OTTAWA – Carey Price a chaussé les patins un peu plus tôt qu’à l’habitude cet été - dès le début du mois d’août, précise-t-il – afin de s’assurer d’arriver en forme au camp d’entraînement de l’équipe canadienne qui participera à la Coupe du monde à la mi-septembre.

« On a un assez bon groupe à Kelowna, mais ça ne se compare pas à ça! », était forcé de constater Price dans le vestiaire aménagé aux couleurs de la sélection nationale dans le Centre Canadien Tire d’Ottawa.

Price était un homme comblé après un premier entraînement intense avec la sélection lundi. Écarté de tout contexte compétitif depuis qu’une blessure à un genou a mis fin prématurément à sa saison en novembre dernier, le gardien du Canadien a dû s’armer de patience et respecter chaque étape d’un interminable processus de remise en forme pour finalement en arriver à cette journée dont il a savouré chaque seconde.

« C’est un pur bonheur d’être ici. J’ai un sourire accroché au visage depuis le début de la journée, se réjouissait celui qui est vu comme le favori pour occuper le poste de gardien numéro d’Équipe Canada lorsque le tournoi se mettra en branle. J’ai parlé à plusieurs joueurs retraités et ils me disaient tous que c’est ce qui leur manquait le plus, l’aspect compétitif de notre métier. Aujourd’hui, ça m’a fait un bien fou d’être en compétition avec les gars, de travailler vers l’accomplissement d’un but commun. »

À Montréal, où la traversée du désert de Price est bien documentée, ce sourire risque d’avoir un effet contagieux. L’hiver dernier, le Canadien a perdu 11 des 15 matchs qui ont suivi la perte de son joueur étoile et ne s’en est jamais remis.

« N’importe quel joueur qui a été blessé pour une longue période vous dira qu’il n’y a rien d’agréable là-dedans. Ce n’est assurément pas des vacances, surtout quand votre équipe en arrache et que vous devez assister à tout ça en retrait. On se sent inutile, on sent qu’on ne fait plus vraiment partie de l’équipe. C’est difficile d’être un des leaders au sein d’une équipe et de ne plus pouvoir faire sa part. »

Price dit s’être senti physiquement apte à reprendre le collier environ un mois après la fin de la saison, mais admet avoir eu besoin d’un peu plus de temps avant de franchir la barrière mentale qui se dressait devant sa récupération complète.

« Cette barrière mentale est maintenant derrière moi »

« Dès que j’ai recommencé à patiner, à retrouver mes sensations, j’ai peu à peu rebâti ma confiance et je me sens prêt maintenant. Je ne sais pas à quel moment je pourrai dire que je suis revenu à mon niveau maximal, mais j’ai joué plus de 400 matchs dans la LNH, alors ça ne devrait pas être trop long. »

Le camp d’Équipe Canada représente à lui seul une marche assez haute pour un gardien dont le dernier match remonte à plus de neuf mois. L’entraîneur Mike Babcock a accueilli ses troupes en les soumettant à une séance dynamique où les moments réservés pour reprendre son souffle étaient accordés avec parcimonie. Mais Price, devant l’inévitable barrage de tirs qui en a résulté, a affiché sa solidité d’antan, se permettant quelques petits vols en guise d’apéro avant l’arrivée du plat principal.

« Il était gros, prenait beaucoup de place et a fait beaucoup d’arrêt. Comme d’habitude! », a bien résumé le capitaine Sidney Crosby.

« Oui, on peut dire que j’ai resauté à pieds joints dans le feu de l’action, a dit Price. Mais c’est bien, c’est la meilleure façon de se remettre dans le bain. Je crois que tout le monde aura amplement de temps pour trouver sa vitesse de croisière avant le début du tournoi. »

Ajouté à l’effectif de Babcock dès le dévoilement de la formation préliminaire de 16 joueurs en mars, Price dit que son état de santé ne lui a jamais fait remettre en question sa participation à l’événement. De son côté, le directeur général d’Équipe Canada, Doug Armstrong, a spécifié être resté en constante communication avec l’état-major du Canadien – Marc Bergevin est l’un de ses adjoints depuis le début de l’aventure de la Coupe du monde – et a assuré qu’il n’aurait pas fait appel à Price s’il n’était pas convaincu que le cerbère pouvait jouer sans limitation.

« Ce n’est pas le genre de tournoi dans lequel on peut s’impliquer progressivement, les joueurs qui sont ici doivent être prêts à jouer immédiatement, insiste Armstrong. On jouera deux matchs qui devraient être très intenses en fin de semaine, ça n’aurait pas été juste envers le groupe d’amener des gars qui sont encore en période d’adaptation. Carey est au courant de notre approche depuis le jour où nous lui avons soumis l’invitation et nous sommes confiants qu’il est arrivé ici prêt à faire feu. »

Price a déclaré qu’il s’attendait à retrouver son filet pour l’intégralité du premier match préparatoire du Canada, contre les États-Unis, vendredi à Columbus. Babcock n’a pas voulu aller aussi loin, affirmant qu’il allait dévoiler son plan pour l’utilisation de ses gardiens mercredi.

Si jamais l’ancien récipiendaire des trophées Hart et Vézina devait connaître des ratés, Babcock pourra se tourner vers Braden Holtby, meneur de la LNH au chapitre des victoires avec 48 la saison dernière, ou Corey Crawford, auteur de sept jeux blancs en 2015-16. Mais le gardien titulaire lors de la conquête de la médaille d’or à Sochi est confiant de pouvoir son jeu au niveau où il était avant son absence forcée.

« Les attentes seront élevées, mais je me considère plutôt doué pour gérer ces attentes et me concentrer sur les bonnes choses. Je vais simplement revenir aux petites choses qui ont fait que j’ai connu autant de succès il y a deux ans. De toute façon, c’est tout ce que je peux contrôler. »