J'étais l'entraîneur du Canadien lors des deux premières saisons de Saku Koivu dans la Ligue nationale. J'ai mis peu de temps pour découvrir un joueur passionné qui ne blairait pas la défaite.

Il avait joué 82 parties à sa première saison avec nous et 50 à sa deuxième campagne, qui avait été écourtée par une blessure à un genou. Il avait quand même récolté 56 points. Avant avant de subir cette blessure, il était en feu. Je pense même qu'il était premier compteur du circuit à ce moment-là, si ma mémoire est fidèle.

Cette blessure à Saku avait fait très mal à notre équipe. On s'était d'ailleurs qualifié pour les séries qu'à la toute fin de la saison contre Philadelphie. La perte de Saku avait causé notre perte et nous avions été éliminés dès le premier tour. Je suis convaincu que s'il avait été dans la formation, les choses auraient été différentes. Il était l'élément clé de notre offensive.

Dès son arrivée avec le Canadien, j'avais remarqué qu'il avait un excellent coup de patin et une très belle vision du jeu. Je me souviens aussi de son désir de gagner. J'ai toujours gardé eu une très belle relation avec lui et quand j'étais avec le Wild du Minnesota, Saku venait toujours nous saluer moi et Jacques Lemaire. Je suis convaincu que les partisans du Canadien vont lui accorder une ovation monstre samedi quand il sautera sur la patinoire. Ce sont des applaudissements qu'il méritera amplement.

Il a passé 13 saisons dans l'uniforme du Canadien et il a connu une belle carrière à Montréal. Dès son arrivée, on voyait qu'il détestait la défaite et qu'il avait en lui le leadership pour devenir le capitaine de l'équipe. Son frère Mikko est pareil. Ce dernier est d'ailleurs maintenant capitaine avec le Wild du Minnesota. La famille Koivu est une famille de gagnants, qui carbure au hockey. Saku et Mikko n'acceptent jamais les demi-mesures.

Sur la glace, les deux frères se ressemblent sur plusieurs points. Ils excellent avec la rondelle et ils ont une grande connaissance du jeu.

Saku a bien sûr été ralenti par les blessures depuis le début de sa carrière. Sans les blessures et la maladie, sa carrière n'aurait pas été la même. Revenir au jeu après avoir battu le cancer, c'est tout un exploit. Il y en a beaucoup à sa place qui aurait opté pour la retraite. Personne n'est parfait, mais on ne pourra jamais lui reprocher de ne pas toujours avoir donné le meilleur de lui-même. Je pense que c'est une mention honorable pour lui.

C'est aussi une très bonne personne. Il est très généreux de son temps. Il a donné beaucoup à la communauté en plus d'offrir un Tep-scan à l'Hôpital général pour la lutte contre le cancer.

La patience est de mise pour Pierre Gauthier

C'est vrai que le Canadien est décimé par les blessures, mais pour l'instant, je prône la patience. En l'absence de Mike Cammalleri et Max Pacioretty, je veux voir Andrei Kostitsyn et Benoit Pouliot prendre la relève. Ces deux joueurs vont retrouver leur place qu'ils auraient dû avoir depuis le début de la saison. La balle est dans leur camp et ils ont la chance de démontrer leur valeur. Si le Canadien veut continuer à gagner avec régularité, ces deux joueurs devront faire le travail.

Avant d'être malade, Pouliot allait bien. J'espère qu'il va reprendre là où il a laissé. Quant à Kostitsyn, il doit prendre le taureau par les cornes et il doit décider s'il veut connaître une bonne deuxième moitié de saison. Pour l'équipe, c'est primordial que ces deux joueurs fassent le boulot.

Pour plusieurs joueurs et pour d'autres joueurs venus des Bulldogs de Hamilton, il s'agit d'une audition ou d'une deuxième chance. Je pense qu'un jeune qui arrive des ligues mineures se doit d'impressionner à son premier match et démontrer ce qu'il peut apporter à l'équipe. C'est une occasion à ne pas rater pour eux. Ils doivent prouver leur valeur immédiatement. J'ai toujours cru en l'importance d'un premier match pour un jeune. Quelques-uns auront cette chance, alors qu'ils en profitent.

Il y a aussi la possibilité que Pierre Gauthier procède à un échange. Je trouve ça embêtant de lancer des rumeurs ou des noms, mais je pense qu'avant de bouger, le Canadien va prendre le temps d'évaluer son personnel. Gauthier va regarder ce que les jeunes peuvent apporter à l'équipe et si le Canadien continue de gagner, il pourrait simplement attendre que Cammalleri et Pacioretty reviennent au jeu. Avant d'hypothéquer ton avenir en échangeant un jeune contre un joueur qui va passer un ou deux ans avec ta formation, il faut prendre le temps d'y réfléchir.

Certains ont émis le souhait de voir Jarome Iginla des Flames de Calgary débarquer à Montréal. Je ne sais pas si c'est quelque chose qui est réaliste. C'est évident que si Iginla débarquait à Montréal, ça aiderait. Un changement d'air pourrait aussi être salutaire pour lui. Mais quel prix Pierre Gauthier veut payer? Personnellement, j'aime mieux voir le Canadien se montrer patient plutôt que de sacrifier des jeunes joueurs. Si les Flames laissent partir Iginla, ils vont exiger des joueurs comme Pacioretty, Louis Leblanc et un premier choix au repêchage par exemple. Si le Canadien est prêt à sacrifier autant, qu'il le fasse.

*propos recueillis par Robert Latendresse