À quelque part, Gilles Courteau, le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, doit regarder ce qui se passe dans la Ligue nationale en ce début de saison avec un sourire accroché au visage.

Un peu partout à travers le circuit Bettman, des jeunes qui ont fait leurs classes dans la LHJMQ ont réussi à convaincre les dirigeants de leur équipe professionnelle qu'ils méritaient une place avec le grand club sans passer par la Ligue américaine. Le premier qui vient à l'esprit est bien sûr Guillaume Latendresse qui, à 19 ans seulement, a mérité un poste avec le Canadien et n'aura pas à retourner à Drummondville. Mais il y en a d'autres.

À Vancouver, la lutte pour le poste de sixième défenseur s'est faite entre Patrick Coulombe et Luc Bourdon, ce dernier ayant finalement eu le meilleur. Marc-Édouard Vlasic avec les Sharks et Kristopher Letang avec les Penguins font aussi partie du groupe. On peut même inclure le nom de Keith Yandle, un Américain de 20 ans, ancien des Wildcats de Moncton, qui a été rappelé par les Coyotes de Phoenix après avoir joué deux matchs dans leur club-école.

Ce que je trouve doublement intéressant, c'est qu'aucun de ces joueurs, à l'exception de Bourdon que les Canucks ont repêché avec le 10e choix en 2005, n'ont été des choix de première ronde. Latendresse et Vlasic ont été sélectionnés en deuxième ronde, Letang en troisième, Yandle en quatrième tandis que Coulombe n'a même jamais été repêché.

Cette tendance prouve une chose : le travail acharné est récompensé. Le fait que tant de joueurs de la LHJMQ se soient taillé un poste dans la Ligue nationale après un camp d'entraînement impressionnant prouve aux jeunes qui suivent leurs traces qu'il y a des débouchés pour eux chez les professionnels s'ils y mettent les efforts nécessaires. Que tu aies été repêché parmi les premiers, les derniers ou même pas du tout, tu peux faire ta place parmi les meilleurs. Le parcours des Latendresse, Letang et compagnie arrive comme un souffle d'espoir et de motivation pour ceux qui sont maintenant appelés à prendre leur place chez les juniors.

Le prochain : Claude Giroux

En observant ce qui se passe en ce début de saison dans la LHJMQ, je peux déjà prédire qu'un autre joueur d'ici frappera à la porte de la Ligue nationale dès l'an prochain. Vous avez certainement déjà entendu parler de Claude Giroux, des Olympiques de Gatineau. Surveillez bien ce jeune homme, que je ne peux m'empêcher de comparer avec Steve Sullivan, qui fait maintenant la pluie et le beau temps chez les Predators de Nashville.

Au début des années 1990, Sullivan évoluait dans le junior A de l'Ontario avec Timmins et appartenait aux Greyhounds de Sault-Ste-Marie, alors dirigés par Ted Nolan. Je connaissais bien l'entraîneur-adjoint des Greyhounds pour avoir travaillé avec lui au championnat du monde en 1992 et il m'avait dit qu'il était prêt à m'envoyer Sullivan pour une saison au Québec, à condition qu'on leur renvoie l'année suivante. On n'avait finalement pas été capable de le signer à 17 ans et il avait été marquer plus de 70 buts avec Timmins cette année-là.

On connaît la suite. Repêché par les Devils du New Jersey, qui l'ont soumis au ballottage. Réclamé par les Maple Leafs de Toronto, qui l'ont également laissé aller pour absolument rien. Il s'est retrouvé avec les Blackhawks de Chicago, puis avec les Predators. Je vous jure qu'ils ne veulent pas le laisser partir aujourd'hui.

Giroux, qui a été un choix de première ronde des Flyers au dernier repêchage, aura certainement la vie plus facile pour se faire un nom dans la LNH, mais il reste qu'il y a un beau parallèle à établir entre les deux joueurs : deux gars au gabarit modeste qui sont bourrés de talent et qui ont été ignorés par plusieurs équipes dans leur cheminement. Ais-je besoin de vous rappeler que Giroux a été invité au camp des Olympiques après que plusieurs formations de sa province eurent levé le nez sur lui?

Je le dis et je le répète. Quand tu travailles fort, de bonnes choses t'arrivent.

Ailleurs dans la LNH

Chaque année, des joueurs profitent d'un bon début de saison pour se hisser, l'instant de quelques semaines, au sommet du classement des marqueurs. Présentement, en jetant un œil aux statistiques, on peut remarquer, parmi les habitués comme Marian Hossa, Todd Bertuzzi et Peter Forsberg, des noms comme Kyle Wellwood, Anze Kopitar et Steve Bernier, par exemple.

J'aime bien Wellwood, une trouvaille du dépisteur en chef des Leafs Barry Trapp, et je ne crois pas qu'il s'agisse d'un feu de paille. Depuis le début de la saison, Paul Maurice l'a jumelé avec Mats Sundin et Alexei Ponikarovsky sur sa première unité d'attaque en plus de l'utiliser à toutes les sauces. C'est un joueur talentueux, mais dont le succès ne repose pas entièrement sur ses habiletés naturelles. Il n'a pas peur de se salir, il va dans les coins, il frappe et amasse des points en raison de son travail acharné. Exactement le genre de joueurs que les gens de Toronto adorent.

Kopitar attire l'attention parce que plusieurs équipes, dont le Canadien, n'ont pas jugé bon de le repêcher il y a deux ans. Les Kings sont sautés dessus au 11e échelon et jusqu'à maintenant, le Slovène ne leur fait pas regretter. C'est un joueur qui a tout pour réussir, il a tous les outils que les recruteurs recherchent : il est gros, il est rapide et possède de très bonnes mains. Il m'avait impressionné au championnat du monde et il continue de faire écarquiller bien des yeux, mais attendons dans son cas. Avec les Européens, la question est souvent de savoir comment ils vont se comporter sur une plus longue période de temps.

Steve Bernier en est un autre qui va devenir tout un joueur de hockey. Tout ce dont il avait besoin, c'est d'une chance et on lui en a donné une à San Jose. Il ne marquera probablement jamais 50 buts dans la LNH, mais le plateau des 30 filets est certainement à sa portée. Il a le talent pour réussir et sait se servir de son physique imposant pour se donner un avantage face à ses adversaires : il aime couper au filet, rentrer avec son épaule, brasser les défenseurs. Ce n'est pas tout d'avoir un bon physique, il faut savoir s'en servir. Pour lui, c'est naturel. C'est son style de jeu, c'est dans sa nature. Avec les joueurs qui l'entourent à San Jose, il ne pourrait évoluer dans un meilleur environnement.

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Évidemment, la saison est encore jeune et il faut être prudent avant de sauter aux conclusions, mais s'il y a une équipe qui pourrait payer cher pour un mauvais début de saison, ce sont les Hurricanes de la Caroline.

Comme plusieurs équipes qui atteignent la finale de la coupe Stanley, les Hurricanes ont trouvé l'été court. J'ai l'impression que la saison a débuté un peu trop tôt à leur goût et ils démontrent un manque d'énergie flagrant. Il ne faudrait pas se surprendre s'il leur fallait un bon mois, un mois et demi avant de prendre leur vitesse de croisière, mais avec la lutte qui s'annonce très serrée dans l'Association de l'Est, un faux départ pour être très coûteux. Il faudra aussi garder un œil sur les performances de Cam Ward. S'il fallait qu'il soit affecté par la fameuse guigne de la deuxième année, les Canes seraient dans le trouble.

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Parlant de la lutte serrée dans l'Est, c'est exactement ce que le début de saison nous promet. Les difficultés des Hurricanes et des Sénateurs prouvent qu'il n'y a rien de gagné d'avance et des équipes qui ont passé les dernières saisons dans la cave nous laissent croire qu'elles sont peut-être prêtes à rejoindre le peloton. Les Panthers de la Floride montrent des signes d'un groupe qui a le goût de jouer au hockey au printemps. Les Capitals de Washington ne sont peut-être pas aussi pires que certains le pensent.

Je ne veux pas être méchant, mais s'il y a une équipe qui semble s'enfoncer de plus en plus, ce sont les Islanders de New York. La situation à Long Island est rendue pathétique. Ted Nolan aura beau apporter les modifications qu'il veut sur la glace, les décisions douteuses des dirigeants les rattrapent et ça va être difficile pour le nouvel entraîneur de bâtir quelque chose de concret.

Habituellement, quand une équipe est bien dirigée en haut de la pyramide, ça se reflète sur la glace. Le contraire est aussi vrai. Des organisations bien rodées sont capables de tenir leur bateau à flot d'années en années. On n'a qu'à regarder les Devils du New Jersey, les Red Wings de Detroit et même les Oilers d'Edmonton qui, même s'ils ont eu leurs années de vaches maigres, ont réussi à s'en sortir malgré un budget moyen.

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J'ai bien aimé ce que j'ai vu de José Théodore depuis le début de la saison, mais il est mieux d'être en forme parce que je crois qu'une grande partie de la destinée de l'Avalanche du Colorado repose sur ses épaules. L'Avalanche connaît un début de saison correct et on ne peut pas dire que Théo a mal fait, mais pour que cette équipe confonde les sceptiques cette saison, il va falloir qu'à plus d'une occasion, le 60 gagne des matchs à lui seul.

Il y a une belle relève au Colorado avec les Wolski, Svatos, Stastny et Liles. Sans être en reconstruction, on est en train de bâtir le futur en réalisant que les années de domination sont derrière. J'ai confiance en Joel Quenneville pour ramener cette équipe parmi l'élite. Je n'ai entendu que de bons commentaires à son sujet. C'est un gars proche de ses joueurs, un bon communicateur qui en a vu d'autres. C'est l'homme de la situation.

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Un petit mot en terminant sur la prolongation de contrat que le Wild a accordé à Jacques Lemaire. Dans le hockey comme dans n'importe quelle sphère du monde des affaires, tu t'associes avec des gens que tu connais bien, avec qui tu es à l'aise. Au Minnesota, tout le monde travaille en harmonie et ça paraît. Tant et aussi longtemps que Jacques Lemaire va vouloir le poste d'entraîneur-chef, il sera l'homme de Doug Risebrough.