TORONTO - « Cessons d’en parler et allons jouer! »

C’est de cette façon que Carey Price a mis un terme à son dernier point de presse avant l’ouverture de la Coupe du monde.

Les États-Unis et l’Europe donneront le coup d’envoi du tournoi, samedi après-midi, alors que le Canada et la Tchéquie s’affronteront en soirée au Air Canada Centre. Sans surprise aucune, c’est Carey Price qui défendra la cage canadienne. Il sera toutefois secondé par Corey Crawford qui semble être passé devant Braden Holtby dans la hiérarchie des gardiens du Canada.

Bien qu’il ait obtenu congé d’entraînement vendredi, Shea Weber sera à son poste à la droite de Marc-Édouard Vlasic au sein du premier duo de défenseurs d’Équipe Canada.

Jake Muzzin sera laissé de côté tout comme Claude Giroux qui semble être confiné dans le rôle de 13e attaquant. Une vilaine chute pour le franco-ontarien qui occupait une place de choix en avantage numérique lors des premiers entraînements de l’équipe il y a deux semaines.

À l’aube du tournoi qu’il amorce à titre de grand favori pour l’emporter, l’entraîneur-chef Mike Babcock semble préférer des joueurs comme Matt Duchesne en raison de sa vitesse et Ryan O’Reilly, arrivé avec l’équipe mardi pour remplacer Tyler Seguin, en raison de son efficacité en désavantage numérique. On verra d’ailleurs ces deux joueurs en compagnie de Joe Thornton au sein d’un quatrième trio.

Sidney Crosby, flanqué de Patrice Bergeron et Brad Marchand, Ryan Getzlaf, flanqué de John Tavares et Steven Stamkos de même que Jonathan Toews, flanqué de Logan Couture et Corey Perry, formaient les trois autres trios vendredi.

« Dans nos projections initiales, nous avions Toews (Jonathan) et Bergeron (Patrice) sur notre unité de désavantage numérique. Maintenant que nous les avons mutés au sein de l’attaque à cinq ça nous prend des gars pour les remplacer en désavantage numérique et O’Reilly assume très bien ce rôle », a plaidé Babcock.

Parlant de l’attaque massive, Babcock a apporté quelques changements, mais il maintient le plan initial d’utiliser un seul défenseur à la pointe. Jonathan Toews a donc rejoint John Tavares, Ryan Getzlaf, Corey Perry et Drew Doughty au sein d’une des deux unités. Patrice Bergeron retrouve quant à lui son compagnon de trio Sidney Crosby, Joe Thornton, Steven Stamkos et Brent Burns.

« Nous misons sur quatre attaquants depuis le début du tournoi, mais des ajustements sont toujours susceptibles de survenir lors du tournoi. Le cadran et certaines situations de match peuvent aussi dicter des décisions. Si dans une circonstance particulière nous avons besoin d’un tir de la pointe et qu’il est disponible, Shea Weber sera envoyé dans la mêlée », a convenu l’entraîneur-chef d’Équipe Canada.

Drew Doughty ne se formalise pas le moindrement d’être le seul défenseur sur la glace lors des attaques massives.

« C’est un ajustement très facile surtout que ma tâche demeure la même : trouver un bon corridor de passe ou mettre la rondelle au filet. »

Un dernier entraînement pour Équipe Canada

Corey Perry et Ryan Getzlaf sont habitués à une stratégie du genre puisque c’est de cette façon qu’ils jouent avec les Ducks d’Anaheim.

« La clef pour obtenir du succès et de s’assurer de multiplier les occasions », a indiqué Perry. « Quand tu regardes autour du vestiaire, tous les joueurs pourraient évoluer au sein des attaques massives. Il nous faut maintenant trouver un peu plus de cohésion et de complicité afin de maximiser les résultats », a ajouté Getzlaf.

Les États-Unis en mission

Le Canada part favori. C’est clair. Et comme l’a dit en boutade Marc-Édouard Vlasic, le Canada doit surtout se méfier… du Canada. Il y a un fond de vérité derrière cette boutade. Car aussi puissante soit l’équipe canadienne, aussi convaincue d’avoir la profondeur, le talent et l’expérience nécessaire pour gagner, le Canada devra éviter un excès de confiance qui pourrait être fatal.

« Nous sommes ici pour gagner. Il faudra remporter notre première partie afin de trouver notre élan et survoler ensuite le tournoi. L’équipe qui est sur la meilleure lancée est toujours favorisée dans un tournoi de ce genre », a indiqué Drew Doughty dont le calme sur la patinoire est à l’image du calme qui le caractérise lorsqu’il répond aux questions des journalistes.

Le Canada est donc favori. Mais attention! L’opposition sera féroce. Surtout que les Américains se disent en mission comme l’a assuré Patrick Kane.

« C’est notre tour de gagner. Nous étions trop jeunes en 2010 à Vancouver, mais sommes quand même passés à un but de la médaille d’or. À Sotchi, on est encore tombé contre le Canada en demi-finale. Les joueurs qui composent notre équipe sont à pleine maturité. Nous sommes à l’apogée de nos carrières. Nous sommes tous très conscients que c’est peut-être notre dernière chance de donner un titre majeur à notre pays. Comme en 1960 et 1980 aux Jeux olympiques. Comme en 1996 lors de la première Coupe du monde. »

Patrick Kane a raison de croire aux chances de son équipe. Cette formation est solide à toutes les positions. Elle compte aussi sur trois excellents gardiens.

Si la logique est respectée, Patrick Kane, Max Pacioretty et leurs coéquipiers des États-Unis devraient croiser Carey Price et le Canada dans le cadre de la série deux de trois qui couronnera le gagnant de la Coupe du monde 2016.

La Suède par l’arrière

Mais voilà : la logique n’est pas toujours respectée dans ce genre de compétition. Une défaite surprise en match préliminaire peut grandement compliquer la suite des choses pour les favoris.

C’est pour cette raison qu’on doit accorder des chances de victoire à un club comme la Suède.

Médaillée d’argent à Sotchi, la Suède compte sur le meilleur groupe de défenseurs de toutes les formations en lice. Le groupe le plus menaçant offensivement. Le groupe le plus équilibré aussi. Menée par Erik Karlsson, Oliver Ekman-Larsson et Victor Hedman, cette brigade est complétée par Niklas Hjalmarsson, Mattias Ekholm, Anton Stralman et Hampus Lindholm.

Bien qu’il ait vieilli, Henrik Lundqvist est toujours un excellent gardien. Il devra toutefois être étincelant. Car si le roi tombe de son trône, il serait surprenant que Jacob Markstrom ou Jhonas Enroth soit en mesure de sauver l’équipe.

Mais parce qu’elle repose sur des bases solides en défense, la Suède pourrait se rendre en finale par la porte arrière.

La Finlande représente aussi une source potentielle de surprise. Mais je ne vois pas comment elle pourrait surprendre assez pour se rendre en finale. Encore moins pour gagner.

Idem pour la Tchéquie.

Je ne crois pas non plus aux chances de la Russie. Vrai que son attaque est redoutable, mais sa défense est tellement lente et suspecte que le système et les gardiens ne pourront toujours la sauver.

Quant à l’Europe, elle est la grande négligée du tournoi.

Jeunes surdoués

S’il y a un club qui peut vraiment surprendre, ce sont les jeunes surdoués de l’Amérique du Nord. Auston Matthews et Connor McDavid, les deux derniers premiers de classe du repêchage d’entrée dans la LNH, ont été réunis par Todd McLellan à l’entraînement vendredi. Ce duo de choc pourrait faire des flammèches en attaque. De fait, l’attaque est le moindre des problèmes pour ces jeunes de moins de 24 ans. Tout comme la fougue et la vitesse. Mais l’aspect défensif du jeu, le respect des systèmes et la patience nécessaire pour faire face aux défis qui se dresseront lors du tournoi ne semblent pas au rendez-vous.

J’aimerais beaucoup les voir prendre les plus vieux de court et causer une grosse surprise face aux clubs qui les devancent dans la liste des favoris. J’espère donc me tromper – ça arrive d’ailleurs souvent –, mais je crains que plus le tournoi avancera et plus les jeunes en arracheront.

Il n’y a pas de podium à la Coupe du monde qui couronnera simplement le club champion. Ma prédiction étant une victoire du Canada en grande finale aux dépens des États-Unis, voici ma liste des favoris.

1-    Canada
2-    États-Unis
3-    Suède
4-    Amérique du Nord
5-    Tchéquie
6-    Finlande
7-    Russie
8-    Europe

Trios du Canada à l'entraînement samedi : 

Marchand-Crosby-Bergeron
Tavares-Getzlaf-Stamkos
Couture-Toews-Perry
Thornton-O'Reilly-Duchene