Quand se termine une saison chez les équipes perdantes, il y a toujours des histoires qui finissent par sortir, mais voir Andrei Markov, qui n'a disputé que 13 parties cette saison, refuser de parler de P.K. Subban, je trouve ça inquiétant.

La situation est préoccupante parce que Subban représente l'avenir du Canadien à la ligne bleue. S'il existe un problème, il est important de le régler. La situation est symptomatique de la saison que vient de connaître le Canadien et qui a été marquée par un manque d'organisation. On l'a vu avec la transaction de Michael Cammalleri ou le congédiement de Perry Pearn. Ça reflète un manque de gestion et un manque d'encadrement des jeunes. C'était à la direction d'y voir.

Subban représente l'avenir du club et je suis inquiet de constater qu'il n'y a pas que Markov chez le Canadien qui a un malaise avec le jeune défenseur. D'autres joueurs ont préféré ne pas parler de Subban lundi pour éviter la controverse.

Subban a eu quelques échauffourées durant les entraînements, mais sur la patinoire pendant les parties, on ne peut rien lui reprocher. C'est un jeune qui fait les choses de façon différente en raison de son énergie. Il apporte une autre dimension à l'équipe.

Je pense que c'est le manque de maturité qui fait défaut chez Subban, qui est un adolescent dans un corps d'homme. C'est souvent le cas chez les jeunes joueurs qui arrivent dans la LNH avec les poches pleines d'argent.

Subban a une personnalité extravertie. Il aime prendre le contrôle et prendre l'affiche. Je suis convaincu qu'il aime la musique forte dans le vestiaire, ce qui n'est pas le cas pour certains vétérans.

Ce n'est pas un joueur de quatrième ligne qui va réussir à calmer Subban. Auparavant, on avait Hal Gill pour calmer le jeune défenseur. L'entraîneur Randy Ladouceur a aussi essayé de le calmer. Ultimement, ça appartiendra à la future direction du Canadien d'agir en donnant des lignes directrices pour bien gérer la situation. Ceux qui ne suivront pas ces lignes devront être ramenés à l'ordre. Ça fait partie de l'encadrement selon moi.

Si j'étais le propriétaire du Canadien, j'exigerais que mon directeur général me tienne au courant de ce qui se passe dans le vestiaire. Cette procédure aurait dû être en vigueur dès le début de la saison.

C'est au directeur général d'imposer la procédure à l'entraîneur, qui lui devra l'imposer à ses joueurs. Au New Jersey, les joueurs des Devils n'ont pas le droit de porter la moustache et durant le mois de novembre, aucun joueur de l'équipe n'a participé à la campagne Movember parce que ça fait partie des règlements internes. Quelqu'un doit être en charge pour faire valoir et respecter les valeurs qui sont propres au Canadien.

Subban doit faire sa part et devenir plus mature. Il aura plus de succès à l'extérieur de la glace en devenant un meilleur individu et dans sa façon d'être. Le jeune manque de cette maturité, qui va venir avec le temps.

Bateau sans gouvernail

Tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas de directeur général chez le Canadien, ce sera comme un bateau sans moteur. Actuellement, il y a deux matelots qui ne rament pas, mais qui recherchent un moteur et des rames.

Je fais confiance à Serge Savard dans son rôle de guide. Il faut maintenant savoir jusqu'à quel point Geoff Molson veut que Savard s'implique au cours des prochaines saisons. À mon avis, Savard doit être plus près de l'organisation au quotidien. Dans un monde idéal, je favoriserais la création d'un comité des anciens, qui agirait un peu comme des éminences grises afin que les standards établis avec les années soient respectés. Les anciens pourraient aussi aider les jeunes joueurs qui sont un peu dépaysés dans l'uniforme du Canadien, car eux, ils ont déjà gagné et ils connaissent le tabac.

Dossiers à régler

Scott Gomez : Il doit disparaître de l'organisation. Le Canadien doit trouver une façon polie, rapide et la moins onéreuse possible pour que Gomez ne soit plus dans l'entourage de l'équipe. Je suis tanné d'entendre des promesses et de voir que les joueurs ne répondent pas.

Gomez est devenu une source de distraction autour du Canadien. Les médias parlent trop souvent de lui pour ce qu'il apporte à l'équipe. Pour son bien personnel et pour le bien du Canadien, Gomez doit quitter définitivement l'organisation.

Il ne doit pas aller à Hamilton pour éviter qu'un vétéran désabusé ait une mauvaise influence sur les jeunes joueurs.

Négociations de contrat de Subban et de Price : Pour P.K., je vois un contrat de trois ans qui lui rapportera un salaire variant entre quatre et cinq millions par saison. J'imagine qu'il sera à la recherche d'un contrat semblable à ceux signés par Tyler Myers des Sabres de Buffalo ou Drew Doughty des Kings de Los Angeles. La direction devra identifier si elle veut également garder ce type de joueur avec l'équipe à long terme.

Pour ce qui est de Price, c'est un must de lui donner un bon contrat. Le gardien a fait un virage maturité important et il l'a prouvé. C'est la raison pour laquelle je ne lance pas la serviette avec Subban.

Price m'a montré qu'il est un des cinq meilleurs gardiens de la LNH et il doit être payé en conséquence. Price peut changer l'allure d'une partie à lui seul. À mes yeux, il est un cavalier qu'il faut garder en selle pour longtemps.

Le premier choix du CH : Je le répète depuis un mois, si j'étais directeur général du Canadien, je regarderais ce que je peux obtenir en retour du premier choix de l'équipe. Je discuterais avec des équipes qui ont des joueurs de centre d'impact. Avec le premier choix, je serais disposé aussi à laisser partir un joueur comme Tomas Plekanec dans la même transaction.

Les jeunes qui doivent revenir

Plusieurs jeunes joueurs sont passés par Montréal cette saison et il y en a quelques-uns qui doivent revenir avec l'équipe comme Louis Leblanc, un gars intéressant. En défensive, il y a Alexei Emelin, qui a assez bien fait pour rester. Il faudra aussi trancher entre Yannick Weber et Raphael Diaz à la ligne bleue.

Selon moi, c'est terminé pour Aaron Palushaj et Mike Blunden. Par contre, il faudrait garder Brad Staubitz.

Frédéric St-Denis a démontré de belles choses, mais pas encore assez pour faire la différence. Il demeure toutefois un bon gars de soutien.

*Propos recueillis par Robert Latendresse