La volte-face de Colin Campbell dans le dossier Chris Pronger paraît mal.

Comme préfet de discipline, Campbell aurait dû s'accorder plus de temps et s'assurer d'avoir tous les éléments en main avant de prendre une décision. Je considérais qu'il avait, dans un premier temps, rendu une décision de façon hâtive. Il aurait dû s'assurer de voir tous les angles possibles de caméra avant de se prononcer car le même geste avait coûté 30 parties à Chris Simon plus tôt dans la saison.

Un geste avec un patin est répréhensible au maximum. La seule différence entre le geste de Simon et celui de Pronger se situe au moment où il a été posé dans la partie. Simon a frappé son adversaire lors d'un changement de joueurs pendant que sa victime était sur la patinoire alors que le geste de Pronger a été posé dans le feu de l'action.

Il faut imposer des sanctions selon la gravité du geste posé et non pas en fonction des antécédents du joueur. En justice, qu'une personne tue une fois ou tue plusieurs fois, aux yeux de la justice, il est un tueur. Qu'en pensez-vous? Si Campbell avait été un peu plus juste envers Simon et le reste de la LNH, la suspension aurait été au moins de 15 parties à Pronger.

Dans les faits, Pronger va se reposer jusqu'à l'avant-dernier match de son équipe avant d'entreprendre les séries. En voulant faire plaisir à tout le monde et aux Islanders de New York, la LNH a pris trop de choses en considération et elle se couvre de ridicule. Si la LNH était sérieuse dans ses intentions d'enrayer de tels gestes, elle agirait d'une autre façon. Dans le fond, elle n'a cherché qu'à éviter de priver une équipe de son joueur étoile.


Deux poids et deux mesures

Évidemment, la LNH a prouvé qu'il y avait deux poids et deux mesures. Simon est un joueur de quatrième trio alors que Pronger est un joueur étoile.

Pronger est un joueur d'impact et la LNH le sait. Depuis qu'il est parti des Blues de St.Louis, l'équipe ne va nulle part. Quand il s'est joint aux Oilers d'Edmonton, son équipe a participé à la finale de la coupe Stanley. L'an dernier avec les Ducks, il a gagné la coupe. Je pense donc que le circuit Bettman a pris en considération le fait qu'il est un joueur de concession avant de lui infliger sa suspension de huit parties.


Un tableau de sanctions

Le poste de Campbell n'est pas menacé tant qu'à moi. Il faudrait toutefois qu'il se sente appuyer dans ses actions, notamment avec un tableau avec des sanctions prédéterminées. De la sorte, tout le monde saurait à quel enseigne se loge la LNH et les risques encourus selon les infractions. Ça enlèverait un peu de latitude à Campbell mais ça éviterait des situations comme celle-là. Il faut quantifier les matchs de suspension en fonction du geste et pas en fonction d'un joueur étoile ou d'un joueur marginal.

Le tableau pourrait prévoir une gradation des sanctions selon le nombre de gestes répréhensibles posés. Si le joueur en est à sa deuxième offense par exemple, le nombre de parties de suspension serait plus élevé. Ça enlèverait l'influence extérieure et l'interprétation.

La LNH doit adopter la ligne dure. Actuellement, tout laisse place à l'interprétation et on ne sait pas si Campbell a le pouvoir de prendre toutes les décisions ou s'il doit consulter son patron Gary Bettman ou d'autres personnes à travers la LNH avant d'agir.


*propos recueillis par Robert Latendresse