, un capitaine a plus de responsabilités et le fait de le perdre pour le reste de la série a été extrêmement difficile. En plus sur la séquence, Williams n'avait même pas écopé d'une pénalité, ce qui avait engendré beaucoup de frustration chez les joueurs, qui avaient perdu leur concentration. Et nous avions perdu la série par la suite.

Mon retour à Montréal

Le retour de Saku à Montréal me ramène à mon propre retour ici à la suite de mon échange aux Blues. En fait, mon retour à Montréal ne s'est pas fait dans l'uniforme des Blues mais plutôt dans celui des Stars de Dallas parce que mon entraîneur de l'époque à St.Louis, Mike Keenan, avait décidé que je n'allais pas jouer cette partie préparatoire. Inutile de vous dire que j'avais été extrêmement frustré d'être laissé de côté pour cette rencontre.

En fait, mon premier match à Montréal dans un autre uniforme que celui du Canadien a eu lieu le 11 mars 1996, lors du dernier match de l'histoire du Forum. Ç'a été très spécial. Je pense que la foule m'avait bien accueilli. À moins de partir de Montréal en mauvais terme, le joueur qui revient jouer contre le Canadien est généralement bien reçu.

*Propos recueillis par Robert Latendresse