(Collaboration spéciale) - Lors de ma chronique du 27 octobre « Le caractère du Canadien dévoilé », je mentionnais qu'Alex Kovalev ne changerait pas et qu'il faudrait changer ses compagnons de trio à quelques reprises cette saison pour le garder sur le qui-vive. Et bien l'entraîneur chef du Canadien, Guy Carbonneau, a fait encore mieux!

Il envoie Kovalev au centre! Je crois que c'est une excellente idée. Kovalev sera maintenant le joueur qui est le premier responsable de faire produire ses ailiers et non le contraire. Carbo place la responsabilité de la production de Kovalev sur…Kovalev!

Comment ça se passe…

Avec ma nouvelle rubrique « comment ça se passe… », j'aimerais vous faire connaître comment les joueurs de la LNH vivent leurs expériences au quotidien. Dans le vestiaire, dans les avions, dans les hôtels, avec les partisans, etc.

Voici ma première qui traite du joueur recrue et de ses premiers mois avec le grand club.

Un nouveau monde

Comment Guillaume Latendresse vit son expérience? Premièrement, je peux vous dire que j'ai vécu des sensations extraordinaires avec les Flyers de Philadelphie et j'aimerais bien partager avec vous ces sensations.

Imaginez-vous à 19 ans. La majorité de vos amis sont encore dans les rangs juniors. Vous vivez peut-être même encore chez vos parents durant la période d'été. Vous avez passé votre été à vous entraîner et à répondre aux questions de vos proches : « Et alors, vas-tu faire l'équipe cette année? Koivu, c'est un bon gars ou pas? » Tout le monde vous reconnaît au centre d'entraînement et au centre commercial. Certains vous approchent pour vous souhaiter bonne chance et d'autres vous regardent, mais n'osent pas vous déranger. À ce moment, vous vous rendez compte que les choses seront bien différentes pour vous. Vous êtes parfois timide quelque peu à cause des gens qui vous regardent, mais c'est plaisant de se sentir apprécié et d'avoir ce sentiment que vous êtes à la porte de la LNH.


Le camp avec les grands

C'est le début du camp d'entraînement. Êtes-vous prêt à passer le test de vélo?

Sur un vélo, vous êtes branché sur un ordinateur avec des électrocardiogrammes partout sur le corps, torse nu et un masque à oxygène muni d'un tuyau de plastique relié au même ordinateur dont vous devez mordre l'appareil buccal. Vous attendez le signal. Quelques autres recrues ont passé le test juste avant, quelques résultats impressionnants et quelques résultats très mauvais. L'objectif, un VO2 de plus de 60.
Allez-vous performer au meilleur de vous-mêmes aujourd'hui?

Le soir, c'est la première rencontre de l'organisation du Canadien avec tous les joueurs du camp. Le président Pierre Boivin dit son mot de bienvenue. Il vous semble très gentil et très accueillant.

Au tour du directeur général Bob Gainey, mais cette fois des frissons vous passent dans la colonne vertébrale, c'est un héros du hockey! Une légende devant moi! Vous écoutez attentivement les directives et règles du camp d'entraînement pour ne pas commettre d'erreurs, mais il vous semble très aimable et vous lui vouez beaucoup de respect.

Finalement, au tour de l'entraîneur-chef Guy Carbonneau. Cette fois, c'est un peu plus sec. L'entraîneur vous annonce ses attentes envers les joueurs sur la glace, il vous annonce aussi qu'il n'y a qu'un ou deux postes de disponibles et que le meilleur gagnera. Avec tous ces joueurs au camp, vous vous posez des questions sur vos chances de réaliser votre rêve d'enfance, mais c'est en étant une personne positive que vous vous êtes rendu-là.

Après avoir eu un excellent camp d'entraînement, après avoir visité le vestiaire du Canadien et regardé TOUTES les photos des Maurice Richard, Guy Lafleur, Ken Dryden, après avoir côtoyé les Kovalev, Koivu, Huet, Souray, Bégin, après avoir été au restaurant avec eux, au cinéma, après être presque devenu leur ami, vous n'êtes pas certain d'avoir réussi. La déception de retourner dans les rangs juniors serait désarmante.

La rencontre avec le coach

C'est l'heure de vérité. Vous êtes convoqué par Guy Carbonneau à 14h15, qui est accompagné de Kirk Muller, Doug Jarvis et Roland Melanson, pour finalement savoir si vous avez réussi ou échoué. Vos parents et ami(es) seraient sûrement déçus si vous êtes "coupé" pour une deuxième ou troisième fois! Les médias ne vous ont pas donné une minute de répit au camp et tout le monde attend votre sortie du bureau pour finalement savoir. Vous vous sentez même quelque peu fiévreux!

« Mon gars, on est très heureux de ton camp d'entraînement. Tu nous as montré de belles choses, mais tu en as encore beaucoup à apprendre. La décision a été bien réfléchie. L'organisation est heureuse de te souhaiter la bienvenue avec l'équipe du Canadien de Montréal. Félicitations le kid, tu as réussi. »

Vous avez réussi, vous êtes un membre du Canadien de Monréal!

À votre première journée comme joueur officiel du Canadien, vous vous rendez au Centre Bell. Vous êtes accueillis par les journalistes et les partisans, vous signez des autographes avec grand plaisir et entrez à l'intérieur de l'amphithéâtre. Vous franchissez la porte du vestiaire et vous vous empressez d'aller voir où est VOTRE place dans le vestiaire. C'est difficile à croire! Probablement que quelques semaines vous aideront à retomber sur vos pieds?

Enfiler le chandail

Quelle émotion électrisante que d'enfiler pour la première fois le chandail d'une équipe qui a une grande histoire dans la LNH! Pour moi, c'était celui des Flyers de Philadelphie. J'ai senti des frissons me parcourir tout le corps. J'avais peine à quitter des yeux le logo des Flyers au devant de mon chandail. Toute cette tradition, les Pelle Lindbergh, Bernard Parent, Bobby Clarke, Moose Dupont, Reggie Leach. J'étais vraiment un membre des Flyers. Tout le travail et tous les sacrifices! J'étais récompensé. Je suis fortuné puisque d'autres ont mis les mêmes efforts et ont fait les mêmes sacrifices et n'ont pas réussi. Plusieurs sont mes amis, j'ai une pensée pour eux juste à ce moment.

Maintenant c'est vrai!

Cette fois, il faut livrer la marchandise, répondre aux attentes des entraîneurs et de ses coéquipiers. Il faut répondre aux questions des journalistes et des partisans quotidiennement. Il ne faut pas se cacher quand ça va mal, mais plutôt faire face à la musique.

Le but premier dans la LNH est de gagner. Il vous faut maintenant devenir un atout pour votre équipe, une solution et non un problème. Pour être heureux en tant que joueur de hockey professionnel, il vous faut donner le meilleur de vous-même à tous les jours. C'est la seule façon d'être fier et d'être bien dans votre peau, que les résultats soient bons ou moins bons.