WINNIPEG – Ancien entraîneur-chef du Drakkar de Baie-Comeau et du Titan d’Acadie-Bathurst, dans la LHJMQ, Éric Dubois en est à sa troisième saison comme entraîneur adjoint du Moose du Manitoba, le club affilié aux Jets de Winnipeg dans la Ligue américaine. Pour lui, seconder un autre Québécois, Pascal Vincent, est un rôle qui le comble à ce stade-ci de sa carrière.

 « Dans la vie, il faut que tu saches dans quoi tu es bon, disait le sympathique entraîneur de 48 ans jeudi matin, lorsque RDS.ca l’a rencontré aux abords du vestiaire du Moose. Je crois qu’être adjoint est un rôle qui me sied mieux qu’en chef. J’aime ma proximité avec mes défenseurs. Je me concentre sur ces six ou huit individus, je sais quoi faire pour les aider à atteindre la Ligue nationale. Je l’ai même déjà mentionné à Pascal et à Craig Heisinger [le directeur général] que je ne cherchais pas du tout à retourner en chef, ici ou ailleurs. »

Si Dubois sait exactement quoi faire pour mener les espoirs défensifs des Jets à bon port, c’est que non seulement il a une vaste expérience comme entraîneur, mais il est aussi lui-même passé par là en tant que joueur. En effet, cet ancien défenseur étoile du Titan de Laval, qui a été un choix de quatrième tour des Nordiques de Québec en 1989, a disputé 375 rencontres dans la Ligue internationale, la Ligue de la Côte Est et la Ligue américaine avant de poursuivre sa carrière en Europe.

En 2004-2005, soit deux ans après avoir mis fin à son séjour européen, en Allemagne, il a amorcé son parcours d’entraîneur comme adjoint chez le Drakkar. Et le voilà aujourd’hui le bras droit de Pascal Vincent, qui cogne de plus en plus à la porte de la LNH, après avoir été élu entraîneur-chef par excellence de la LAH, l’an dernier.

« J’adore la façon de Pascal de travailler avec ses adjoints, avoue Dubois. Il me donne beaucoup de liberté et de responsabilités. Je m’occupe du désavantage numérique et des défenseurs. Je suis aussi fréquemment en contact avec Charlie Huddy, qui remplit le même rôle que moi avec les Jets. On veut absolument avoir la même philosophie et le même système de jeu dans la Ligue nationale et la Ligue américaine. Vraiment, tout va bien pour moi ici. »

Winnipeg a bien changé

Dubois se souvient évidemment que Pierre Lalonde chantait : « À Winnipeg, les nuits sont longues ». Mais pour lui, il n’en est rien. Il aime la capitale du Manitoba qui abrite près de 1,3 million d’habitants.

« J’ai joué ici il y a 20 ans et je peux te dire que la ville est pas mal plus dynamique qu’à l’époque, sourit-il. L’économie va bien. Ma femme est américaine, alors de revenir dans un milieu anglophone, ça lui a fait du bien, même si elle a adoré Rimouski [adjoint de 2013 à 2016]. Elle s’est trouvé un travail qu’elle aime. On passe pas mal plus de temps à l’aréna qu’à l’extérieur, alors on n’a pas à se plaindre de la température! »

En plus, Dubois a la chance de parler en français dans le vestiaire du Moose, puisqu’en plus de Vincent, on y retrouve six joueurs québécois : Joey Ratelle, Félix Girard, Charles-David Beaudoin, Jimmy Oligny, Alexis D’Aoust et Émile Poirier.

« On fait toutefois attention de parler en français seulement quand on est seul à seul entre Québécois, question de ne pas vexer personne », précise Dubois.

Un papa fier

Ce dernier suit évidemment à distance les prouesses de son fils Pierre-Luc, qui en est à sa deuxième saison avec les Blue Jackets de Columbus. Mais en raison de son horaire éreintant d’entraîneur et de celui tout aussi chargé de fiston, les occasions de se voir se font plutôt rares.

« Je suis allé à Columbus à Noël, raconte le paternel. Ma femme et ma fille sont restées une semaine de plus et elles ont eu la chance de le voir jouer. On va y retourner pendant la pause du match des étoiles de la Ligue américaine, à la fin janvier. Ce sera ma seule chance de voir jouer Pierre-Luc cette saison, car quand il va venir avec les Blue Jackets à Winnipeg, le Moose va être sur la route. On se parle régulièrement, presque chaque jour. Mais si on parle de hockey, c’est que ça va venir de lui. Je suis son père, pas son coach. Cela dit, s’il veut des conseils, il sait que je suis là. On a une belle relation. »

Âgé de 20 ans, Pierre-Luc Dubois totalise présentement 38 points en 43 matchs avec les Jackets, après une excellente saison recrue de 48 points. Il va être bon, et pour longtemps, pour John Tortorella, qui en avait surpris plus d’un en le retranchant après son premier camp d’entraînement, à l’automne 2016.

Une claque au visage du troisième choix au total du repêchage de cette année-là, en cette ère de plafond salarial où les choix top-5 passent généralement directement du junior à la LNH.

« Cette année-là, Pierre-Luc aurait aimé que les Jackets lui donnent un essai de neuf matchs, pour voir comment il allait se débrouiller dans la LNH. Ç’a été ça, sa plus grosse déception. Et il l’a traînée longtemps lors de son retour dans le junior. Moi, je lui disais simplement que rien n’arrive pour rien et que ce retour dans la LHJMQ allait lui permettre d’apprivoiser davantage la position de centre, où il n’avait pratiquement pas joué avant ses 17 ans. Moi, je n’ai jamais vu ça comme un désaveu de la part de Columbus. Je me disais simplement qu’il allait arriver encore plus prêt pour son deuxième camp, à 19 ans. Avec le recul, les Blue Jackets ont pris la bonne décision. À Boisbriand, Joël [Bouchard] a été très exigeant avec lui. Il l’a un peu préparé pour Tortorella! »

Joël Bouchard a effectivement fait de Pierre-Luc Dubois un joueur amélioré et ensemble, ils ont aidé l’Armada de Blainville-Boisbriand à participer à la finale de la LHJMQ, en 2017.

Presque deux ans plus tard, Dubois fait partie des piliers offensifs des Blue Jackets, avec Artemi Panarin et Cam Atkinson.

Et si la tendance se maintient, le jour n’est peut-être pas si loin où les Dubois, père et fils, s’affronteront dans le cadre d’un match de la Ligue nationale.