OTTAWA – C’est en train de devenir l’une des grandes traditions canadiennes. Quand Sidney Crosby porte du rouge, Patrice Bergeron n’est généralement pas trop loin à sa droite.

Mike Babcock a réuni les deux vieux compagnons sur son premier trio lundi lors de l’ouverture du camp d’entraînement d’Équipe Canada. Brad Marchand complétait la paire d’inséparables sur la gauche pour former une unité entièrement composée de joueurs issus de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

Crosby et Bergeron sont liés d’une complicité professionnelle depuis qu’ils ont formé le premier trio d’Équipe Canada junior lors de sa conquête de la médaille d’or en 2005. La Coupe du monde sera la quatrième compétition à laquelle ils prennent part l’un au côté de l’autre.

« Une bonne chimie s’était établie au Mondial junior, s’est rappelé Bergeron. On connaît tous la carrière qu’il a eue depuis et ça se voyait dès cet âge-là qu’il serait un joueur d’exception. [...] C’est un joueur hors-pair avec qui c’est facile de jouer. Je n’ai qu’à bien me positionner et la rondelle va arriver sur ma palette, a dit Bergeron. On va avoir quelques pratiques pour retrouver notre chimie et bâtir là-dessus. »

« On pourrait vivre quelque chose d'unique »

« Pour ce qui est de Brad, on est tellement habitué de jouer ensemble. Ça ne sera rien de nouveau », a rassuré Bergeron.

Douze joueurs représenteront le Canada à la Coupe du monde après avoir participé aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014, mais du lot, Crosby et Bergeron forment le seul duo qui n’a pas été brisé par Babcock.

Habitué d’être jumelé à Corey Perry, Ryan Getzlaf pivotait lundi un trio complété par Steven Stamkos et John Tavares. Greffé à la formation vendredi dernier en remplacement de Jeff Carter, Perry portait quant à lui les patins du treizième attaquant.

Entouré de Carter et Patrick Marleau à Sotchi, Jonathan Toews était cette fois appuyé par Logan Couture et Tyler Seguin. Quant à Matt Duchene, le quatrième centre de la plus récente formation olympique, on le retrouvait cette fois à la droite de Claude Giroux et Joe Thornton.

En point de presse, après avoir dirigé son premier entraînement, Babcock a rappelé qu’aucune de ces combinaisons n’était coulée dans le béton.

« J’étais au téléphone l’autre jour et j’avais devant moi l’alignement recommandé par chacun de nos directeurs généraux en plus de celui de nos quatre entraîneurs. J’ai dû prendre une photo pour m’aider à me démêler! Mais tout ça pour dire que j’aime colliger autant d’information que possible avant de finalement devoir prendre une décision finale. [...] On espère que ce groupe pourra rester intact pendant les matchs préparatoires, mais il n’y a rien de garanti. C’est une reconstruction constante, du moins jusqu’à ce que tout le monde joue comme vous le souhaitiez. »

« Les choses peuvent changer rapidement dans une compétition comme celle-là, mais habituellement, c’est une bonne chose si tout reste pareil. On tentera donc de démarrer le tournoi en force pour s’emparer du momentum et développer une bonne chimie », planifie Crosby.

Gauche-droite

En défensive, Babcock a soudé Drew Doughty et Jake Muzzin, coéquipiers chez les Kings de Los Angeles, tandis que Marc-Édouard Vlasic patinait à la gauche de Shea Weber. Jay Bouwmeester, Brent Burns et Alex Pietrangelo alternaient pour former la troisième paire de défenseurs.

Sauf lorsque Burns et Pietrangelo se retrouvent simultanément sur la patinoire, chaque paire de défenseurs est composée d’un droitier et d’un gaucher jouant chacun de leur côté fort. Babcock a bien fait rire la galerie lorsqu’il a énuméré une série de raisons qui l’incitent à bâtir se brigade défensive dans cette optique.

« Lors d’une mise en jeu en zone défensive, quand la rondelle arrive sur la palette d’un défenseur et qu’on a deux gauchers à l’arrière, qu’est-ce que fera celui qui capte la passe sur son revers? Il la fera immédiatement circuler le long de la bande. Quand la rondelle arrive à la pointe et qu’un défenseur doit manier la rondelle du revers, que fait-il avec? Il la renvoie aussitôt dans le coin alors qu’on vient de travailler très fort pour en gagner la possession. En zone neutre, quand les défenseurs s’échangent la rondelle, personne ne voudra aller dans le centre de la glace sur son revers parce que c’est une idée qui fout la trouille dans cette ligue! Vous en voulez plus? »

Sur les unités spéciales, Babcock a déployé un jeu de puissance à quatre attaquants. Stamkos, Crosby, Tavares et Getzlaf étaient complémentés par Doughty sur le premier quintette tandis que Seguin, Thornton, Duchene et Perry retrouvaient Burns à la pointe sur le deuxième.

En désavantage numérique, on pouvait identifier trois duos réguliers : Bergeron-Marchand, Toews-Couture et Giroux-Gertzlaf. Aucune constante n’est pour l’instant détectable parmi les défenseurs.

Carey Price, Braden Holtby et Corey Crawford sont sautés sur la patinoire du Centre Canadian Tire en compagnie de l’entraîneur des gardiens Stéphane Waite vingt minutes avant l’heure prévue du début de l’entraînement. Babcock dévoilera son plan pour l’utilisation de ses gardiens mercredi.

Haute intensité

L’entraîneur-chef des Maple Leafs de Toronto avait préparé un entraînement à haute intensité pour souhaiter la bienvenue à ses hommes. Des exercices rythmés, fréquemment interrompus par la voix grave de leur architecte, ont été exécutés presque sans interruption pendant une quarantaine de minutes avant qu’on appelle la surfaceuse pour un court entracte. La deuxième portion de la séance, qui s’est étirée pendant une bonne demi-heure, a été dédiée au travail des unités spéciales.

« On est tous sur la même longueur d'ondes »

Conscient qu’il s’agit d’un début de saison atypique pour les athlètes à sa charge, Babcock s’attend néanmoins à ce que tout le monde soit capable de suivre la cadence en prévision d’un tournoi exigeant.

« Ces gars-là ont l’habitude d’avoir un mois devant eux pour reprendre progressivement le collier et en temps normal, aucune équipe de la LNH ne les ferait jouer deux matchs en deux soirs pendant le calendrier préparatoire. Mais voilà qu’on devra bientôt affronter les États-Unis deux fois en 24 heures! Ce n’est pas rien comme début de saison, c’est dur sur le corps, alors ils n’ont pas le choix d’être arrivés préparés en conséquence. »

Équipe Canada passera les quatre prochains jours dans la capitale fédérale avant de quitter pour Columbus où elle disputera son premier de trois matchs préparatoires. Les Rouges joueront une série aller-retour contre l’équipe américaine vendredi et samedi et se frotteront à la Russie le 14 septembre.

L’Unifolié débutera officiellement son tournoi le 17 septembre contre la République tchèque.

La formation à l'entraînement - Jour 1 :

Brad Marchand - Sidney Crosby - Patrice Bergeron
Logan Couture - Jonathan Toews - Tyler Seguin
Steven Stamkos - Ryan Getzlaf - John Tavares
Joe Thornton - Claude Giroux - Matt Duchene
Corey Perry

Jake Muzzin - Drew Doughty
Marc-Édouard Vlasic - Shea Weber
Jay Bouwmeester - Brent Burns
Alex Pietrangelo

Carey Price
Braden Holtby
Corey Crawford

« Cette barrière mentale est maintenant derrière moi »