ANAHEIM - La décision d’exclure P.K. Subban de la sélection initiale d’Équipe Canada a soulevé l’ire des partisans du Tricolore. Dans les coulisses de la LNH, cette décision n’a toutefois pris personne par surprise.

« Le plan était de miser sur la chimie et l’expérience acquise lors des derniers Jeux olympiques à Sotchi », a expliqué Marc Bergevin, l’un des adjoints de Doug Armstrong, le directeur général d’Équipe Canada. L’état-major a donc misé sur Drew Doughty et Shea Weber sur le flanc droit, sur Ducan Keith et Marc-Édouard Vlasic du côté gauche.

L’exclusion de Subban pourrait n’être que temporaire. Car s’il était facile de prévoir que Doughty et Weber le devanceraient au sein du top-4, il est beaucoup plus difficile de prétendre que Subban sera boudé lors du dépôt de la liste finale le ou avant le premier juin prochain. Mais attention, il est tout aussi difficile, voire impossible, d’affirmer que Subban a une place réservée au sein de trois ou quatre derniers défenseurs à choisir.

« Je n’ai aucun contrôle sur la sélection. Je peux simplement contrôler la qualité de mon jeu sur la patinoire. Mon objectif demeure toujours d’être le meilleur défenseur de la Ligue. Honnêtement, je crois avoir démontré par mes statistiques et ce que j’accomplis sur la patinoire que je mérite une place parmi les meilleurs défenseurs du Canada », a commenté Subban après l’entraînement matinal du Tricolore au Honda Center.

Lorsque Subban a croisé les journalistes, seuls Tomas Plekanec (République tchèque) et Andrei Markov (Russie) avaient été sélectionnés. Le directeur général Doug Armstrong a toutefois contacté le défenseur du Canadien pour lui faire part de sa décision. L’attitude de Subban – il semblait un brin déçu et deux brins résignés – lors de son point de presse laisse croire qu’il avait déjà reçu cet appel.

Vlasic n’a rien volé à Subban

L’un des défenseurs les plus fiables en défensive de la LNH, Marc-Édouard Vlasic avait un poste assuré au sein de l’équipe. De plus, les partisans qui croient que le défenseur québécois âgé de 28 ans « vole » une place à Subban se trompent. Car non seulement Vlasic est là en raison de ses qualités défensives, il est aussi gaucher. Et comme c’était le cas lors des Jeux de Sotchi, l’entraîneur-chef Mike Babcock souhaite compter sur des défenseurs gauchers à gauche, droitiers à droite.

P.K. Subban sera donc en compétition directe avec Brent Burns, le coéquipier de Marc-Édouard Vlasic à San Jose, avec Kristopher Letang des Penguins de Pittsburgh, Brent Seabrook des Blackhawks de Chicago et peut-être aussi, mais dans une moindre mesure selon moi, avec Alex Pietrangelo des Blues de Sain Louis pour les deux derniers postes sur le flanc droit.

ContentId(3.1175177):Vlasic : un des défenseurs les plus stables
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P.K. Subban peut rivaliser avec tous ses adversaires dans la course aux derniers postes disponibles sur le plan du talent brut, sur le plan physique, celui de la vitesse et de la qualité du tir. Les qualités de Subban sont connues et reconnues de tous. Sa tendance à miser gros sur la patinoire soulève toutefois encore des doutes. Surtout dans le cadre d’un tournoi de courte durée. Tournoi au cours duquel les matchs seront très serrés et la marge d’erreur très mince.

Si le Canadien est exclu des séries éliminatoires – ce qui n’est pas encore assuré mathématiquement – Subban pourrait avoir l’occasion de balayer tous les doutes du revers de la main et de maximiser ses chances d’être sélectionné avec une performance du tonnerre dans le cadre des Championnats du monde.

« À titre de directeur général du Canadien de Montréal, j’espère avoir le plus de joueurs de mon équipe possible à la Coupe du monde. Je suis très content de voir que Carey (Price), Tomas (Plekanec), Max (Pacioretty) et Andrei (Markov) et j’espère que P.K. s’ajoutera à la liste », a indiqué Marc Bergevin avant le match.

Une question : Jeff Carter

Entraîneur-chef d’Équipe Canada, Mike Babcock a fait rire bien du monde mercredi matin lorsqu’il a indiqué que la sélection des 16 premiers joueurs de son équipe était tellement évidente que même son épouse aurait pu dresser cette liste.

« C’est vrai qu’il n’y a pas eu de grands débats », a reconnu Marc Bergevin qui a partagé le travail avec son « patron » Doug Armstrong (Saint Louis), et les autres adjoints Bob Murray (Anaheim), Ken Holland (Detroit) et Rob Blake (Los Angeles).

S’il est impossible de remettre en question la sélection des trois gardiens et quatre défenseurs, il me semble que Jeff Carter, au-delà son talent et son expérience, aurait pu être écarté de la sélection initiale.

« J'aimerais que P.K. soit de l'équipe »

Il ne fait pas de doute à mes yeux que Carter mérite une place au sein des 20 patineurs du Canada en vue de la Coupe du monde. J’aurais toutefois préféré voir un changement de la garde avec la candidature de jeunes attaquants comme Taylor Hall ou Matt Duchene sur la liste initiale à la place d’un vétéran comme Carter. Remarquez qu’une fois le dépôt de la liste complète, Hall et/ou Duchesne seront peut-être de la sélection.

« Lors de nos premières réunions, j’ai été surpris un peu de voir l’instance des autres DG à l’endroit de Carter. Étant dans l’Est, je le vois moins souvent que Doug, Bob et Rob. Et s’ils y tenaient autant, c’est qu’ils avaient de bonnes raisons de le faire », a indiqué Marc Bergevin.

Il sera intéressant de voir quelle direction prendra l’état-major d’Équipe Canada avec ses dernières sélections. La lutte sera certainement très serrée à la ligne bleue, mais elle le sera aussi à l’attaque.

Au terme d’une saison phénoménale, Brad Marchand des Bruins de Boston pourrait-il rejoindre Patrice Bergeron? La réponse est oui, il le pourrait. Les craintes associées à son indiscipline pourraient refroidir les ardeurs de ceux qui croient en lui. Car une seule mauvaise pénalité pourrait miner les chances d’un club favori comme le Canada.

Dans la catégorie des jeunes capables de s’imposer tout en gênant l’adversaire, Brendan Gallagher suscite de l’intérêt. Sa candidature a d’ailleurs fait l’objet de discussion depuis le début du processus de sélection. « On a parlé de lui. Et je ne suis pas le seul à l’avoir fait. Brendan a des qualités reconnues de tous. Je ne sais pas s’il sera en mesure de se hisser au sein de l’équipe dès cette année, mais il n’y a pas de doute à mes yeux qu’il aura sa chance de défendre les couleurs du Canada un jour dans une compétition aussi relevée que la Coupe du monde », a conclu Marc Bergevin.