L'actuelle séquence de six victoires du Canadien ne représente pas une surprise à mes yeux parce que soyons honnête, l'équipe ne jouait pas contre des formations menaçantes. Cela étant dit, ça n'enlève rien au mérite des joueurs qui ont fait un beau travail d'équipe. Avant les séries éliminatoires, cette séquence est excellente et je ne crois pas que ces six victoires soient le fruit du hasard.

En fin de saison, le temps est venu d'évaluer l'équipe sous son vrai visage. Je ne pense pas qu'il faille absolument trouver un héros pour les succès actuels ou encore un coupable pour les insuccès d'il y a quelques semaines. Sous les ordres de Bob Gainey, tout comme sous le règne de Claude Julien, il y a eu des matchs où le Tricolore a été complètement dominé. L'important, c'était qu'il y ait eu un regroupement qui s'est produit et celui qui est devenu l'élément rassembleur, c'est le gardien Cristobal Huet.

Huet donne une chance à l'équipe de gagner dans chacun de ses matchs. Un leader n'a pas besoin de parler beaucoup pour exercer son leadership. À sa façon, Huet est devenu un leader avec ses performances, qui ont été contagieuses. À l'heure actuelle, tout le monde contribue, même les gars du quatrième trio.

Dans un système, une équipe a toujours besoin que son gardien fasse les arrêts, ce que José Théodore ne faisait pas en début de saison. Des performances comme celles de José minaient le plan de match de l'équipe. Il faut toutefois arrêter d'associer ce qui pouvait se passer à l'extérieur de la patinoire aux résultats de l'équipe. Il y a eu des années où le Canadien était parmi les meilleures équipes de la LNH et on n'entendait jamais parler des frasques de certains joueurs à l'extérieur et ce, simplement parce que l'équipe gagnait sur une base régulière. Il faut donc arrêter d'accorder trop d'importance à ce qui a pu se produire à l'extérieur de la patinoire. La transaction impliquant Théodore est arrivée à un bon moment pour lui et pour le Canadien.

Huet fait le travail devant le filet du Canadien et je répète, si j'avais été Bob Gainey, je n'aurais pas fait l'acquisition de David Aebischer. J'avais confiance en Huet parce qu'il répondait aux attentes. Je n'enlève rien à Gainey qui a obtenu un gardien d'expérience mais moi, j'aurais préféré qu'on donne la chance à une recrue d'acquérir de la maturité dans la LNH.

Le 39 a prouvé qu'il peut être gardien numéro un et le Canadien devra le mettre sous contrat à la fin de la saison pour au moins deux ans. Son agent voudra certes profiter du fait que Huet connaît la plus belle séquence de sa vie de hockeyeur pour lui obtenir un lucratif contrat. Tout dépendra jusqu'à quel point l'agent de Huet sera gourmand.

Gainey n'a pas peur prendre les décisions qui s'imposent pour assurer le succès de son club. Les joueurs savent à quel enseigne loge leur entraîneur. S'ils ne font pas le travail, ils seront simplement laissés de côté. Richard Zednik va d'ailleurs goûter à la médecine de Gainey face aux Bruins mardi. Mike Ribeiro y a goûté aussi récemment. Gainey n'a pas peur de prendre des décisions qui ne feront pas toujours l'unanimité. Gainey s'est assuré d'avoir carte blanche avant d'accepter de se joindre au Canadien car je suis convaincu, qu'il n'a plus besoin du hockey pour gagner sa vie.


... et les séries

Le Canadien est pratiquement assuré de participer aux séries éliminatoires alors qu'il y a trois semaines seulement, c'était pas mal moins évident. L'important pour le Tricolore est d'être de la danse printanière et l'adversaire en première ronde importe peu.

En séries, c'est une autre saison et on ne choisit pas ses adversaires. Parmi les équipes de tête à l'heure actuelle, la Caroline est celle qui me fait le plus peur. À Ottawa, on ne sait pas si Dominik Hasek pourra effectuer un retour au jeu. Même chose pour le défenseur Zdeno Chara. Les Sénateurs ont beaucoup de profondeur mais les joueurs blessés, sont des joueurs clés.

Les Hurricanes jouent une saison de rêve et tout tourne à leur avantage. C'est l'équipe la plus dangereuse dans l'Est.

Quant aux Rangers de New York, leurs succès dépendent de la tenue de Jaromir Jagr et du gardien Henrik Lundqvist alors qu'en Caroline, il s'agit d'un succès d'équipe. On peut craindre les Rangers mais pas autant que les Hurricanes.

*propos recueillis par RDS.ca