Jacques Martin a fait son choix, Carey Price amorcera la dernière rencontre contre les Maple Leafs de Toronto et je ne peux pas m'opposer à cette décision.

Si j'avais été dans les souliers de Martin, et c'est peut-être ce qui est arrivé, j'aurais demandé à Carey ce qu'il préfère afin de pouvoir amorcer les séries au sommet de sa forme.

Je crois que Price a prouvé cette saison que plus il joue, meilleur il est.

Bien sûr, l'élément risque sera toujours présent surtout que tu affrontes Toronto. Il pourrait se faire frapper ou même se blesser, mais il n'a pas été énormément maltraité cette saison.

Je profite de l'occasion pour ajouter que je ne suis pas trop inquiet par la baisse de rendement du Canadien jeudi soir contre les Sénateurs à Ottawa.

Ayant assuré leur place en séries mardi, les joueurs ont instinctivement, et non automatiquement, connu, une baisse de régime, mais ils voulaient tout de même gagner contre les Sénateurs.

Ce sujet a été abordé très souvent et c'est évident que tu souhaites amorcer les séries sur une bonne lancée, mais cette perception a beaucoup changé depuis quelques années.

Dans le passé, la culture était vraiment de se diriger vers les séries sur une excellente séquence pour démarrer en force. Maintenant, les équipes veulent avant tout entamer cette étape en santé.

Pour vous donner une comparaison, c'est un peu comme si les joueurs se forçaient, mais qu'ils avaient un pied près de la pédale de frein…

Cammalleri surgit, Plekanec est discret

Michael Cammalleri a prouvé l'an dernier, et particulièrement en séries, qu'il pouvait être un joueur des grandes occasions. Cette saison, il a été blessé ce qui n'a pas aidé sa cause. C'est encourageant de voir son rendement des derniers matchs et c'est toujours intéressant de voir que plus la saison avance, plus les vétérans se comportent bien.

Les vétérans ont tendance à mieux jouer et avoir un niveau de concentration plus élevé quand les matchs ont de la signification. Cammalleri a justement ce genre de présence.

Il ne faut pas oublier qu'à part Andrei Kostitsyn, rares sont les joueurs du Canadien qui peuvent marquer d'un peu partout sur la patinoire. Cammalleri possède l'atout d'être dangereux même si sa production a été en baisse cette saison.

Au retour de sa blessure, le numéro 13 du CH a quand même obtenu de bonnes chances de marquer, mais ça ne fonctionnait malheureusement pas pour lui.

En ce qui concerne Plekanec, c'est vrai qu'il traverse une période légèrement plus difficile, mais il avait brillé avant de ralentir et de se blesser.

Ce serait injuste de ne pas mentionner qu'il a été surtaxé cette année. On en demande beaucoup à Plekanec surtout avec les blessures survenues cette saison et le fait que Scott Gomez ne joue pas au niveau espéré et qu'il ne récolte pas des points régulièrement.

David Desharnais a donné un petit répit à Plekanec, mais le Canadien aura besoin du joueur tchèque en grande forme pour se rendre loin.

Le 7e défenseur et les jeunes attaquants

Avec le retour de Jaroslav Spacek, Brent Sopel semble avoir été relégué au rôle de septième défenseur derrière Paul Mara. Peu importe, son acquisition pourrait être très utile en séries.

En fait, n'importe quel directeur général ou entraîneur vous dira que le fait de miser sur de la profondeur avec de l'expérience s'avère un atout de taille. Les séries peuvent être longues et très exigeantes pour les joueurs si bien qu'une organisation doit souvent utiliser tout ton personnel. C'est très rare que tu peux franchir deux ou trois rondes sans subir de blessures.

Sopel possède de l'expérience et il a même gagné la coupe Stanley l'an dernier.

De son côté, Mara est aussi un défenseur expérimenté et son rendement représente en quelque sorte une surprise. L'an dernier, ça ne fonctionnait pas aussi bien pour lui. Cette fois, il répond à l'appel et son physique imposant sert bien sa cause et celle de son équipe.

Je suis convaincu que Jacques Martin s'arrangera pour que tous ses joueurs comprennent leur rôle et soient prêts pour toutes les situations.

Contrairement à Mara et Sopel, le Canadien dépend aussi du rendement de quelques jeunes attaquants comme Desharnais, Benoit Pouliot et Ryan White. Ces derniers ne sont pas aussi incisifs par les temps qui courent, mais les derniers matchs de la saison représentent une période d'apprentissage pour eux.

J'ai toujours dit que la saison se divisait en trois volets. Le premier se rend jusqu'à Noël, le deuxième jusqu'au match des étoiles et le dernier jusqu'à la conclusion du calendrier régulier. Dans le dernier droit, c'est un peu comme si les séries étaient amorcées et les matchs sont plus intenses.

Les batailles dans les coins sont plus exigeantes et tu dois travailler davantage pour les rondelles. Cette intensité explique en partie une plus grande quantité de coups vicieux.

Même si David a bien fait depuis son rappel, il n'a pas beaucoup d'expérience dans la LNH et il apprend à chaque match. Lui et les autres jeunes attaquants doivent s'assurer d'être à la bonne place pour ne pas mettre leur équipe dans le trouble.

Bien sûr, le Canadien ne s'attend pas à des buts de leur part à chaque match, mais ils doivent éviter de placer leurs coéquipiers dans une mauvaise situation.

En terminant, je n'ai pas de préférence quant à l'adversaire du Tricolore. Dans le dernier droit, la grande majorité des équipes ont ralenti et même les Canucks, les Flyers et les Bruins ont vécu des périodes plus calmes.

À mon avis, aucune équipe n'a prouvé qu'elle était au-dessus des autres.

Ça va de soi, mais si tu veux gagner la coupe Stanley, tu dois battre les meilleures formations et tu es aussi bien de les battre en partant avec des forces fraîches.

*Propos recueillis par Éric Leblanc